Marco Pannella - France Catholique
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Saint Benoît, un patron pour l'Europe
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Marco Pannella

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La figure de Marco Pannella, qui vient de mourir à Rome, s’est sans doute quelque peu estompée pour le public français. Cet homme politique, fondateur d’un parti radical assez différent de la tradition radicale à la française, est demeuré jusqu’à sa mort, à 86 ans, un personnage familier aux Italiens, ne serait-ce qu’à cause de sa faconde, de sa façon décalée de combattre pour les causes les plus diverses. Je l’avais rencontré personnellement à Rome dans les années 80, curieux de découvrir ce singulier animal politique. À ma surprise, il s’était révélé excellent connaisseur de la scène parisienne et m’avait prié instamment de saluer de sa part mon patron de l’époque, Philippe Tesson. Mon journal, Le Quotidien de Paris, ne publia pas sur le moment les propos que j’avais rapportés du radical italien, et ce fut une erreur regrettée d’ailleurs par le service étranger, car l’entretien était prémonitoire. Il dénonçait par avance le scandale de la loge P.2, qui allait éclater quelques mois plus tard et qui révèlerait la profondeur du malaise de la péninsule.

À ma surprise encore, mes confrères de gauche, correspondants des journaux français en Italie, m’avaient formellement déconseillé de rencontrer Marco Pannella alors qu’il constituait pour moi une sorte de référence culturelle gauchiste et libertaire. C’est que l’homme était surprenant et pouvait surgir, idéologiquement, là où on ne l’attendait pas. Sa mort a entraîné une belle polémique dans les milieux catholiques où beaucoup lui reprochent son militantisme sur le terrain sociétal, notamment à propos de l’avortement et de l’euthanasie. J’ai relevé sur un site tradi français une attaque virulente contre le porte parole du Saint-Siège, le père Lombardi, qui tout en se souvenant des luttes passées où Pannella avait été un adversaire, voulait saluer aussi sa générosité. Le Pape lui-même ne lui avait-il pas téléphoné durant son ultime combat contre la maladie ?

Le débat est ouvert. Faut-il être implacable avec l’adversaire à l’heure de sa mort ? Ou faut-il lui reconnaître ses mérites, quitte à oublier sur le moment que le contentieux est sérieux et que le combat continue ? On peut saluer l’ennemi, sans abdiquer ses convictions. La courtoisie du deuil ne préjuge en rien du bilan qu’il faudra tout de même établir en toute vérité.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 25 mai 2016.