Qu’est-ce donc que le Réel ? - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Qu’est-ce donc que le Réel ?

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J’ai lu, chez plusieurs bons auteurs, que le plus important était, non de trouver des réponses, mais de se poser des questions ou d’en poser au plus grand nombre… Des questions qui valent la peine, évidemment, d’être formulées. Des questions essentielles, les autres ne sont que des bavardages, des « nullités »… : ainsi, des questions sur ce que chacun se doit à lui-même, sur ce qu’il doit aux autres, sur ce qui lui est dû… Sur ce qu’il désire, sur ce qui peut lui être refusé ou accordé… Sur ce que chacun croit être « sa » nature, son caractère, son ADN, son âme… Sur ses devoirs et ses droits, sur ce qu’il imagine savoir à propos de l’amour, de la haine, de la corruption, de la convoitise, du juste et de l’injuste, de la vérité et même de la politique…

Déjà nous sommes ici aux portes de l’abîme. Plutôt « des » abîmes ?
Est-il possible que ce soit en effet plus important – alors que je ne cesse d’espérer des réponses qui me tireraient de mes hésitations, de mes violences, de mes fautes, de mes péchés, de mes obscurités ? – donc plus nécessaire que d’être éclairé par ce qui pourrait être qualifié de « réponse(s) » ? Mais par qui données ces sages avis ? Et quand et où ? Au nom de quoi ? Au nom de qui ?

L’étrange est ici que j’ai sauté par dessus la question que je me posais avant d’entamer mon petit rodéo de questionneur. Que voulais-je donc me dire ? Le papier que je tenais à la main ne portait qu’un mot : RÉEL.

J’avais écrit le mot « réel » : de quel « réel » avais-je voulu parler ? Duquel m’approcher ? Auquel me référer ? Pour simplifier, je pensais au réel tel que le conçoivent les scientifiques. Un quelque chose d’inconnu quoiqu’appartenant à notre univers et que notre raison cherche à explorer et finit par authentifier comme faisant parti de telle ou telle catégorie déjà « inventoriée », « classée », « repérée ». Une pierre rapportée de la Lune et qui, après étude, ne peut être déclaré que « lunaire » parce qu’absolument distincte de toutes les pierres terrestres connues.

J’ajoutai ces quelques phrases notées à mon réveil, m’étant précipité pour ne pas risquer de les oublier, comme cela m’est souvent arrivé :

« Celui qui, parcourant toute l’étendue du ‘réel’ (concret), s’imagine pouvoir en rester là pour ‘se’ connaître, sombre aussitôt dans l’indicible contradiction que lui oppose sa propre nature : le réel n’a pas d’autre fonction que de nous projeter vers un ‘tout autre’ qui correspond à une sorte de ‘souvenir’ d’outre-temps et des plus obscur mais qui, seul, est en mesure de justifier nos attentes et donc nos actes. »

Est-ce une réponse ? Sans doute, quoique l’« on » aurait dû être plus clair, plus simple, plus explicite. Mais je dois, sans me défiler, raccorder ce propos à la sorte de raz de marée mental qu’a provoqué en nombre d’esprits sérieux la confirmation de l’entrée de l’« Explosion initiale » (ou biguebangue en étatsunien) en 1965.

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