Les révolutions d'octobre - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Les révolutions d’octobre

Traduit par Bernadette Cosyn

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Du 26 septembre au 25 octobre 1980, un synode sur la famille s’est tenu à Rome. Il y en a eu un autre en octobre de l’an passé et les évêques vont s’y remettre cette année du 4 au 25 octobre.

Le résultat du synode de 1980 a été une exhortation apostolique de Jean-Paul II, Familiaris Consortio, publiée le 22 novembre 1981.

Etant donné ce que nous avons lu concernant des commentaires de quelques évêques européens avant, pendant et depuis le synode de 2014, il y a des raisons de craindre que des changements ne se fassent jour trente-cinq ans après l’exhortation de saint Jean-Paul. Consulter à se sujet les articles du père Gerald Murray.

Dans son introduction à Familiaris Consortio, Jean-Paul écrit : « L’Église est fermement convaincue que les espoirs que l’homme place légitimement dans le mariage et la famille ne peuvent être pleinement comblés que par l’acceptation de l’Évangile. » Il ajoute :

La prière familiale a ses qualités propres. C’est une prière offerte en commun, le mari avec la femme, les parents avec les enfants…

La prière familiale a pour objet principal la vie familiale elle-même, qui dans toutes ses circonstances est vue comme un appel de Dieu et vécue comme une réponse filiale à Son appel. Joies et peines, espoirs et déceptions, naissances et anniversaires, anniversaires de mariage des parents, départs et retrouvailles, décisions importantes, décès d’êtres chers, etc – tout cela porte la marque de l’intervention aimante de Dieu dans l’histoire de la famille.

Saint Jean-Paul insiste avec vigueur sur l’importance que la prière devrait prendre dans nos vies. La pratique de la prière familiale fera beaucoup pour renforcer les liens familiaux, bien plus on s’en doute, que les « réformes » préconisées par le cardinal Walter Kasper et consorts. Et reconnaissons que la plupart de ses propositions ne seraient pas du tout des réformes mais des changements révolutionnaires.

En juin 2003, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, alors sous la direction du cardinal Ratzinger, a publié un document, « Considérations sur les propositions de reconnaissance légale des unions entre personnes homosexuelles », qui mériterait une relecture à l’heure actuelle. Le document prononce sobrement qu’il ne contient « aucun élément doctrinal nouveau ». Comment le pourrait-il ? Il n’est expressément qu’une simple redite de la vérité éternelle :

« Aucune idéologie ne peut effacer de l’esprit humain la certitude que le mariage existe seulement entre un homme et une femme qui, par un don de soi personnel et mutuel, propre et exclusif à eux seuls, tendent à la communion de leurs personnes. »

Le document offre ce qui s’est révélé être un exercice bien inutile :

« à l’attention des politiciens catholiques… indiquant les approches pour proposer une législation dans ce domaine qui soit cohérente avec la conscience chrétienne. »

Le point principal est que c’est la vérité établie et que la dernière chose dont les chrétiens (et le monde dans son ensemble) ont besoin est que l’Église prenne des gants pour évoquer les problématiques sexuelles. Que diable, la position de l’Église sur le mariage a été réglée par l’aval courageux de son enseignement sur la sexualité que Paul VI a donné en 1968 dans Humanae Vitae.

Alors pourquoi certains évêques européens sont-ils si déterminés à une révolution ?

Je ne suis pas expert de la situation de l’Église en France, Suisse et Allemagne, des conférences épiscopales au centre des controverses actuelles. Pourtant, cela rend nerveux de remarquer que les Allemands se battent contre la Lohnsteuerkarte, l’impôt affecté aux Églises.

Les Allemands sont supposés déclarer leur affiliation religieuse (s’ils en ont une) aux autorités fiscales du pays, qui retiennent, via les employeurs, une taxe pour financer l’église, la synagogue ou la mosquée. C’est apparemment une tradition plus vieille que la chrétienté (NDT : en fait, cela a été instauré par Charlemagne). Quoi qu’il en soit, c’est une tradition qui plaît à de moins en moins d’Allemands chaque année.

Selon le Telegraph, en 2014 :

On évalue à plus de 200 000 le nombre d’Allemands ayant rempli leur déclaration officielle l’an passé en déclarant se désaffilier de l’Église protestante, le chiffre le plus haut de ces deux dernières décennies. Le nombre de catholiques ayant fait de même serait du même ordre de grandeur.

Ces chiffres ont été élevés depuis plusieurs années : par exemple 180 000 défections en 2010.Les évêques allemands en sont venus à refuser les sacrements à tout catholique ne s’étant pas enregistré à la Lohnsteuerkarte – une sorte d’excommunication de facto.

Laissons de côté le sujet de l’adéquation de telles sanctions et de cette sorte de connexion entre l’Église et l’État, je suppose que certains doivent trouver approprié que l’Église demande à tous ceux qui poussent la porte de payer la dîme (cette taxe, qui s’ajoute aux autres impôts allemands, est de 8 à 10%). Payer la dîme, cela sonne bien, et c’est bien plus sympathique que la simonie.

D’accord, j’admets que ce n’est pas, strictement parlant, la vente de services d’Église, mais avec le refus des sacrements – dont on pourrait affirmer qu’il faut maintenant les acheter – cela s’en approche dangereusement. (Il faudrait peut-être inventer un mot nouveau.) Mais nous laisserons cela aux Allemands, dont la langue magnifique est parmi les plus riches en mots-valises qu’on puisse trouver.

Mais voici le point : cette année, un critique allemand (mais croyant) de l’Église, Martin Lohmann, déclarait à l’Agence de Presse Catholique (Apic) que

« l’Église perd des financements si elle soutient des enseignements peu populaires sur le divorce et la contraception. Prêcher sur ces sujets signifie perdre des ‘ usagers payants ‘ comme il dit et ‘ adoucir ‘ ces enseignements signifie plus d’argent pour l’Église. »

Bien que monsieur Lohmann y soit défavorable, l’idée d’abolir la Lohnsteuerkarte fait son chemin, et il y a peu de chances que la tendance s’inverse avec le temps. Et, pour parler de réalités « de facto », l’abolition pourrait se faire avant même une action « de jure » des électeurs, tribunaux ou hommes politiques allemands.

Est-ce cela que les tenants réformistes de Kasper ont à l’esprit ?

Brad Miner est rédacteur en chef de The Catholic Thing, membre de l’institut Foi & Raison et membre du conseil d’administration de l’Aide à l’Eglise en Détresse aux USA. C’est un ancien rédacteur littéraire de National Review.

Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/08/24/october-revolutions/