Pentes glissantes - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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Pentes glissantes

Traduit par Charlotte

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Mon ami, Richard Mouw, philosophe et ancien président du Séminaire Théologique Fuller, a soulevé un défi important sur l’usage des contre exemples quand on défend son cas au sujet de certaines questions morales et politiques controversées. Voici l’un des arguments qu’il emploie pour expliquer à ses amis pourquoi il oppose la reconnaissance légale du mariage homosexuel (Same-sex marriage : SSM) : « Si nous devons fonctionner comme société avec l’assomption qu’on devrait accorder un statut légal dans nos lois et pratiques à n’importe quelle opinion sincère sur ce qui constitue un mariage, je pose la question, qu’est-ce qui nous empêcherait de légaliser des mariages à plusieurs, ou même des mariages incestueux ?» Mouw dit que sa question rencontre souvent le dédain et la riposte : « Ne pouvez-vous pas trouver un argument meilleur que celui de la ‘pente glissante’ ? » Il trouve la riposte frustrante parce que « certaines pentes sont de fait glissantes, et nous faisons bien de nous en approcher avec prudence. » En d’autres termes, si vous mettez en avant la vérité du principe X pour justifier la pratique Y, que vous soutenez, pourquoi ne pas accepter aussi la pratique Z que vous rejetez, puisqu’elle aussi dérive du principe X ? Alors, par exemple, si vous soutenez la légalisation de la marijuana pour des adultes responsables d’après le principe que « l’on a le droit de faire ce qu’on veut à son corps sans nuire directement aux autres », alors ce principe justifie non seulement la légalisation de la marijuana mais aussi la décriminalisation des drogues dures telle que l’héroïne. Une personne qui résiste à cette nécessité en disant que c’est une erreur de pente glissante mélange la forme erronée (que l’on appelle souvent « une pente glissante causale ») avec la forme légitime (souvent appelée « pente glissante logique »). Faire remarquer qu’un principe entraine quelque chose d’indésirable n’est pas une erreur de pente glissante. C’est reconnaître que les principes ont une logique qui leur appartient, pour ainsi dire. Mouw écrit encore qu’il est tout à fait d’accord avec les décisions récentes de la Cour Suprême concernant Hobby Lobby et Wheaton College 1 : « Dans chaque cas, les employeurs résistaient aux dispositions de l’assurance maladie qui violaient leur opposition sincère à financer les avortements. Je partage leurs vues, et je maintiens qu’on devrait accorder un statut juridique à ces convictions tenues sincèrement – ce qui est essentiellement la perspective avancée récemment par la majorité des juges de la Cour Suprême. » Nous arrivons au défi de Mouw : Supposons qu’une compagnie appartenant aux témoins de Jéhovah refuse de financer pour ses employés une assurance maladie qui permet les transfusions sanguines ? Ou qu’un employeur Scientiste Chrétien refuse de fournir aucune assurance maladie du tout ? Ce sont certainement des convictions sincères qui ont le droit d’être protégées quand il s’agit de procurer des avantages sociaux aux employés. Le défi est légitime. Et je n’ai pas de réponse toute prête qui résolve cette préoccupation d’une manière satisfaisante. Mais je prends le défi au sérieux. Il le faut – si je veux que ceux qui défendent le mariage homosexuel prennent aussi mon défi au sérieux. Je vais essayer d’expliquer. D’abord, les deux cas ne sont pas symétriques. Il n’y a pas de principe de limitation même suggéré dans le cas présenté par les partisans du mariage pour tous. Les principes donnés fréquemment sont à un niveau d’abstraction tellement élevé qu’il est presque impossible d’exclure les unions « matrimoniales » que les gens jugent généralement indignes d’être reconnues juridiquement, telles que les unions incestueuses ou plurielles. Dans les cas de liberté religieuse, cependant, il y a un principe de limitation qui fait partie de la loi sur laquelle Hobby Lobby et l’université Wheaton s’appuient : L’Acte de Restauration de la Liberté Religieuse de 1993 (RFRA). La partie de la loi qui concerne nos fins affirme ici  « Le Gouvernement peut rendre considérablement difficile l’exercice de sa religion à une personne seulement s’il démontre que l’application de ce fardeau – (1) sert à l’avancement de l’intérêt incontestable du gouvernement ; et (2) que ce sont les moyens les moins contraignants pour l’avancement de l’intérêt incontestable du gouvernement. » Cela signifie que « toute croyance religieuse sincère » n’est pas un atout automatique pour toute loi applicable en général. Si le gouvernement fédéral remplit sa charge, il peut alors adopter une loi applicable en général qui limite la liberté religieuse d’une personne. Deuxièmement, vous pouvez aussi répondre du tac au tac : Les contre-exemples dans les cas de liberté religieuse n’abordent pas la question de savoir si le critique qui les utilise peut procurer un principe de limitation pour le gouvernement fédéral. Voici ce que je veux dire. Supposons qu’un futur Ministre de la Santé et des Services Sociaux publie un règlement conformément à la Loi sur les Soins Médicaux Abordables 2 et que ce règlement exige que tous les médecins et infirmiers compétents des Etats-Unis opèrent des euthanasies, des infanticides, des avortements ou des changements de sexe sur tout patient ou proche parent responsable et ayant la permission légale de demander l’opération. Si vous dites que ceci viole la liberté religieuse de certains médecins et infirmiers, devinez  ? Les défenseurs du règlement auront vite fait de présenter les Témoins de Jéhovah et les Scientistes Chrétiens. Dans ce cas, le problème n’est pas avec les défenseurs de la liberté religieuse qui essaient de comprendre ses limites, mais avec ses détracteurs qui doivent encore offrir une limite de principe aux pouvoirs régulateurs du gouvernement fédéral par le biais de ses agences administratives. Ainsi, ce sont les adversaires de notre première liberté, et non ses défenseurs, qui ont le problème de la pente glissante. http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/on-slippery-slopes.html

 

  1. Hobby Lobby et Wheaton College/Université: ces deux organisations refusaient de financer les frais de contraception et d’avortement pour leurs employés. La Cour Suprême a décidé qu’elles n’auraient pas à le faire à cause de leurs convictions religieuses.
  2. La loi Obama offre de nouvelles assurances maladie permettant à tous d’être soignés sans dépenser de grosses sommes.