Regarde ton Roi qui vient - France Catholique

Regarde ton Roi qui vient

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Dans son sermon de l’Avent « Ecce rex tuus venit tibi » (Regarde, ton roi vient à toi), Thomas d’Aquin distingue quatre façons selon lesquelles le Christ « vient » à nous : le premier Avent quand Il est venu dans la chair ; le second quand Il vient dans nos âmes ; le troisième quand Il vient à nous à notre mort ; le quatrième est Sa Seconde Venue pour le Jugement Dernier. Durant l’Avent, nous nous préparons aux quatre.

Un ami m’a rapporté que le prêtre de sa paroisse avait déclaré à l’assemblée que l’Avent n’est pas un temps de pénitence mais un temps pour la joie. La pensée immédiate de mon ami a été : « Père, si ce n’est pas un temps de pénitence, pourquoi portez-vous du violet ? » Il aurait pu tout aussi bien célébrer en noir une messe de funérailles et déclarer : « Ce n’est pas le moment de s’affliger mais de se réjouir ».

Et vraiment, ce pourrait être les deux : un temps pour se désoler de la perte d’un être cher et pour se réjouir de la promesse de résurrection, se lamenter en raison de notre expérience, très humaine, de perte, et se réjouir en raison de la foi en la réalité d’une promesse qui dépasse notre entendement. Les deux peuvent coexister. Notre raison nous dit que nous avons perdu quelque chose qui nous est cher, et pourtant, tout au fond de nous, dans un centre que nous connaissons à peine, nous savons par la foi que nos êtres chers sont vivants avec Dieu dans le Christ et par conséquent ils sont toujours présents avec nous, en nous et autour de nous dans la communion des saints.

De même, l’Avent est à la fois un temps pénitentiel et une époque de joie. Le Christ vient : c’est une bonne nouvelle. Nous nous préparons en restant « sobres » et « éveillés ». Un temps pénitentiel dans l’attente de la venue du Christ peut être très joyeux. Un temps adonné à l’ivrognerie et à la dissipation ne l’est généralement pas.

Le temps de Noël nous aide souvent à nous souvenir de « faire l’aumône ». Nous devrions nous rappeler comme cela semble (et est) bon quand le Carême reviendra.

L’Avent, ce n’est pas seulement préparer la venue du bébé Jésus – bien que ce ne soit pas faux, l’Incarnation n’est pas une doctrine de second rang. Le Créateur de l’univers, de chaque quasar, de chaque trou noir, de chaque atome et de chaque quark est devenu une véritable personne humaine. Si cela ne vous jette pas sur le cul métaphysiquement parlant, rien ne le fera.

Mais tout en nous préparant pour la fête de l’Incarnation, nous devrions aussi nous préparer pour la Seconde Venue du Christ (la parousie). C’est pourquoi nous avons eu toutes ces lectures sur la fin des temps ces dernières semaines, au cas où vous n’auriez pas remarqué.

Allez voir « parousie et Saint Paul » dans toute étude biblique moderne, et il y a de fortes chances que vous trouviez l’affirmation que dans un premier temps, Paul croyait à une « parousie imminente » – que le Christ reviendrait avant que lui, Paul, ne vienne à mourir. Mais que plus tard, il avait changé d’avis. Il n’est pas tout à fait clair de savoir si Paul a souffert de cette confusion ou de la « déconvenue » que les gens ont parfois associé à sa « prise de conscience ». Mais laissons cette question de côté pour le moment et demandons-nous : « pourquoi l’Esprit-Saint a-t-il permis que cette confusion demeure dans les lettres de Paul (qu’elle ait ou non été présente dans son esprit) ? »

Au sujet de la Seconde Venue, il serait bon de nous rappeler ce que le Christ dit : « personne ne connaît le jour ou l’heure ». « Restez éveillés, soyez sobres » : elle viendra comme un voleur dans la nuit. « Mais n’oubliez jamais cette unique chose, chers amis : pour le Seigneur, un jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un jour ». (2 Pierre 3:8 ; Psaume 90:4) Si pour Dieu, un jour est comme mille ans, alors il ne s’est passé que deux jours depuis la Résurrection, et Il n’est pas en train de s’impatienter. Pourtant, pour le Dieu du monde quantique qui traite avec des nanosecondes, la Seconde Venue pourrait survenir avant que vous ayez fini cet article – ou ce simple mot.

Il y a quelque chose de bon alors, à être à la fois « prêt pour le long trajet », et prêt maintenant. Je dis à mes étudiants : « Dieu pourrait venir avant la fin de ce cours… ou dans dix mille ans. Alors vous feriez mieux de vous préparer pour Lui maintenant, et pourtant, ce n’est pas une mauvaise idée d’étudier pour l’examen final si par miracle Il ne venait pas vous enlever à ce monde. » Quand le Christ viendra, vous aurez indubitablement des sujets de préoccupation plus pressants, vous serez testés sur des choses de plus d’importance.

Ce n’est pas une mauvaise idée de penser à chaque jour comme s’il devait être notre dernier, car il pourrait l’être. Si vous préférez ne pas penser à la mort, vous pourriez penser à la Seconde Venue. Et si les deux sont trop morbides, demandez-vous si vous avez « rendu droit le chemin du Seigneur » afin qu’il puisse entrer dans votre âme aujourd’hui. Il frappe à la porte. Avons-nous répondu ?

Peu importe sur quelle option vous vous fixez, il est bon que l’Eglise ait ce temps de « récollection », pour re-collecter, rassembler à nouveau, ce que nous avons éparpillé dans le monde durant l’année, comme le peuple juif éparpillé parmi les nations. Durant ce temps, nous sommes « ramenés à Sion », là où l’histoire a pris un nouveau départ, là où l’action salvatrice de Notre Seigneur a débuté, un endroit où nous devrions nous demander : « si j’avais été vivant à ce moment-là, quand Jésus est venu, aurais-je été prêt ? »

Aurais-je été comme les bergers et les mages, comme Anne et Joachim, comme Pierre et Paul ? Aurais-je reconnu et accueilli Dieu en mon sein ? Ou aurais-je été un de ceux qui l’ont manqué, distrait par d’autres préoccupations ? Ou comme ceux qui l’ont vu et dont l’unique pensée a été : « tuez-moi ça, je vous prie, que nous puissions continuer de vivre à notre idée. »

C’est un temps de joie et de souvenir. De préparation aussi.


Randall B. Smith est professeur de théologie à l’université Saint Thomas de Houston.

Illustration : les mages, par le maître de Saint-Appolinaire [basilique Saint-Appolinaire-le-Neuf à Ravenne – Italie]

Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/12/21/behold-your-king-comes/