Ponce Pilate - 2 - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Ponce Pilate – 2

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J’examinerai successivement huit hypothèses dont chacune peut symboliquement correspondre à une journée de la Semaine sainte.

« Sous Ponce Pilate » figure-t-il à notre Credo :

1) Pour situer le Christ dans le temps et l’histoire ?

2) Pour exonérer les autorités juives de l’époque ?

3) Pour exonérer l’Empereur et l’Empire ?

4) Pour en faire l’affaire d’un seul homme ?

5) Pour en faire un acte légal ?

6) Pour exonérer Pilate lui-même ?

7) Pour nous les chrétiens ?

8) Pour en faire un type idéal universel et intemporel ?

Illusion ? J’ai toujours cru (avec Nietzsche dans « L’Antéchrist », 1888) que Pilate était le seul « personnage » de la Passion dans la compréhension duquel il était possible d’entrer, celui dont non d’abord la psychologie ou le caractère mais plutôt la fonction, la formation, l’ordinaire, pouvaient être partagés par quelqu’un comme moi. Biographe, Jacques Bainville avait réussi la meilleure des vies de « Napoléon » apparemment sans la moindre hésitation. Il lui avait été beaucoup plus pénible et finalement impossible d’entrer, comme il le disait, dans la peau de Louis XVI. Bonaparte fut un élève officier boursier. Un roi d’Ancien Régime, de droit divin, dauphin à Versailles, relevait d’une autre nature. Ou Bainville royaliste éprouvait-il trop de respect pour le roi surtout le roi martyre pour ne pas pressentir qu’une mise à plat du roi de l’histoire serait une épreuve pour sa foi ou celle de ses amis proches ?

Il est difficile au croyant ordinaire de s’identifier à Dieu, au Messie et même aux apôtres. Les juifs d’aujourd’hui les plus lettrés ont du mal à se représenter le judaïsme sacerdotal au temps du Second Temple. En revanche Pilate semble plus proche de nous. Il n’y a pas de solution de continuité entre le préfet romain et le haut fonctionnaire français, ou le droit romain et le droit français. Ou allemand, ou anglais, voire américain. On me pardonnera donc d’avoir extrapolé à partir de mon expérience personnelle et professionnelle. Dans les deux sens : car s’il nous est peut-être possible d’approcher l’unique passion de Jésus par le biais de Pilate, il nous est aussi loisible d’approcher Pilate par le biais des passions d’autres époques et d’abord de la nôtre. Allers-retours qui sont autant de défis à l’historien qu’ils peuvent être utiles à l’administrateur, croyant ou non.

(à suivre)