Noël de solitudes - France Catholique
Edit Template
L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
Edit Template

Noël de solitudes

Copier le lien

Je parlais, il y a quelques jours, du prochain Noël dans notre sympathique banlieue : des illuminations, de la tête sinistre des gens dans la rue, des risques d’attentat, etc., avec une jeune infirmière d’origine africaine et musulmane. Elle se scandalisait surtout de voir autant de « mamies » qui vont passer la nuit et la journée de Noël, ou le Nouvel An, loin de toute chaleur humaine.

« – Pour plusieurs, me précisait-elle, je suis la seule personne qu’elles voient de la semaine avec le livreur des repas de la mairie. Elles ne voient jamais un voisin, mais jamais non plus un facteur, jamais une coiffeuse, jamais une manucure, et jamais bien sûr quelqu’un de leur famille, ou alors je ne suis pas au courant.

– Et vous ne pensez pas que c’est un peu de leur faute ? provoquais-je.

– Ça n’arriverait jamais en Afrique. Qu’est-ce que ça veut dire « de leur faute » quand on a passé 80 ou 90 ans, qu’on est sourd, qu’on ne voit plus bien, qu’on n’a plus toute sa tête, et qu’on ne veut pas ou ne peut pas aller en Ehpad ? On commet tous des erreurs. Mais l’indifférence et la froideur des gens d’ici me surprend toujours, après plus de 10 ans dans ce pays.

– Et chez les musulmans on est plus attentifs aux anciens ?

– En tout cas chez les Sénégalais oui ! Bien sûr des fois, c’est un peu trop. La « Famille » vous retrouve un peu trop facilement quand vous commencez à prendre votre indépendance… »

Et de rire. Je n’ai pas eu le temps de continuer la discussion qui commençait à prendre un tour de comparaison ethnographique intéressant sur les différentes sortes de familles. Chez nous, c’est la famille « nucléaire » où seuls comptent les parents et les enfants, centrés sur eux-mêmes, faisant la coupure de plus en plus avec les ascendants et tous les collatéraux… Ce qui se « simplifie » encore quand, le père étant exclu du cercle familial, ne restent que la mère et les enfants (ou l’enfant) à moins d’une famille « recomposée », qui n’a manifestement pas que des avantages…

Bien des jeunes mères ont mauvaise conscience à cause de cette situation et se trouvent alors en grande fragilité face à une progéniture qui n’a pas encore intégré que les parents ne sont pas tout-puissants. Chaque publicité à la télévision est l’occasion d’un petit caprice : « Maman, tu m’achètes ça ? ». La frustration a beau faire partie de l’éducation, on sent bien que la mauvaise humeur ambiante vient aussi de cette pression indécente de la société de consommation par rapport aux revenus réels des gens.

Quant à nous les cathos ? Chassons la mauvaise humeur bien loin car, même si nous souffrons de notre impuissance à ne pas savoir combler la solitude de tous ceux qui souffrent, même si nous sommes seuls nous-mêmes, nous savons que, avec Jésus, nous serons toujours bien accompagnés jusqu’à la fin du chemin.

C’est un bonheur peut-être un peu trop caché ? Mais, il n’est sans doute pas trop habile de le faire sentir plus lourdement. Une parole maladroite peut vite provoquer le contraire de ce que l’on souhaiterait. En ces temps de haine et de violence, mais plus encore d’indifférence, notre sourire (intérieur !) sera peut-être le meilleur message. Ce qui n’interdit pas de se secouer les puces et de tenter de faire quelque chose d’utile pour son prochain et pour la société !

Joyeux Noël !

Et lisez le joli conte de Noël de notre ami Serge Plenier.