Lire Baudelaire - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Lire Baudelaire

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25 janvier – Je reviens de Cholet, où naquit vers 1927 le poète Maurice Courant : qui fut grand poète, nous donnant en nourriture une grande œuvre, digne d’être universellement connue. Hélas, la poésie ne connaît plus aujourd’hui cette vénération que notre peuple en nos autrefois aimait à couronner ses grands poètes. Victor Hugo fut conduit jusqu’à sa tombe par une immense foule…

Mais par bonheur quelques amoureux de cette œuvre puissante, quelques amis de longue date du poète ont décidé de lui rendre hommage en une prochaine célébration. Cinq diseurs, ce soir-là, interpréteront plus de vingt-cinq œuvres tandis que d’autres amis feront mieux connaître celui que fut Maurice Courant.

Cette introduction me permet de faire valoir la colère jamais apaisée qui est la mienne concernant le honteux abandon de la Poésie par la prétendue Éducation Nationale, pourtant censée faire connaître à nos enfants et petits-enfants tous les aspects de la culture française : en réalité, elle a jeté aux orties nombre de nos plus grands écrivains et supprimé, avec une coupable désinvolture, l’immense trésor qu’ont su créer les poètes depuis la nuit des temps jusqu’à nos jours.

Il faut penser que ce terrifiant gâchis a été causé par, d’un côté, l’ignorance crasse des responsables, dans doute plus émerveillés par The Beatles que par François Villon, Jean Racine, Arthur Rimbaud, Paul Claudel, Patrice La Tour du Pin etc., et d’un autre par la complaisance idéologique régnante, qui laisse peu de place aux œuvres des génies comme à la « singularité » de la Beauté…
Quand on sait qu’en de nombreuses écoles on donne à lire aux enfants de simples articles de journalistes, on comprend à quelle déchéance culturelle la France est promise…

Mais il y a un détail qui m’importe fort : on ne fait plus apprendre aux enfants les textes « par cœur » – sauf quand certains professeurs osent prendre des initiatives pas toujours vues favorablement par les Inspecteurs… – alors que j’entends souvent des vieilles personnes faire valoir les poèmes appris autrefois et dont elles ont gardé, fièrement, la mémoire. Il est vrai que la réalité même de civilisation ayant quasi disparue se trouve fatalement remplacée par le « n’importe quoi ».

À ce sujet, une connaissance de Nantes m’a fait parvenir un petit mot qui vaut mieux qu’un long discours (et tant pis s’il me faudra me faire pardonner cette citation quelque peu orgueilleuse) : « Cher Dominique Daguet, J. vous a remis votre enregistrement des poèmes de Baudelaire… (…) J’ai un peu perdu en hauteur de son, mais c’est très peu de chose. Merci pour cette lecture, j’aime beaucoup votre phrasé, ses silences qui font résonner le grand Baudelaire en toute sa splendeur. Maintenant j’ai cette musicalité en tête quand je me replonge dans les Fleurs … Heureuse et douce année… Joëlle Deniot »

Cet enregistrement, j’ai pu le faire, en l’an 1997, par la grâce d’un Troyen qui, disposant d’un studio, m’a proposé deux heures de ses services : je suis allé chercher les « Fleurs du Mal », j’ai choisi quelques 35 poèmes, qui furent évidemment dits dans l’ordre, et me suis livré à ce travail d’un seul trait, ce qui était nécessaire parce qu’il n’aurait pas été possible de revenir en arrière, de corriger etc.

90 minutes plus tard la cassette était « comblée »…

Je prétends avoir voulu montrer que les poèmes ne doivent jamais être dits en respectant seulement les principes esthétiques, comme le fit un comédien très, mais très adulé du public. La règle, pour moi, et j’insiste sur cette prétention, ne doit se trouver que dans ce que ces textes signifient. Il se trouve que le sens chez Baudelaire est si fort que ce serait un désastre que de se comporter en strict adepte de l’esthétisme 1

Depuis je n’ai procédé à aucun autre enregistrement, sauf celui de textes de Noël que m’avait, en 2015, réclamé, étrangement, un éditeur autrichien ; ce fut par l’entremise de l’ami Christian Immarigeon… Mais m’a été proposé récemment le service d’un studio fort bien équipé où j’entends notamment inscrire sur un cédé le dialogue Léo 84 : un journaliste interroge celui qui fut le bourreau de Maïti Guitanner…

Histoire singulière d’un des plus beaux pardons du siècle passé.

Dominique DAGUET

  1. Je vais faire copier cet enregistrement, toujours très audible, pour quelques personnes désireuses de le posséder. Si d’autres personnes voulaient se joindre à celles-là, j’en serais enchanté. Par contre, je suis obligé de prévoir un prix de vente qui tournera autour de 15 €.