Oui à l'équité, non aux vertueurs ! - France Catholique

Oui à l’équité, non aux vertueurs !

Oui à l’équité, non aux vertueurs !

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Au lendemain de l’émission de France 2 sur « le silence de l’Église face aux affaires de pédophilie », il est peut, être possible de prendre un peu de distance pour évaluer les questions posées. À mon sens, on peut être partagé entre deux sentiments apparemment contradictoires. Le premier se rapporte à l’information et à ce que les journalistes de Cash Investigation et de Mediapart ont voulu apporter au public en faisant leur métier. On ne peut leur dénier d’avoir travaillé leur affaire. Faut-il aller jusqu’à les féliciter, comme ce prêtre qui a écrit à Martin Boudot, le responsable de l’enquête : « Je dois vous dire que j’ai admiré votre travail que je trouve remarquable. » Le journaliste est fier de se prévaloir d’un tel satisfecit. Mais pour ma part, je ne puis acquiescer à la charge de ce prêtre contre les évêques. C’est un peu facile de se dresser ainsi contre ceux qui dirigent le bateau dans la tempête, sans partager leurs responsabilités et être confrontés aux difficultés inextricables de ce type de situation.

Cette réserve introduit à l’expression d’un autre sentiment. Quand le journaliste se transforme en justicier, il lui arrive trop souvent de se comporter en policier. Certes, il faut des policiers, mais leurs méthodes ne sont admissibles que dans la sphère de leurs compétences. Et s’il faut parfois batailler durement pour obtenir l’info nécessaire, il faut prendre garde à ne pas se comporter en vengeur. Même s’il s’agit d’un sujet aussi pénible que la pédophilie, il y a une distance à respecter. Or, je crains que trop souvent le vertueux ne se transforme en vertueur. Le vertueur, c’est celui qui par vertu veut éradiquer le mal en écrasant celui qu’il poursuit de ses soupçons. Robespierre était le type même du vertueur, d’autant plus qu’il se voulait incorruptible. Je ne suis pas sûr que nos vertueurs d’aujourd’hui soient toujours exempts d’arrière-pensées. Certaines cibles, comme le cardinal Barbarin, sont l’objet d’une véritable haine, qui empêche toute justice à leur égard. Il s’agit d’obtenir leur mort morale et d’assouvir une vengeance rentrée. Oui à l’équité, non au vertueurs !

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 23 mars 2017.