Sur la terre comme au Ciel. - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Sur la terre comme au Ciel.

Traduit par Pierre

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Les gens ne font pas sérieusement attention à leur corps. Ils sont souvent séduits par le slogan « à nous le plaisir, évitons la souffrance ». Devant la mort, la douleur devient leur souci majeur. Chacun souhaite mourir dans son sommeil. De belles obsèques, ce serait bien ; un grand monument si possible; mais ce que devient le corps n’est pas un souci. Après tout, il ne servira plus à rien. Qu’il pourrisse, ou brûle, il n’éprouvera aucune douleur.

Nous sommes tous gnostiques, de nos jours. Nous n’avons plus rien à faire du devenir de nos corps. Bizarre, si on se rappelle les obsessions des hommes des cavernes, car dès la mention des humains dans l’archéologie on remarque qu’ils inhumaient leurs morts — avec des objets évidemment rituels. On prenait soin des corps en ces temps.

Bien sûr, j’exagère en parlant de tout le monde alors que la question concerne sans doute. environ… quatre humains sur cinq. Proportion que j’ai retenue arbitrairement, m’inspirant de sondages en faveur de la légalisation de l’euthanasie. Bien plus considérable que la proportion en faveur de l’avortement.

Pourquoi en est-ce ainsi ?, cette question m’interpelle. Même sans référence à une foi religieuse, bien des gens sont gênés à l’idée de tuer des bébés. Selon mon expérience, ils s’accrochent à l’idée que l’enfant est « viable », tout au moins au troisième trimestre de grossesse. Et il peut certainement éprouver de la douleur bien plus tôt.

La plus efficace propagande contre l’avortement oriente les esprits en ce sens. Alors que le Commandement biblique ou la Loi naturelle ne semblent guère avoir d’influence.

Connectez-vous à Internet, et vous verrez facilement des images de bébés vivants in utero. Passez un moment à regarder et vous concevrez aisément que tuer un bébé, c’est précisément tuer un bébé. Cette créature semble bien viable, avec ses instincts et ses coups de pied.

Alors que la vieille chose fripée, ridée, attendant son injection létale peut ne pas sembler du tout viable. Le corps a dépassé la date limite d’utilisation, il est temps de s’en défaire. Même son propriétaire est d’accord.

On cherche des incitations pour dissuader les avortements tardifs, l’avortement préférentiel des filles, etc. . . Avec le temps, l’opposition à l’avortement faiblit. D’abord, les bébés mal formés. Puis les bébés sains mais pas encore viables. Et, naturellement, on s’inquiète de la santé de la mère, pas seulement chez les féministes.

Finalement on aboutit à cette proportion de un sur cinq hostile à l’avortement en toutes circonstances — sensiblement la même proportion que les adversaires de l’euthanasie en toutes circonstances. Il s’agit presque toujours de gens attachés aux « Commandements ».

Ces chiffres n’ont pas de valeur propre. Je fais une estimation grossière. Les déclarations et les actes diffèrent sensiblement. Un bon exemple : la pratique religieuse. Quarante pour cent déclarent au sondeur qu’ils sont allés à la messe la semaine dernière. En fait, ils n’étaient même pas vingt pour cent à y avoir assisté.

Autrement dit, les gens ne prennent pas trop soin de leur corps. Ils ne se soucient même pas de savoir où ils sont.

Que puis-je en penser ? En pleine contradiction, bien des gens vous diront qu’ils étaient présents par la pensée. Seul manquait le corps. Pour eux, l’esprit est plus important que le corps. L’important, c’est la pensée.
Bien sûr, la pensée a son importance, quand elle va de pair avec l’action. Alors, on peut être présent, corps et âme. Mais selon l’enseignement, de longue date, de la Sainte Église, nul ne peut les séparer. Nous savons aussi de bonne science qu’on ne peut être en deux endroits à la fois. Cependant, selon les statistiques, on constate que plus de la moitié des chrétiens auto-proclamés doute de cette vérité.

Résumons-nous : une personne sur cinq — au plus — est vraiment « là » à tout instant. Par « là » je veux dire bien présente. J’ai déjà abordé la question, c’est un véritable problème pour la démocratie — cette proportion de quatre sur cinq vivant dans un état d’esprit vagabond où seules les pensées ont de l’importance. Et leurs pensées voltigent sans jamais aller au fond des choses.
Évidemment, ceci n’aurait guère d’importance dans la mesure où la révélation de la Chrétienté ou autre serait inexacte. Alors, nos existences, tout comme celles des éleveurs de porcs, seraient négligeables, on pourrait les compter pour rien dans la mesure où on n’en souffrirait pas.

Deux générations sont passées depuis l’époque où de telles questions étaient considérées comme tellement sérieuses qu’on ne songeait même pas à y consacrer des sondages. On vivait alors une époque où était acceptée la distinction entre « bien » et « mal ». En raison, essentiellement, du déclin de la croyance chrétienne tel qu’à présent nous vivons une autre époque. Désormais, nous n’avons plus droit qu’à des pensées, bonnes ou mauvaises.
Que se passera-t-il à votre mort, cher lecteur ?

Laissez-moi deviner, ou au moins espérer, que les lecteurs d’un site tel que celui-ci ne comptent pas dans cette majorité de la population. Mais je n’ai aucun moyen de vérification. Les autres, selon moi, n’espèrent que la fin des souffrances. Ils se laissent glisser vers le néant, ou se noient dans une béatitude cosmique, ou encore pensent qu’ils conserveront une forme de personnalité les menant en Paradis. Ou tout au moins y pensent — bonne nouvelle.

L’important, c’est la pensée. Et je le constate, chaque fois que j’assiste à des obsèques, les pensées sont désespérément sentimentales. Tout le contraire de la pensée chrétienne. « Chère Tantine, décédée, libérée de la souffrance — me dit-on — elle a retrouvé enfin Oncle xxxx.» Que c’est donc mignon !

Parmi les enseignements chrétiens les moins sentimentaux on apprend que les humains durent corps ET âme. Quand, où, et comment, après la mort biologique, questions hors de portée de notre compréhension, coincés comme nous sommes dans l’espace temporel; mais même n’étant plus, ils sont, ils ne peuvent s’envoler. Le Christ fut crucifié, mourut, et ressuscita le troisième jour, ce n’était pas une illusion d’optique. Ce que nos croyants devraient croire.

17 février 2017.

Je n’ai aucune idée de l’aspect de mon corps immortel après la mort. Mais deux choses sont nettes: il existera, et ce ne sera pas nécessairement au Paradis.

Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/02/17/on-earth-as-it-is-in-heaven/

St. Jean-Paul II gisant. (photo Ezequiel Scagnetti).