La vocation à la prêtrise ou pour la vie religieuse dans l’Eglise est vraiment quelque chose de magnifique. La route est longue, cependant, pour discerner si quelqu’un a réellement la vocation. Avant même d’en parler avec des institutions religieuses, il vous faut passer régulièrement du temps devant le Saint Sacrement. Passez un moment à prier, avant la Messe et après la Messe, notamment avec des textes de prières comme la prière de Saint Thomas d’Aquin.
A mesure que votre prière s’approfondit, commencez à considérer votre vie : est-ce que j’aime être au service des autres ? Pourquoi ne pas accomplir un travail social? Peut-être pourriez-vous consacrer une heure ou deux dans la semaine à apporter votre aide dans la cuisine d’un restaurant d’aide sociale ? Alors observez si vous êtes pris en faute : on peut passer son temps à la médisance, à la calomnie sur les autres, et procéder à toutes sortes de jugements rapides. On peut perdre son temps à bavarder ou à regarder des émissions qui ne nous conviennent pas en tant que potentiels serviteurs de l’Eglise. Le temps présent est le bon moment pour purifier votre temps.
Les sacrements sont vitaux : allez régulièrement à la Messe ; mais, bien sûr, il vous faudra trouver une paroisse où l’on célèbre la Messe selon le Rituel Romain et où les prêtres font une homélie qui porte sur les lectures. Ce travail de recherche vous fera prendre conscience de toute une série de problèmes présents dans l’Eglise. Ne vous faites pas de souci. Si vous avez la vocation, vous avez la vocation.
Néanmoins, l’Eglise n’est plus aussi homogène qu’elle a pu l’être dans les années 50. Donc, optez assez tôt pour la poursuite d’une vocation dans l’orthodoxie, pour servir en tant que prêtre ou religieux, en communion avec l’Eglise. Enfin, il vous faut aller régulièrement à la confession. Servez-vous pour cela de textes d’examen de conscience.
Traverser la période de discernement de votre vocation vous rendra, entre autres choses, beaucoup moins naïf. A peu près 60 % des laïcs et des religieux et religieuses dans l’Eglise ne suivent pas l’enseignement de l’Eglise. Le clergé à leur service ne le fait probablement pas non plus. Voilà l’environnement dans lequel on est amené à discerner et éventuellement à travailler.
Outre apprendre le véritable enseignement de l’Eglise et le suivre avec obéissance, il y a une autre chose très importante à considérer : le discernement et la formation vont comporter certains moments très durs à passer. Ces derniers jaugeront la maturité de la vocation. Nous marchons à la suite de quelqu’un qui a été crucifié!
Votre foi va être mise à l’épreuve. Vous rencontrerez sûrement des gens à la foi orthodoxe mais aussi d’autres à la foi plus hétérodoxe, et parmi eux des personnes qui participeront à votre discernement et à votre formation. Il y aura des moments où vous aurez vraiment l’impression d’être seul. Mais c’est faux ! Quel que soit le résultat du processus de discernement, le Christ est avec vous, plus près de vous que vous ne l’êtes de vous-même. Vous trouverez aussi dans le diocèse ou l’ordre religieux qui vous intéresse des personnes qui partagent vos points de vue.
Vous serez surpris entre autres par la division qui règne parmi les personnes auxquelles vous aurez affaire. Des groupes entiers de membres du clergé ou de religieux ne croient pas à l’enseignement de l’Église et restent souvent très silencieux à ce sujet. C’est comme travailler pour IBM et vendre à côté du matériel Apple. De telles personnes sauvegardent leur emploi alimentaire. Je trouve cela malhonnête, mais il faut dire que je viens d’une autre culture.
C’est désappointant, mais ces gens ne vont nulle part et il vous faudra apprendre à vivre avec eux. Pour autant que je puisse en juger, le but poursuivi semble être la transformation de l’Eglise en une église protestante-congrégationaliste unisexe.
Vous serez peut-être également surpris par le grand nombre de personnes homosexuelles présentes parmi les religieux et dans le clergé, et par toute la culture homosexuelle sous-jacente. Encore une fois, vous allez devoir apprendre à travailler dans cet état de fait. Dieu vous a appelé ! En poursuivant votre vocation, vous la poursuivez dans l’Église réelle et non dans une quelconque version idéalisée où tout est douceur et lumière. Si Saint Vincent de Paul a pu faire merveille dans l’Eglise de France de son temps, alors vous pouvez faire aussi bien aujourd’hui.
Vos loisirs vont changer eux aussi. Vous avez l’habitude d’utiliser votre temps d’une certaine manière. Certains prêtres et religieux essaient de maintenir cette habitude après leur ordination ou leurs voeux, mais cette approche est basée sur une conception de la prêtrise ou de la vie religieuse les limitant à des postes à temps partiel. Ce qu’ils ne sont en aucun cas ; c’est une manière de vivre totale avec le Christ. Sur le plan moral, il est mieux de déployer vos activités de loisirs une fois que vous avez bien saisi en quoi consiste la prêtrise ou la vie religieuse. Cette compréhension correcte pourra ensuite vous aider à choisir des activités qui vont vous structurer en tant que prêtre ou religieux plutôt que juste diminuer votre tour de taille ou augmenter votre niveau d’auto-complaisance.
Il se peut plutôt et contre toute attente que vous ayez à passer de longues heures à bâtir activement une communauté de foi là où vous vous trouvez. Si vous êtes attaché aux sorties au restaurant, etc., il faudra probablement les troquer pour des activités correspondant davantage à votre existence de prêtre ou de religieux, et qui sont bien plus urgentes et proches du Christ.
Que Dieu vous bénisse dans votre discernment!
Le Père Bevil Bramwell, OMI, Docteur en Théologie, est l’ancien doyen du premier cycle à la Catholic Distance University (Formation Universitaire Catholique à Distance, NdT. Il est l’auteur des ouvrages suivants : Laity Beautiful, Good and True ;The World of the Sacraments ; et, tout à fait récemment, Catholics Read the Scriptures : Commentary on Benedict XVI’s Verbum Domini.
http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/if-you-think-you-have-a-vocation.html
