Prière pour les Chrétiens d’Irak - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Prière pour les Chrétiens d’Irak

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Seigneur notre Dieu, les seuls mots qui me viennent à l’esprit comme au cœur sont des mots tout autant empreints de confiance en votre bonté, en votre miséricorde, en votre amour infini que de mots de désespérance quand s’entendent sur les ondes les nouvelles tragiques des chrétiens d’Irak : les voici éjectés de leur patrie, lancés sur les route de l’exil par l’offensive de démons assoiffés on ne sait de quelle vengeance, de quelle haine immémoriale, de quel déicide monstrueux.

Tes enfants, ô Père infiniment père, subissent la torture la plus infâme : il leur a fallu choisir subitement entre la conversion à l’islam – antichristianisme vieux de bientôt quatorze siècles – ; ou, restant fidèle au Christ, subir la violence dernière, leur mise à mort ; ou avoir à tout quitter : mais alors à pied, sur des routes toujours menacées après avoir été délestés de tout les pauvres biens sur lesquels ils comptaient pour survivre ailleurs, éprouvant la brûlure d’une canicule accablante, vivant dans l’incertitude extrême, affolés de ne pas trouver ou recevoir « le pain de chaque jour », celui du corps certes, dans l’urgence, mais aussi de l’âme, de l’esprit et surtout du cœur !

Est-ce, Seigneur notre Dieu, que leur sort est d’avoir à marcher en un exode imité, dans une improvisation extrême, de celui qui fut imposé à la Sainte Famille de ton Christ ? Est-ce que cela se peut concevoir ? Vient aux yeux du cœur la vision de si nombreux enfants, tant de petits innocents jetés aux hasards d’une guerre inspirée par Satan lui-même ! Il convient de nommer la source d’un tel horrifiant péché !

Oui, voici ton Église d’Irak qui s’avance, dans une angoisse accablante, vers un refuge lui-même terriblement menacé. J’entends le poste de radio qui diffuse ce que va faire le Président de la puissance dominatrice qui fut, hélas, par ses initiatives inconsidérées et brutales à la source du désastre du fait des deux guerres menées contre l’Irak1, qui valut au peuple irakien dans son ensemble un nombre inouï de morts du fait d’un embargo qui ne frappa pour l’essentiel que des femmes et des enfants – plus d’un million d’entre eux entre 1992 et 2001, bien plus que les victimes du tyran que l’on voulait abattre ! Mais il ne fera quelque chose, a-t-il dit, que « si c’est nécessaire ». L’éradication du peuple chrétien d’Irak semble ne pas présenter ce caractère de nécessité.

Mais quelle intervention serait possible, Seigneur ? Faudrait-il recommencer à lancer des troupes en ce pays déjà par deux fois ravagé ? Faudrait-il, pour sauver les chrétiens en fuite, déclarer une guerre qui pourrait dégénérer en un conflit, sinon planétaire, au moins généralisé à l’ensemble du monde islamisé ? Les démons du prétendu califat n’hésiterait pas une seconde à allumer l’incendie le plus vaste possible et pour enfoncer encore davantage l’ensemble du monde musulman dans un silence attentiste d’esclaves d’un pouvoir absolu au caractère de religion politique, qui vaudrait quitus pour les responsables de ce monstrueux État islamique. En découlerait probablement des malheurs aux dimensions exponentielles.

Ce matin, j’ai pleuré, tant j’ai ressenti à quel point nous sommes impuissants, en ce pays de France qui autrefois assumait, sans états d’âme, la « protection » des lieux saints, aussi du Liban, de la Syrie et même, parfois, de l’Irak. Que de temps perdu, d’atermoiements, d’hésitations avant de seulement commencer à comprendre la signification des événements actuels, dès longtemps prévisibles ! À croire que nos gouvernants ont perdu depuis longtemps l’usage de leurs neurones … Ils se sont enfin réveillé depuis quelques jours, mais il est peut-être trop tard à vue humaine : et c’est pourquoi je me tourne, les larmes essuyées, vers la seule Puissance qui soit en vérité.

