Religion: exigeante et indulgente. - France Catholique
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Religion: exigeante et indulgente.

David Carlin, sur le catholicisme comme il est censé être, avec toute sa richesse pré-Vatican II: un nourrissant ragoût de foi et de pratique, pas un gruau faible et sans goût.

Traduit par Charlotte

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Je suis un homme âgé – assez vieux pour avoir des souvenirs très nets de ce qu’était le catholicisme américain avant la fin de Vatican II (1965). Si on me demandait de donner un très bref résumé des différences entre les versions pré-V2 et post-V2 du catholicisme américain, je dirais que la première était une religion «exigeante» tandis que la seconde est une religion «indulgente».

Et j’ajouterais que les religions exigeantes sont « difficiles » tandis que les religions indulgentes sont « faciles”. Alors, le catholicisme pre-V2 était exigeant et difficile, tandis que le catholicisme américain d’aujourd’hui est indulgent et facile.

Certes, la religion pre-Vatican II n’était pas la plus exigeante des religions américaines. La religion des Amish était beaucoup plus exigeante ; comme l’était la religion des Juifs Hassidiques. Et la religion post-Vatican II n’est pas non plus la plus indulgente des religions américaines. Les religions des confessions protestantes principales sont plus indulgentes, et elles sont de plus en plus indulgentes au fur et à mesure qu’elles deviennent de plus en plus libérales.

Qu’est-ce qui rendait le catholicisme exigeant autrefois ?

Doctrine. Autrefois, les catholiques croyaient tous les articles du Credo de Nicée plus quelques autres doctrines (par exemple, la Présence Réelle de Jésus dans l’Eucharistie). Maintenant, ce n’est pas que les catholiques modernes ne croient pas dans le Credo, et l’Eglise n’a certainement pas repudié officiellement un seul article du Credo. Mais les catholiques américains post-V2 ne pensent pas que les articles de foi soient particulièrement importants. Ce qui est important dans la religion, c’est d’être bon. Tant que vous êtes bon, ce en quoi vous croyez n’importe pas vraiment. Et vous pouvez recevoir la Communion toutes les semaines sans vous inquiéter au sujet de la question théologique controversée de la transubstantiation.

Moralité. Autrefois, quand un catholique consciencieux faisait son examen de conscience, il devait se poser des questions sur de nombreux sujets. Suis-je chaste quand il s’agit du sexe ? Suis-je tempéré quand il s’agit de boire ? Est-ce que je donne à mon employeur une journée de travail honnête pour un salaire honnête ? Est-ce que je paie mes impôts honnêtement ? Est-ce que j’évite de jurer ? Et plus encore. Les catholiques d’aujourd’hui font un examen de conscience beaucoup plus court, parce qu’il n’y a qu’une seule question : Est-ce que j’aime mon prochain comme moi-même ?

Polythéisme (ou quelque chose comme cela). Naturellement, le catholicisme enseigne qu’il n’y a qu’un Dieu, le Dieu en trois personnes. Mais la traditionnelle vénération catholique des saints, surtout de la Vierge Marie, ressemble au polythéisme de l’ancien monde grec et romain. L’enseignement catholique officiel a toujours été que la seule chose que les saints peuvent faire pour nous, c’est de prier Dieu en notre faveur. Mais en pratique, les catholiques pre-V2 croyaient souvent que si on priait les saints de la bonne manière et s’ils étaient dans de bonnes dispositons, ils pouvaient faire des miracles pour nous ; les saints étaient en fait des dieux secondaires – sauf, bien sûr Mère Teresa et François d’Assise, qui peuvent nous servir de bons exemples même s’ils ne sont pas assez semblables à Dieu pour pouvoir faire des miracles.

Miracles Autrefois, les catholiques croyaient volontiers aux histoires de miracles. Et pas seulement des miracles qui se sont produits dans des endroits célèbres comme Fatima et Lourdes, mais des miracles qui se sont produits dans le voisinage ou dans la famille. Et les catholiques aimaient être physiquement tout proches des images saintes, des saintes statues, des saintes bougies, des perles de rosaire, des médailles miraculeuses, de l’eau bénite, etc.

Lois. Beaucoup de lois auxquelles il fallait obéir, certaines faites par Dieu, d’autres par l’Eglise. Vous deviez éviter de manger de la viande le vendredi. Vous ne deviez ni manger ni boire (même de l’eau) après minuit le jour où vous aviez l’intention de recevoir la Communion à la Messe. Vous deviez aller vous confesser avant de recevoir la Communion.

Chasteté. Si vous étiez célibataire, vous deviez vous abstenir de la fornication. Si vous étiez marié, vous deviez vous abstenir de la contraception. Naturellement, l’Eglise catholique considère toujours officiellement la fornication et la contraception comme des péchés – des péchés mortels. Mais parmi les plus jeunes catholiques américains, la fornication a été dégradée du rang de péché mortel au rang de péché véniel, sinon non-péché. Et parmi les catholiqiues mariés la contraception a été complètement exclue de la catégorie des péchés. C’est maintenant une vertu.

Communauté. Et puis il y avait l’importance de rester autant que possible à l’intérieur de la communauté catholique – le « ghetto » comme on l’appelait souvent. Il fallait aller dans une école et une université catholiques. Il fallait lire des revues et des livres catholiques. Il fallait adhérer à des clubs sociaux catholiques. Surtout, il fallait se marier avec un(e) catholique. Ne pas se marier avec des protestants ou d’autres non-catholiques. Et si (Qu’à Dieu ne plaise !) vous le faisiez, le mariage n’aurait pas lieu dans une église ; et le non-catholique devrait d’abord promettre d’élever les enfants dans la religion catholique.

Eh bien, c’était le bon vieux temps – et maintenant, il est parti, envolé avec le vent. Reviendra-t-il jamais ? Il est terriblement difficile de le croire.

Mais, à moins qu’une fois encore il ne devienne quelque chose qui ressemble à la vieille religion exigeante, le catholicisme américain continuera à diminuer, diminuer, diminuer. Il deviendra de moins en moins important dans la vie américaine. Une religion qui était une fois sur le point de devenir le facteur religieux le plus important de notre vie nationale deviendra à peine plus qu’une religion insignifiante. Il ne sera jamais capable de s’épanouir s’il continue à être ce qu’il est maintenant, une religion « indulgente » et « facile ». S’il doit jamais prospérer dans ce pays, il faudra qu’il redevienne ce que sont toutes les religions florissantes, en même temps « exigeantes » et « difficiles».

Ai-je de l’espoir ? Oui. On ne doit jamais abandonner l’espoir.

Suis-je optimiste ? Non. Il faut être réaliste ?

https://www.thecatholicthing.org/2017/02/24/religion-thick-and-thin/