Notre monde menaçant - France Catholique

Notre monde menaçant

Notre monde menaçant

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Deux semaines après mon séjour dans la Napa Valley, un tremblement de terre frappa dans cette région vinicole la ville de Napa. Je ne crois pas qu’il y ait une relation directe.

Puis, de façon plus inquiétante, j’ai lu ce qu’a dit le cardinal Wuerl (« Pourquoi un silence ? ») à la messe du Saint-Esprit de l’Université catholique sur la persécution au Moyen-Orient.

Je partage ces remarques avec vous parce que je ne veux pas avoir sur la conscience d’avoir été complice dans quelque chose d’horrible, simplement en restant coi. ET je me demande où sont ces voix (qui proclament la solidarité dans les épreuves) ? Où sont les voix des parlements ? Où sont les voix des chefs du congrès ? Où sont les voix des campus ? Où sont les voix des invités des talk-shows et des programmes de radio ?

Oui, et pas seulement où sont-elles, mais pourquoi le silence ?

Le cardinal Ferdinando Filoni, envoyé spécial du Pape en Irak, rapporta à son retour ces mots des chrétiens de là-bas : « Agissez vite et ne nous laissez pas seuls. » C’était les mêmes gens à qui on donna, en 2014, le choix musulman traditionnel : conversion, impôt obligatoire ou la mort. Mais nous étions très désireux de ne plus jamais avoir la guerre, « plus jamais ». Laissons les Arabes se bagarrer entre eux.

Puis il y eut la stupéfaction du Premier ministre britannique quand il sut que quelque cinq cent musulmans anglais étaient partis combattre pour l’Etat islamique. La voix TV sur la video de l’exécution de James Foley avait un accent britannique. A son retour de Corée, le Saint Père rappela finalement que l’agression devait être « stoppée ». Mais comment et par qui et contre qui, il ne le précisa pas. Ce n’est pas un Urbain II pour appeler à la croisade.

Puis il y eut un rapport sur nombre de religieuses violées et agressées dans plusieurs pays musulmans. Le Président Obama nous informa ensuite qu’il n’avait pas de plan pour régler les troubles actuels au Moyen-Orient. On a le vertige.

Dans un essai perspicace dans le Stratfor (27 août), « Le terrorisme comme théâtre », Robert D.Kaplan expliqua la manière soigneuse, professionnelle dont l’exécution de James Foley fut présentée aux téléspectateurs de l’Occident.

Le message essentiel au spectateur contenait ces points :

1) « Nous ne jouons pas suivant vos règles. Il n’y a pas de limites à ce que nous voulons faire ».

2) Nous faisons payer Guantanamo par nos propres moyens « comme vous pouvez le voir sur la video ».

3) Nous pouvons user de moyens sophistiqués pour faire passer notre message.

4) « Nous, de l’Etat islamique, délivrons un message global… Nous allons vous détruire tous en Amérique, tous en Occident, et tous ceux qui dans le monde musulman n’acceptent pas notre version de l’Islam »

5) « Nous triompherons parce que nous n’observons absolument aucune contrainte. C’est parce que nous sommes les seuls à avoir accès à la vérité que tout ce que nous faisons est sanctifié par Dieu »

Le medium est le message, comme l’a dit un Canadien célèbre.

Sur un autre interview TV j’ai vu un homme nous dire que les prochaine attaques en Europe et en Amérique ne devraient pas être aussi dramatiques que celle du World Trade Center pour être aussi efficaces. Déjà il y a en place assez de gens qui peuvent faire sauter les ponts, les bâtiments, ou d’autres places symboliques pour produire un chaos civil. Toute action ou série d’actions revendiquées par l’Etat islamique serait reconnue dans le monde entier comme une démonstration de sa capacité grandissante d’atteindre n’importe quelle cible, partout.

Bien que certains aient dit le contraire, tout cela n’a rien à faire avec la pauvreté ou la croissance économique dans les nations islamiques. Comme la Chine l’a montré, il n’y a pas de raison aujourd’hui pour qu’un état absolu ne puisse pas prospérer. Les écrivains sont maintenant en train de reconsidérer la question de la nation. Peut-être que des choses comme l’Union européenne n’ont pas été après tout une si bonne idée.L’ immigration de masse a pour résultat de saper les Etats établis. Ensuite il y a le commerce de la drogue qui est traité comme s’il n’avait aucune relation avec la demande qui en est la cause. Le monde a quantité d’énergie non-développée que nous ne développons pas pour de douteuses raisons écologiques.

Nous ne pouvons pas oublier les problèmes de la vie, le nombre massif d’avortements, le sabordage du vrai mariage dans lequel les enfants sont élevés par leurs propres père et mère. D’autres songent à se passer de la parenté pour produire des enfants scientifiquement, sous la responsabilité de l’Etat. Le sexe peut finalement être abandonné pour son caractère éphémère et improductif. Toute vie qui ne serait pas fabriquée n’aurait pas droit à l’existence.

Et j’ai fait la liste de ces choses menaçantes sans même mentionner Israël, le réchauffement climatique, les références du pape au diable, la conversion de la Russie ou, comme le voudrait peut-être Poutine, la conversion de l’Occident à l’orthodoxie.

En examinant ces choses menaçantes, nous ne savons pas s’il faut rire ou pleurer, probablement un peu les deux. Est-il bon de savoir que l’Etat islamique est sérieux quant à ses fins et quant aux moyens, tous les moyens, qu’il veut prendre pour y aboutir ? Sur certaines choses c’est un péché de rester silencieux. D’autres gens crient : « Ne nous laissez pas seuls. »

Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/our-ominous-world.html

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James V.Scholl, s.j., qui a exercé comme professeur à Georgetown en Guyane pendant trente-cinq ans, est l’un des plus prolifiques écrivains catholiques en Amérique. Ses livre »s les plus récents sont The Mind That Is Catholic, The Modern Age, Political Philosophy and Revelation : A Catholic Reading and Reasonable Pleasures