N'en faisons pas tout un plat. - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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N’en faisons pas tout un plat.

Traduit par Pierre

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Le meilleur article que j’aie jamais lu dans un quotidien a pour auteur Mary McGrory à l’occasion du procès de Jean Harris dans les années 1980. À l’issue du procès, Mme Harris fut condamnée pour le meurtre de son ex-ami, le Dr. Herman Tarnower, père du « Régime Scarsdale ».

Selon Mary McGrory, Mme Harris, lors de l’interrogatoire, semblait imaginer que le procureur était son ami. Bien sûr, les procureurs ne sont jamais les amis des accusés ; ils sont toujours leurs ennemis jurés. Les accusés doivent se rappeler cette règle, elle est fondamentale. Ne nous étonnons pas que Mme Harris ait été condamnée.

De même, en politique, il importe de connaître ses ennemis. Je le proclame en tant qu’ancien homme politique (J’ai siégé douze ans au Sénat de l’État de Rhode Island). Vraisemblablement la plus grave erreur que puisse commettre un homme politique est d’ignorer qui sont ses ennemis. Et pas seulement ses ennemis de fait, mais également ses ennemis latents. Le gars qui aujourd’hui vous semble amical peut avoir déjà le couteau qu’il vous plantera plus tard dans le dos. Je pourrais vous montrer des cicatrices.

Les responsables religieux, par exemple les dirigeants catholiques, devraient bien aussi savoir reconnaître leurs ennemis, non seulement les identifier, mais aussi mesurer l’intensité de leur inimitié. Que votre ennemi veuille vous casser le bras est une chose. Qu’il souhaite vous détruire entièrement en et une tout autre.

Il y a de nos jours aux États-Unis des individus et des groupes puissants souhaitant à tout prix détruire la chrétienté, et en particulier l’Église catholique. Et pourtant, la plupart de nos évêques et de nos curés de paroisses semblent l’ignorer. Tout comme Mme Jean Harris. Ils n’identifient pas leur ennemi — veulent-ils seulement admettre qu’existe un tel ennemi si puissant — même quand cet ennemi est devant eux.

Certains Jésuites semblent ne pas le savoir. Je pense, par exemple, au Père Matt Malone, S.J., rédacteur en chef de la revue Jésuite « America ». Dans le numéro du 12 septembre (article intitulé « Of many things » – « Dans bien des cas ») le Père Malone écrivait — personnellement tout-à-fait opposé à l’avortement, et si vigoureusement « pro-vie », il pense que l’avortement devrait être hors la loi aux États-Unis dans « presque tous les cas » — qu’il aurait volontiers rejoint les paroissiens de la paroisse du Sénateur Tim Kaine pour acclamer le candidat démocrate à la Vice-Présidence [des U.S.A.], radicalement partisan de l’avortement, plutôt que rejoindre les protestataires pro-vie assemblés devant la paroisse de Kaine.

Je songe également, à grand regret, à un autre jésuite, celui qui se trouve être évêque de Rome. Je suis persuadé que le cas de S.S. François est infiniment plus complexe que celui du Père Malone, mais je ne peux m’empêcher de m’interroger : le pape, homme plein de sagesse en tant de circonstances, a-t-il conscience de l’ennemi qui se tient face à nous ? Si oui, aurait-il une mini-miette de sympathie pour ceux qui ne portent guère attention à la vieille idée catholique de l’indissolubilité du mariage ? (À ce propos, c’est une antique idée catholique qui semble avoir pour origine l’illustre prêcheur palestinien Jésus de Nazareth. Les « libéraux » allemands ont-ils entendu parler de cet homme ?)

Qui sont ces ennemis du catholicisme ? Tout d’abord, ceux qui prônent la fornication, l’avortement, la sodomie, le mariage « pour le même sexe ». Ces mœurs ont toujours été incompatibles avec le christianisme, et quiconque prétend qu’elles son bonnes déclare en même temps que le christianisme est dans l’erreur. Cependant nos dirigeants religieux n’en semblent pas conscients.

Oh, il leur arrive de condamner ces comportements, mais ce sont de bien pâles et abstraites condamnations. Et encore, ces maigres condamnations sont bien rares. Combien de catholiques américains ont entendu leur curé debout face à eux rappeler solennellement à ses paroissiens que selon l’enseignement catholique les péchés en question sont non seulement graves, mais condamnables — selon le vocabulaire catholique, ce ne sont pas des péchés véniels, mais des péchés mortels.

Les ennemis ne s’arrêtent pas, cependant, avec leur approbation de la fornication, de l’avortement, etc. Ils veulent que tous nous approuvions ces choses. Ils insistent, par exemple, pour que les écoles publiques en Amérique enseignent que la sodomie homosexuelle est moralement bonne, et que quiconque la récuse a moralement tort. L’homme ou la femme — ou le garçon ou la fille — en désaccord est un bigot, un homophobe. Les religions qui sont contre sont des religions de bigots homophobes. Et les parents à l’esprit assez tordu pour éduquer leurs enfants selon le christianisme traditionnel sont de mauvais parents. Les temps approchent peut-être où de tels parents seront poursuivis pour mauvais traitement à enfants.

Qui sont donc ces ennemis du catholicisme ? Les gens qui se disent « de gauche » ou « de progrès ». Leur objectif consiste en la totale destruction de la bonne vieille chrétienté — dont le genre catholicité est la race la plus en vue. Ils ne s’inquiètent pas de la chrétienté de gauche (par exemple celle de Tim Kaine) . Car les chrétiens « de gauche » marchent allègrement selon 90% du programme anti-chrétien. Se dire « chrétien de gauche » est en quelque sorte, en se mentant, être anti-chrétien.

Le but de ces ennemis est la destruction des croyances et de la moralité de la chrétienté de jadis et de les remplacer par quelque chose de nouveau — quelque chose pas encore bien défini à présent.

Ce vaste mouvement anti-chrétien (« de gauche » ou « de progrès ») s’est emparé de l’un de nos deux grands partis politiques, le parti Démocrate (mon ancien parti, d’ailleurs — j’y ai toujours ma carte malgré ma détestation actuelle pour lui).

Il y a peu d’apparence, je regrette de le dire, que les dirigeants du clergé de notre Église comprennent la nature de notre ennemi et son but final. Les combattants authentiques diraient peut-être : Nous avons trouvé notre ennemi, faisons-en notre affaire.» Tandis que nos dirigeants déclarent : « Nous avons des ennemis, vraiment ? Eh bien, comportons-nous en gens de bonne compagnie. Et tentons de dialoguer. N’en faisons pas tout un plat.»

21 septembre 2016.

Photo : Jean Harris, risquant entre 15 ans et la perpétuité pour l’assassinat du diététicien (Le régime Scarsdale).

Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/09/21/lets-not-make-a-fuss/