Le plus grand miracle - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Le plus grand miracle

Traduit par Marie-Thérèse

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A l’approche de Pâques, on observe, sur les ondes, les phénomènes habituels à cette période : la télévision et les magazines interrogeant les spécialistes  sur Jésus, et – ce n’est pas par hasard – semant le doute, l’information particulière sur les prêcheurs hyper–modernistes qui déclarent que rien n’a d’importance, puisque la foi chrétienne, de toutes façons, ne relève pas d’un ensemble de déclarations de foi spécifique, et les nouveaux athées irrités, qui nous rappellent que, en tant que personnes modernes qui croient en la raison et en la science,  cela ne nous préoccupe pas, puisque nous savons déjà qu’on ne peut ressusciter des morts.

Si cela ne se résume qu’à cela, les peuples anciens le savaient aussi, et ils n’étaient pas stupides, du moins pas plus que nous. Pourtant, un grand nombre d’entre eux sont devenus croyants, tout comme beaucoup de gens de tous les continents – qui eux non plus, ne sont pas stupides, et qui, en dépit des railleries de ces «brillants» athées, se convertissent encore aujourd’hui. C’est une chose remarquable, digne d’attention, même si c’est pour des raisons purement profanes, peut-être spécialement pour des raisons profanes, parce qu’il ne s’est rien passé de tel, même dans un lointain passé, dans l’histoire humaine.

Thomas d’Aquin, pas moins que cette éminente personnalité, ce n’est pas rien,
peu importe ce que même les athées les plus militants peuvent penser de lui, – se penche sur de telles considérations dans son Commentaire sur la Foi des Apôtres et spécifiquement sous le titre de « la Foi n’est pas déraisonnable », « Parce que les miracles de Dieu prouvent la vérité des choses que la foi enseigne ».

Vous pourriez donc vous attendre à ce que St Thomas d’ Aquin parle de ce que beaucoup de gens considéreraient comme étant le plus grand miracle chrétien: la Résurrection. Mais il a une approche inhabituelle dans sa défense : « les miracles par lesquels le Christ a confirmé la doctrine des Apôtres et des autres saints. Et si quiconque déclare avoir vu faire ces miracles, je réponds que c’est un fait bien connu, qui a été relaté dans les récits historiques païens. Je réponds aussi que le monde entier adorait des idoles et persécutait la foi chrétienne ; et pourtant maintenant, regardez, tous (les sages, les nobles, les riches les puissants, les grands) ont été convertis par les paroles de quelques pauvres hommes simples qui prêchaient Jésus Christ. Alors, cela, est-ce un miracle oui ou non ? »

Une question pointue. Il y a eu beaucoup de changements depuis Saint Thomas d’Aquin. Et de nos jours, il semble parfois que l’on ait plus que douté des paroles de Jésus : « les portes de l’enfer ne prévaudront pas » contre son Eglise. En ce moment, ces portes infernales semblent vraiment faire merveille.

Mais ce que Jésus a prédit s’est accompli, littéralement. Erza Pound éprouva autrefois le besoin de faire remarquer : « Toute institution qui a pu survivre aux conduites «  pittoresques » des Borgia est doté d’une certaine résilience intrinsèque à sa nature.» Mais ce ne sont pas seulement les Borgia. Le nombre de choses auxquelles l’Eglise a survécu, est impressionnant, nous le voyons clairement, c’est un phénomène sans précédent comparé à toute autre institution humaine. La mort de Jésus. La trahison de tous les apôtres (pas seulement de Judas). Le martyre de tous les apôtres (excepté Jean). Les premières hérésies (si nombreuses qu’il faudrait en faire une liste séparée). La persécution et le martyre par l’Empire romain. L’acceptation par l’Empire romain. L’effondrement de l’Empire romain, les invasions barbares. Les invasions des Sarrasins (L’ancienne basilique St Pierre elle-même mise à sac en 846). Les conflits avec les rois et les empereurs (chrétiens) au Moyen Âge. Les hérésies médiévales (les Albigeois, les spirituels franciscains, etc…) La chute de Byzance. La corruption à la Renaissance. La Réforme (Rome mise à nouveau à sac en 1527 par les troupes Luthériennes de l’Empereur du Saint Empire catholique romain, Charles Quint. Les guerres de religion. Les dernières attaques par les Turcs. Les corruptions baroques. Les jésuites de Pascal. Les rois se réclamant de droit divin. Les révolutions réclamant le pouvoir absolu. Napoléon. La franc- maçonnerie. Le libéralisme. Le socialisme. Le nazisme. Le communisme. Le darwinisme. Les liturgies modernes boiteuses. Les abus sexuels des prêtres. Les « Women Religious » qui croient en la « Déesse » ou au processus cosmique ou à quelque chose de semblable, et en sont fières.

Cette liste n’est que partielle. Il faudrait au moins aussi reconnaître la présence constante de mauvais prêtres et évêques et un peuple de laïcs inconstants. En de telles circonstances, et étant donné la tendance de toutes choses à se détruire avec le temps, c’est un miracle – peut-être d’une certaine manière, est-ce le plus grand miracle de la chrétienté, que le catholicisme, la Chose Catholique « The Catholic Thing » ait survécu, comme l’a suggéré Thomas d’Aquin. Si nous croyons que Jésus est le Dieu qui a créé l’univers, sa résurrection des morts n’était qu’un jeu d’enfant. Il se peut fort bien – que garder réunis ensemble des milliards d’êtres humains déchus, que Dieu a pris le risque de doter de la liberté de choisir leur propre voie, dans une communion historique réelle, par le moyen de ce fragile vaisseau terrestre que nous appelons l’Eglise, – il se peut fort bien que cela requiert bien plus encore de pouvoirs divins.

Le pape Benoît XVI, dans une homélie pour un Dimanche des Rameaux, a fait remarquer, il y a quelques années, que l’expansion de l’Eglise dans le temps et dans l’espace était littéralement l’accomplissement des anciennes prophéties qui annonçaient qu’Israël dominerait de la mer à la mer et du Fleuve aux extrémités de la terre (Zacharie 9 10). Mais il nous rappelle aussi que ceci doit être vu en parallèle avec une autre phrase du Christ : « comprenons-nous ce que cela signifie, de dire que ce Royaume n’est pas de ce monde ? ou bien préférerions nous qu’il soit vraiment de ce monde ? »

Je me sentirais beaucoup mieux si la foi pouvait être confirmée par une quelconque mesure terrestre. Pour moi, l’espérance en un monde à venir me convient, mais je ne suis qu’humain. Cependant, si vous y réfléchissez, que les portes de l’enfer n’ait pas prévalu, tient plus du miracle que de toute autre chose, même d’après des principes purement naturalistes, c’est une confirmation et cela doit avoir une cause qui n’est pas de ce monde, puisque si nous étions laissés à nous mêmes, nous les catholiques, aurions tout réglé depuis longtemps. Il nous faut encore peiner et veiller avec soin à ce que nous soyons du bon côté des portes  à mesure que les époques passent.
Ce n’est qu’une pensée consolatrice avant Pâques.


Illustration : « La main du Christ / La Palme de la paix» par Akseli Gallen-Kallela 1897 [Tarvaspää Gallen-Kallela Museum, Espoo, Finlande]

Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/03/30/the-greatest-miracle/