Le pari réussi de Tsipras - France Catholique
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Le pari réussi de Tsipras

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Le Premier ministre grec a obtenu une majorité de 61,3 % lors du référendum du 5 juillet. L’Union européenne n’a plus une seule erreur à commettre.

Le succès, plus fort que prévu, du non  conforte la position personnelle d’Alexis Tsipras, peut-être ren­forcée par la démission surprise, dimanche soir, de son ministre de l’Économie Yanis Varoufakis qui lui laisse les mains libres à l’intérieur comme à l’extérieur. Le parti Syriza avait gagné les élections en janvier, tout en manquant de peu la majorité absolue au Parlement. Le Premier ministre sortant, le conservateur Antonis Samaras, avait lui aussi tenté un pari en précipitant des élections qu’il avait perdues. Il subit une nouvelle et cinglante défaite qui l’oblige à quitter la tête de son parti et à laisser une opposition sans aucun leader capable de rivaliser avec le charismatique Tsipras.

Mais le score de 61,3/38,6 s’explique encore par l’abstention, majoritairement au centre, de ceux qui ne pouvaient se résoudre à voter oui ou non, tandis que l’on signalait une participation accrue des jeunes massivement en faveur du non. Le déficit par rapport à janvier est tout de même de 600 000 suffrages.

Le point fort pour Alexis Tsipras est que l’électorat de Syriza représente les deux tiers de ces 61 %. Il domine ses alliés dissidents de droite présents au sein de l’actuelle coalition gouvernementale, les communistes — le parti était hostile au référendum mais les militants ont fait la campagne du non — et les néo-nazis d’Aube dorée qui avaient voté au Parlement en faveur du référendum et du non. Ces calculs vont permettre une recomposition du système politique grec. Tsipras a obtenu le 5 juillet non tant un mandat pour renégocier avec les créanciers de la Grèce qu’un mandat pour gouverner et réformer le pays. Si l’élection de janvier avait constitué un séisme politique, le référendum du 5 juillet s’apparente à une révolution sociale.

On prédisait un score serré, une fracture de la société, prélude à une guerre civile (au moins larvée). Le résultat de 61,3 % balaie ce que certains ont appelé une tentative de coup d’État européen.

Un référendum n’est pas un instrument de négociation mais un acte politique souverain. En tant que tel, il aura des répercussions sur l’électorat et les gouvernants de pays économiquement affaiblis comme le Portugal, l’Espagne, voire l’Italie. Surtout, il influe directement sur le vote britannique à venir, sans doute sur le vote danois, et sur bien d’autres en pointillé. Le retentissement ne s’exerce pas seulement sur les forces de gauche anti-austérité mais sur les forces de droite radicale anti-européenne. Autant en Grèce le camp du oui était-il pro-européen, autant les partis de droite dans les pays eurosceptiques au nord et au centre-est de l’Europe ne le sont pas. Bruxelles devrait y réfléchir à deux fois avant de trancher.

La France occupe dans l’Union une position médiane, comme l’avait déjà montré le résultat du référendum de 2005. Le président Hollande cherche à l’exploiter avec prudence. Il sert de contrepoids à la chancelière allemande face à ses propres troupes outre-Rhin, mais ce n’est pas sans risques auprès de ses électeurs de ce côté-ci.

Le vote du 5 juillet ne devrait pas polariser davantage, en Europe comme en Grèce, mais au contraire permettre de dépasser les divisions autour d’une vision politique commune. On voudrait pouvoir conclure : « l’intendance suivra ». Qu’au moins elle ne décide pas seule de notre avenir commun.