Salon de beauté - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Salon de beauté

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Nous sommes en week-end un groupe de jeunes qui m’ont invité… Tout le monde me connaît comme prêtre et je me suis mis dès le début à la disposition de ce petit peuple pour tous services de ma compétence, par exemple confesser. S’approchant, quelques instants après cette déclaration, une jeune fille me dit en souriant : « Voulez-vous bien, Père, me faire une beauté ? » Je suis charmé par la formule dont je me fais aussitôt l’écho. Grands éclats de rire. Me dirigeant vers la petite pièce qui m’est réservée pour recevoir éventuellement « en consultation », j’y vois déjà suspendue, dans la foulée de la scène antérieure, une étiquette avec ces mots «  Salon de beauté »

C’est magnifique ! Je ne connais pas de plus joyeuse présentation que du sacrement celle-la, pas de plus apte en tout cas à attirer les filles… et les garçons pour une démarche de soi pénible, rébarbative sous certains aspects. Mais oui, « salon de beauté » ! Dans tous les sacrements c’est Jésus-prêtre qui y exerce son sacerdoce. Il agit dans l’effusion de sa sainteté laquelle est liberté, vérité, bonté. Et aussi beauté, beauté morale, et plus que cela, beauté physique tant la joie d’un cœur à l’aise fait briller les yeux et renouvelle le visage. Pourquoi ne dit-on pas davantage que ce qui nous rend meilleurs nous rend plus beaux ?

Nous vivons à une époque d’anti-intellectualisme où l’on se méfie de l’argumentation. Par ailleurs, étonnamment et chez les mêmes hommes sceptiques par rapport au vrai, on trouve parfois une attitude hypercritique par rapport aux témoignages de la bonté, comme si on ne voulait pas se laisser avoir par le sentimentalisme Pour beaucoup de nos contemporains cultivés et en particulier pour toute une jeunesse d’une certaine éducation artistique, c’est la voie de la beauté qui est la plus adéquate pour les conduire à Jésus-Christ et le faire grandir en lui. D’ailleurs, il n’y a pas à séparer, moins encore à opposer ce que Dieu a uni. On ne privilégie ici qu’un aspect des choses aux multiples visages…

« Cette ancienne trinité que composent la vérité, la bonté et la beauté n’est peut-être pas seulement une formule vide et flétrie, comme nous le pensions aux jours de notre jeunes présomptueuse. Si les cimes de ces trois arbres convergent, comme le soutiennent les humanistes, mais si les deux troncs trop ostensibles et trop droits que sont la vérité et la bonté sont écrasés, coupés, étouffés, alors peut-être surgira le fantastique, l’imprévisible , l’inattendu ; les branches de l’arbre de la beauté perceront et s’épanouiront exactement au même endroit et rempliront ainsi la mission des trois à la fois. » (Soljenitsyne)

Les frondaisons du divin. Qui sont celles du salut. Qui sont celles de l’éternité. Voilà Jésus-Christ qui vient vers nous pour nous les faire atteindre. Il est la voie, la vérité, la vie. Il est la beauté qui est une de ces voies. Elle n’est pas à négliger. Elle n’est pas assez exploitée. Jésus, le plus beau des enfants des hommes, embellit out ce qu’il touche., tous ceux qu’il touche. Et notamment de sa douce caresse ses frères agenouillés qui lui demandent pardon. Sa main est alors non seulement une main guérissante passant sur des blessures mais une main bénissante qui introduit une nouvelle joie de vivre, de vivre en beauté en ceux qu’elle recouvre.

Nous pouvons appliquer ainsi aux effets du sacrement du pardon les vers de saint Jean de la Croix sur le cheminement de la grâce: « Passant à la hâte, et répandant mille grâces – celle de tes yeux s’imprimaient en moi – quand tu me regardais – Et du coup mes propres yeux méritaient d’admirer – ce qu’ils voyaient dans les tiens. »

Ainsi revenons-nous aisément à notre salon de beauté du début : « Voulez-vous bien, Père, me faire une beauté ? »