Sages - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Sages

Traduit par Yves Avril

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Après le magnifique témoignage de foi de Pierre dans la divinité du Christ (« Tu es le Christ, le fils du Dieu vivant »), Jésus le renomme « Pierre », fondant Son Eglise sur le roc comme il était annoncé par Isaïe. Mais Pierre n’a pas reçu la foi de lui-même ou d’autres que lui. Sur ce point, Jésus est clair : «  Heureux es-tu, Simon, fils de Jona, car ce n’est pas la chair ni le sang qui te l’ont révélé, mais mon Père céleste. » (Mt 16 :17) Aussitôt après, le Christ annonce qu’il va monter à Jérusalem et être mis à mort. Pierre proteste, et s’expose au reproche le plus dur de l’Evangile « Passe derrière moi, Satan. » La présomption de Pierre – proclamant que sa sagesse lui appartient en propre plutôt que de reconnaître qu’il n’est qu’un bon serviteur – renvoie au péché d’Adam et la vieille tentation de Satan : « Vous serez comme des dieux. » Le Christ n’a pas besoin de Pierre comme directeur spirituel ; le Christ voulait que Pierre grandisse dans la sagesse de la Croix. C’est donc avec une grande prudence que nous devons approcher le Seigneur et Le questionner sur la mort de Jean Baptiste. Jean Baptiste est, en un sens, le dernier des prophètes de l’Ancien Testament, le précurseur du Christ. Malgré sa prédication puissante et ses très nombreux disciples, Jean dans sa grande humilité et sagesse a désigné le Christ : « Il faut qu’il croisse et moi, que je diminue. » Et il allait diminuer. Mais le Christ lui-même donnerait de lui ce dernier témoignage : « Aucun homme né d’une femme n’est plus grand que Jean. » Pourtant « l’homme le plus grand né d’une femme » n’a pas été compté parmi les Douze Apôtres. A la place, Jésus choisit Pierre – l’homme impétueux qui le reniera -, et même Judas – le voleur qui le trahira. Nous souvenant de saint Pierre, nous savons que le Christ ne permettra à personne de mettre en cause Son jugement. Mais la question pourrait être posée avec la foi qui cherche à comprendre (semblable à la disposition pleine de foi de Marie dans sa question à l’Ange Gabriel). Pourquoi ne pas choisir comme rocher sur lequel bâtir l’Eglise  Jean le Baptiste plutôt que l’homme faible qu’est Pierre? Pourquoi ne pas choisir Jean Baptiste plutôt que Judas le traître ? Pourquoi le gaspillage apparent de toute la sagesse de Jean et de sa force de caractère par sa mort précoce ? L’énigme de la sagesse et de la longévité n’est pas limitée au cas de Jean. L’âge moyen de la mort aux Etats-Unis est d’environ 78 ans. Nous naissons, nous prenons de l‘âge, certains d’entre nous grandissent, et avec la grâce de Dieu certains d’entre nous grandissent véritablement en sagesse. Chacun selon sa propre voie, les plus âgés deviennent de véritables oracles de sagesse, et par des voies différentes ils transmettent leur sagesse aux jeunes. C’est la norme en tout cas. « Les cheveux gris sont la couronne de gloire ; ils sont gagnés dans une vie droite. » (Prov 167 :31) Bien sûr nous ne grandissons pas tous en sagesse. A cet égard, tous ne « grandissent » pas, même en prenant de l’âge. D’où le dicton, « Pas de plus fou qu’un vieux fou. », ou comme l’observe Oscar Wilde, « Avec l’âge vient la sagesse, mais parfois l’âge vient tout seul. » Pour celui qui est las du monde, nous pouvons nous trouver nous-mêmes d’accord avec H.L. Mencken, « Plus je vieillis, moins je crois à la doctrine bien connue qui veut que l’âge apporte la sagesse. » Franchement il est facile de comprendre qu’on puisse échouer à grandir en sagesse ; mais il est plus difficile de comprendre l’apparent « gaspillage » de la vraie sagesse des gens âgés. Le temps qu’on ait relié quantité de données, pour pénétrer les mystères de la vie, nos vies arrivent à leur terme. Toujours trop tôt, semble-t-il, comme le dit l’hymne sacré, « le temps comme le cours d’un fleuve emporte tous ses fils ». Et avec la mort, excepté pour les livres et les monographies que nous avons écrits (ha, ha), la sagesse accumulée dans notre vie meurt avec nous. Comme la mort apparemment prématurée de Jean Baptiste, la mort avant leur temps de nos sages aînés, semble un terrible gaspillage – au moins de notre point de vue. La plupart d’entre nous ne réalisent pas combien nos parents étaient des sages avant qu’ils soient entrés dans l’éternité. Nous en sentons souvent plus cruellement la perte par l’incapacité où nous sommes de leur demander conseil quand nous en sentons le plus grand besoin. Nous trouvons injuste que ce soit justement au moment où nous avons tellement à offrir sur le sens de la vie – que meurent ceux que nous aimons ou que nous commençons à nous préparer pour notre propre mort. Quand nous prenons l’Evangile dans sa totalité, cependant, nous pouvons voir la sagesse du plan divin. Jean dans sa courte vie sert les desseins de Dieu admirablement ; il annonce la venue du Seigneur et remplit avec perfection sa mission malgré une mort tôt venue. Le Christ Messie a grandi, Jean lui-même a décru. Non, toute la sagesse n’est pas morte avec Jean parce que le propos de sa vie était de nous montrer le Christ, la Sagesse Incarnée. Dès lors le Christ choisit les faibles – Pierre et Judas – pour montrer Sa puissance. Mission accomplie. Humainement parlant, il y a quelque chose d’audacieux, voire de miraculeux dans la parole la plus poignante du Christ. Sans un seul scribe à Son côté, Jésus dit : « Le Ciel et al terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. » La Sagesse Incarnée ne mourra jamais. Et pour chacun de nous la Sagesse Incarnée restera à découvrir encore et toujours avec l’aide de Sa grâce qui nous rappelle une réalité fondamentale : notre sagesse ne nous appartient pas, elle ne nous a jamais appartenu et ne nous appartiendra jamais. Les sages sont simplement de bons serviteurs de la Sagesse divine, une sagesse qu’on doit placer avec vénération au service du Seigneur selon Ses desseins. Aujourd’hui, nous ne pouvons voir en totalité nos propres vies – ou les vies de ceux que nous aimons. Nous devons avoir la sagesse d’être patients en recevant la révélation de Dieu dans le temps et pour l’éternité. C’est ce qui fait la valeur de l’opinion d’une charmante carte de Noël : « Les gens sages Le cherchent toujours. » 16 décembre 2016 Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/12/11/wise-men/ Tableau : Jean-Baptiste par Anton Raphaël Mengs, c. 1770 [collection privée]