Le temps est avec Lui - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Le temps est avec Lui

Traduit par Bernadette Cosyn

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Chesterton disait : « l’espérance n’est pas l’espérance tant que la situation n’est pas devenue sans espoir. » Il voulait dire par là que la vertu théologique d’espérance peut être facile à pratiquer en période faste (et est de ce fait illusoire) mais ardue quand les temps sont difficiles, quand les raisons humaines d’espérer un futur meilleur s’évanouissent (en cas de maladie ou de bouleversements sociaux). Alors peut-être qu’à notre insu nous plaçons notre foi dans les choses du monde plutôt que dans le Christ.

Le roi Salomon – initialement le modèle de la sagesse humaine – était si déterminé à protéger la paix que Dieu avait donné à Israël qu’il avait supposé que cette période faste était le résultat de son habileté diplomatique. Il a par conséquent « célébré la diversité » en autorisant le culte des faux dieux. Ironiquement, sa « politique d’inclusion » a apporté la division et la destruction – le royaume lui-même a été divisé. Salomon a oublié de se rappeler que Dieu seul accomplit les promesses qu’Il fait, selon Son plan et en réponse à notre foi.

Un bonne part des troubles actuels découle bien sûr du faux dieu sexe. Les kamikazes se font sauter, et les autres avec, pour jouir de soixante-douze vierges au Paradis. Et quelle serait l’audience d’Hillary Clinton chez les jeunes sans son soutien inconditionnel à l’avortement, cette sinistre rétribution du sexe à la demande ?

Quand la bulle du « .com » a volé en éclats au début du siècle, les sites internet porno sont restés presque les seuls sites internet rentables. Les sites porno avaient même la technologie pour utiliser le paiement par carte bancaire sécurisé, plus encore, ils protégeaient précieusement « le droit à la vie privée », c’est à dire l’accès à la contraception et à l’avortement.

Au milieu de toutes nos crises nous demandons : Dieu écoute-t-Il ? Est-Il mort ?

Mais comment Dieu pourrait-Il être mort alors que le soleil se lève à l’est et se couche à l’ouest, que la pluie tombe sur les juste comme sur les injustes, que les oiseaux s’élèvent dans le ciel et que les blés ondulent sous le vent, ou qu’un enfant vient au monde ? Comment Dieu pourrait-Il être mort quand des actes humains de vertu et de bonté continuent d’attester de Sa présence ?

Il y a également une lueur d’espoir – humainement parlant – dans de nouvelles études émanant du côté sombre, comme le montre un récent article en une :

Un corps de recherches grandissant montre que la pornographie en ligne perturbe le cerveau des hommes, diminuant leurs pulsions sexuelles et produisant des habitudes addictives généralement présentes chez les usagers abusifs de drogue, comme les producteurs de pornographie l’ont expérimenté avec des technologies pour rendre le visionnage plus captivant. Des avancées en neuroscience appuient les découvertes : au moins 25 études majeures publiées depuis 2011, dont 16 durant les deux dernières années lient l’usage habituel de vidéos érotiques avec un développement délétère de la structure du cerveau, imitant celui des usagers de drogue.

Le monde est-il en train de se lasser de la révolution sexuelle ? Va-t-on finalement passer le cap et retrouver son bon sens ? La science médicale va-t-elle redevenir une alliée de la bonne moralité ? Ce rapport offre des raisons d’espérer pour l’avenir. Mais notre foi en l’Evangile nous dispense une raison théologique basée sur la révélation.

Dans Matthieu, nous lisons le récit de Jésus pénétrant dans le territoire cananéen de Tyr et Sidon. Les Cananéens n’est étaient peut-être pas conscients, mais quand ils adoraient leurs faux dieux, ils adoraient en fait des démons. (On peut retracer l’adoration des démons, de nos jours, depuis l’époque des Cananéens. Je me rappelle d’un « lieu de culte aux démons » jouxtant un séminaire que je fréquentais dans les années 80 – apparemment ils ont pris pour cible les séminaires – un séminariste parmi les plus téméraires a jeté un coup d’œil par la fenêtre et aperçu le crâne d’un animal sur l’autel.)

Adorer les faux dieux entraîne des conséquences, lesquelles incluent parfois la possession diabolique pour les plus vulnérables. Ceci peut expliquer comment la fille de la Cananéenne est devenue possédée, c’était la conséquence de la vénération involontaire de démons par sa mère.

Bien que païenne, cette femme poursuit Jésus en Lui donnant son titre messianique : « aie pitié de moi, Seigneur, Fils de David. » Elle est exténuée et espère désespérément un changement dans sa vie et celle de sa fille. Son insistance reçoit sa récompense. Le dialogue s’achève sur cette humble prière : « je t’en prie, Seigneur, même les chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. » Jésus répond : « ô femme, ta foi est grande ! » La fille a été guérie à partir de cet instant. Moralité : persévérez dans la prière.

Quand le sida est entré en scène dans les années 80, les bains publics gays de San Francisco ont été temporairement fermés en réponse à la crise de santé. De nombreuses personnes, catholiques ou autres, espéraient que l’horreur du sida – tout comme celle de la bombe atomique qui a amené la fin de la guerre avec le Japon – signerait la fin de la révolution sexuelle.

Elles avaient tort. Les tenants de la révolution sexuelle ont vu la crise comme trop importante pour la gaspiller, et les personnes atteintes du sida en raison de leur comportement sexuel ont été rebaptisées « victimes » d’une classe dirigeante négligente et même impitoyable. Quand de solides préservatifs industriels et des médicaments ont été disponibles pour gérer le sida, les bains publics ont été rouverts et la révolution sexuelle a repris de plus belle.

Le regretté Charles Rice, le renommé juriste de Notre-Dame, avait coutume de dire : « Dieu pardonne toujours, l’homme parfois, la nature jamais. » Quand la nature de l’homme est régulièrement violée, que ce soit par un culte erroné ou d’une autre manière qui contrevient à la Loi Naturelle des Dix Commandements, la destruction, l’exténuation – et finalement la mort – en résultent, parce que nous faisons affaire avec des démons, qui nous haïssent.

Un monde de plus en plus lassé par la pornographie peut toujours se tourner vers les médicaments ou la lobotomie pour obtenir le salut. Nous devons donc admettre, à moins que la fin du monde n’arrive, que cela peut prendre très longtemps avant qu’une culture à bout de souffle ne se tourne définitivement vers le Christ, pleine de foi et d’espérance. Mais même s’il n’y a pas de changement radical immédiat dans la culture, la futilité de l’adoration de faux dieux peut être la grâce qui entraîne de nombreux individus à retrouver leur bon sens – et le chemin de la confession.

Le temps est avec Lui. C’est notre foi. Notre espérance. Ou ce devrait l’être. Sans présomption, et avec la grâce de Dieu, puissions-nous rester fermes dans la foi. Et puisse le Seigneur nous regarder, regarder notre sainte insistance, et dire, encore et toujours : « grande est votre foi ! »

Le père Jerry J. Pokorsky est un prêtre du diocèse d’Arlington. Il dessert l’église Saint Michel Archange à Annandale, Virginie.

illustration : « la Cananéenne » par James Tissot, vers 1890 [Brooklyn Museum]

source : https://www.thecatholicthing.org/2016/09/04/time-is-on-his-side/