Le (vrai) message de Noël du pape - France Catholique
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Le (vrai) message de Noël du pape

Traduit par Antonia

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J’ai entendu raconter que le pape François s’était montré dur et même maladroit dans son message de Noël à la Curie, parce qu’il aurait apparemment énuméré les quinze maladies affectant la vie de la Curie qui devaient être traitées. Il les a en effet énumérées, et sans mâcher ses mots.
Mais je souligne « apparemment », parce que je n’ai lu aucun reportage ou commentaire expliquant les quatre premiers paragraphes du message, ceux qui précédent la « fameuse » liste ou ceux qui la suivent. Or, ces paragraphes forment le contexte de l’allocution du chef de l’Eglise à son personnel. Après tout, le seul rôle de la Curie est de servir le ministère que le pape exerce dans le monde en se conformant aux volontés de celui-ci.

Le pape François commence par expliquer le miracle de la Nativité dans lequel s’exprime « le mystère de Dieu qui prend sur Lui notre condition humaine et nos péchés pour nous révéler Sa vie divine, Son immense grâce et Son généreux pardon». Il dit ensuite : « Dieu est né dans la pauvreté de la grotte de Bethlehem pour nous enseigner la puissance de l’humilité ».
Cela dit, il entreprend de développer le thème principal de son allocution qu’il enrichit ensuite en parlant de la lumière « qui n’est pas accueillie par les élus mais par les personnes les plus pauvres et les plus simples qui attendaient le salut du Seigneur ». Partant du sens de la fête de Noël, il dispense à la Curie une exhortation pastorale inscrite dans le mystère même de la Nativité.

Contrairement à de nombreux comptes rendus, il adresse ensuite ses meilleurs vœux à tous les présents et les remercie cordialement « de leur engagement quotidien au service du Saint-Siège, de l’Eglise catholique, des Eglises particulières et du Successeur de Saint Pierre ». Conformément à son thème principal, il rappelle à ses auditeurs la raison de leur présence, mentionne ceux qui sont partis à la retraite ou ont été affectés à d’autres postes, et ce faisant, signale que « nous sommes des personnes et non des numéros ou de simples dénominations.»

Il déclare que la Curie aide l’Eglise à se développer : « Il est beau de penser à la Curie romaine comme à un petit modèle de l’Eglise, en d’autres termes, comme à « un corps » qui cherche sérieusement et quotidiennement à être plus vivant, plus sain, plus harmonieux et plus uni en lui-même et avec le Christ ». En conséquence, la Curie, dont il est partie prenante, doit procéder à un examen de conscience – ce sont ses mots – dans les derniers jours précédant la sainte fête de Noël.

C’est pour faciliter cet examen de conscience que le pape François énumère quelques-unes des « maladies les plus habituelles dans notre vie de membres de la Curie ». Il explique : « La Curie est appelée à s’améliorer, à s’améliorer toujours et à croître en communion, sainteté et sagesse pour réaliser pleinement sa mission. » C’est alors seulement qu’il énumère les quinze points qui ont fait la une dans toute la presse, les chaînes de télévision et la blogosphère.

Après cette liste, il fait observer : « Frères, ces maladies et ces tentations sont naturellement un danger pour tout chrétien et pour toute curie, communauté, congrégation, paroisse et tout mouvement ecclésial ; et elles peuvent frapper au niveau individuel ou communautaire ». Son argument étant d’un bout à l’autre que l’Eglise est une communion – une expression forte retenue par Vatican II – et que par conséquent, les quinze maladies qu’il a énumérées devraient être tout particulièrement signalées dans la mesure où elles détruisent cette communion, la communion au Corps du Christ.
«Il faut qu’il soit clair que c’est seulement l’Esprit Saint qui guérit toute infirmité». Cela dit, il expose un argument subtil, à savoir que c’est précisément par sa participation au Corps mystique du Christ que chacun peut s’imprégner de l’Esprit de Dieu et s’engager plus profondément dans la communion de l’Eglise. C’est une leçon inestimable pour chaque membre du clergé, indépendamment de sa position.

Le pape François termine cette réflexion par une référence significative : « Saint Augustin nous dit que « tant qu’une partie adhère au corps, sa guérison n’est pas désespérée ; ce qui au contraire en est séparé ne peut ni se traiter ni se guérir. »

Dans l’ensemble, le principal souci du pape François est de restaurer et développer la communion de ses collègues au sein de la Curie. C’est ce qu’il affirme en citant Saint Paul : « vivant selon la vérité et dans la charité, nous grandirons de toutes manières vers Celui qui est la Tête, le Christ, dont le Corps tout entier reçoit concorde et cohésion par toutes sortes de jointures qui le nourrissent et l’actionnent selon le rôle de chaque partie, opérant ainsi sa croissance et se construisant lui-même, dans la charité ». (Ephésiens, 4, 15-16)

En conclusion, il s’adresse à ses « frères », en rappelant à chacun d’entre eux « l’importance et la délicatesse de notre service sacerdotal, et quel mal pourrait causer à tout le corps de l’Eglise un seul prêtre qui « tombe » ».
Et respectant la tradition, il demande à la Vierge Marie de « nous donner le courage de nous reconnaître pécheurs, d’avoir besoin de sa miséricorde, et de ne pas avoir peur d’abandonner notre main entre ses mains maternelles ».

Le père Bevil Bramwell, OMI, Docteur ès lettres, est l’ancien doyen des étudiants en licence de la Catholic Distance University. Ses ouvrages sont notamment : Laity : Beautiful, Good and True ; The World of the Sacraments ; et plus récemment Catholics read the Scriptures : Commentary on Benedict XVI’s Verbum Domini.

Source : http://www.thecatholicthing.org/2014/12/28/hearing-the-popes-real-christmas-message/