Je me souviens que la sainte Mère du Fils de Dieu le Père, notre Seigneur, vint en un moment crucial pour la France opposer sa présence aux troupes allemandes qui s’apprêtaient à foncer vers Paris : ce fut en septembre 1914 si mes souvenirs sont bons. Une brèche s’était ouverte entre l’armée française et l’armée anglaise. Elle leur fit signe de fuir , de toute la hauteur de son apparition, de toute la vigueur d’un geste pour les Allemands effrayant, et cent mille hommes se débandèrent comme un seul ! Il leur fut enjoint de se taire sous peine d’être révolvérisés. L’Armée française fit de même : pas un mot ne devait être dit, mais il y eut par bonheur des fuites … Cependant, la République française effaça tout ce qui était effaçable, toute information, encore conservée en des témoignages publiés.

Je me souviens que, plus récemment, la sainte Mère du Fils de Dieu, Verbe éternel incarné en son sein, se montra, sans dire une parole, à des multitudes de coptes et de musulmans, sur le toit de diverses églises du Caire et d’autres cités égyptiennes. Et des églises, les démons du prétendu califat en détruisent par dizaines !

Ma prière de ce matin s’est ainsi tournée vers celle qui est aussi la mère de chacun de nous. Si nous osions lui demander, nous tous et chaque jour, de monter à nouveau sur les toits des églises dévastées – qui sont autant de ses demeures comme elles sont demeures de Jésus – et d’opposer par sa présence la plus irrésistible des sommations ? Ou d’autres types d’apparitions, d’intervention ? Notre insistance ne la convaincrait-elle pas de laisser agir sa pitié aimante, elle qui a voulu nous faire savoir qu’elle était Mère de Miséricorde, et ce fut en maints épisodes de notre histoire et notamment et plus particulièrement en la chapelle de la rue du Bac à Paris ?

Ah, je ne prétends aucunement lui dicter ce qu’elle doit faire, ni obliger Dieu en sa volonté : car ses desseins sont autres que les nôtres. Et Il sait, loin en avance de nous, que les fruits seront à la hauteur de l’enfouissement.

Mais n’avons-nous pas le devoir, le droit aussi, accordé par toute l’Histoire Sainte, et plus encore par la prière que le Christ nous a enseignée de nous adresser, dans la confiance qu’exige notre foi, dans l’amour sans réserve que suppose notre foi, à Celui qui est l’infini de la miséricorde ? « Donne-nous chaque jour la nourriture super-substantielle » 2 : en ce caractère inouï que signale le mot grec qui lui correspond et que doit avoir la nourriture demandée, ne peut-on y déceler la paix, la vraie paix qui ne saurait exister sans l’amour ? Un repos qui serait en Dieu ? Aussi, donc et justement, y inclure la conversion des musulmans ? Car nous ne pouvons rien donner de meilleur, par nos prières, à ce nombre immense de ceux que l’islam a obligés d’ignorer le Dieu qui n’est qu’Amour et non que Justice, car sa Justice est un des aspects de son amour pour ceux qui Le reconnaissent pour Celui qu’Il est tandis qu’Il réserve la seule Justice à ceux qui se refusent à Lui et Le nient ?

Sans oublier un seul instant, Seigneur, de lancer vers TOI le cri dont il est dit que Tu ne peux que l’entendre et l’exaucer.

(Et que mon saint patron Dominique veuille bien transmettre de ses mains cette prière à la Vierge Marie : qui saura quoi en faire.)

Dominique Daguet

  1. La France a elle aussi participé à cet embargo qui a laissé les officiels et les riches de marbre, sans pour autant accepter le second conflit.
  2. N’est-il pas absurde de nous faire dire chaque jour « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour » ? J’ai toujours gardé une ancienne traduction « Donne-nous aujourd’hui le pain dont nous avons besoin » et j’ajoutais pour moi « le pain du corps, de l’âme, de l’esprit et du cœur, ce que signifie au total le mot « super-substantiel ».