Le paradoxe de la diversité - France Catholique
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Le paradoxe de la diversité

Traduit par Isabelle

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Dans sa chanson de 2001 « Les grandes eaux » (Pour Charley Patton) Bob Dylan écrivait :

Eh bien, Georges Lewis a dit à l’anglais, à l’italien et au juif :

« Vous ne pouvez pas ouvrir votre esprit, les gars,

A tous les points de vue possibles »

Le terme « diversité », de même qu’égalité, justice ou amour, n’a pas de sens clair, et identifiable en dehors de la tradition morale (ou de l’anti-tradition) dans laquelle on en parle C’est pourquoi, chaque fois qu’on utilise ce terme pour mettre en œuvre un ensemble de politiques dans une institution universitaire, on ne peut pas isoler ce qu’on en comprend de ce que ses défenseurs estiment être bien, vrai et beau. Dans l’abstrait, la diversité n’existe pas. Néanmoins, ses champions utilisent souvent un langage qui semble poser plus de question qu’il n’en résout.

Prenons par exemple les extraite de la définitions de « diversité » que propose le Queensbobough Community College de NewYork : « Le concept de diversité englobe la tolérance et le respect. Il signifie que l’on comprend que chaque individu est unique, et que nos différences individuelles sont reconnues. Cela peut concerner la race, l’ethnie, le genre, l’orientation sexuelle, le statut socio-économique, l’âge, les capacités physiques, les croyances religieuses, les options politiques ou autres idéologies… Finalement, nous reconnaissons que la nature des différences ne sont pas toujours fixes, mais peuvent aussi être fluides, nous respectons les droits individuels à l’auto-identification, et nous reconnaissons qu’aucune culture n’est intrinsèquement supérieure à une autre. »

Cette définition n’est pas très différente de ce que l’on trouve sur les sites internet de milliers d’institutions universitaires à travers l’Amérique du Nord. Dans une lecture superficielle, ces affirmations paraissent souvent recommendables. Car elles nous demandent de faire un effort pour comprendre et respecter nos collègues et nos étudiants, et de prendre très au sérieux leurs points de vue leurs engagements et leurs identités. Mais avec une lecture plus critique – une méthode de lecture dont on pourrait croire qu’elle est habituelle dans les institutions qui se consacrent à chercher la vérité – on devient moins confiant dans la cohérence de telles affirmations.
Queensborough dit qu’ « aucune culture n’est intrinsèquement supérieure à une autre », mais cela ne paraît pas juste, suivant les dires mêmes de Quyennsborough sur la diversité. Après tout, une culture qui rejetterait cette manière de voir serait sûrement – de leur point de vue – une culture moins tolérante et moins respectueuse qu’une culture qui adopte la définition de Queensborough. Mais dans ce cas, une telle culture serait en comparaison, inférieure à ces cultures qui de fait, acceptent la diversité.

En plus, il semble parfaitement correct de dire que certaines croyances religieuses, politiques ou certaines idéologies ne méritent ni tolérance ni respect. Car certaines, telles que le fascisme ou le stalinisme, ou les versions extrêmes de l’Islam – quand elles sont mises en pratique, sont une atteinte à la dignité humaine. Même si, en tant que personnes, ceux qui prônent ces vues peu avouables ont le droit au respect, ce serait un affront moral de suggérer que les cultures où prospèrent ces idées ne sont ni meilleures ni pires que n’importe quelle autre culture.

Comment une chose pareille peut-elle arriver ? Comment la direction d’une institution de grande culture peut-elle faire des fautes de raisonnement aussi simplistes ? Je pense que c’est parce qu’elle adopte sans aucun esprit critique un fond de croyances qui « résout » les incohérences apparentes d’une certaine idéologie, même si l’école ne le reconnaît pas comme tel.

Considérons cet exemple : Imaginons que l’école B fasse une déclaration de diversité qui encourage le recrutement de couples d’universitaires, et fournisse des incitations financières en faveur de son département, pour atteindre de tels couples. Supposons que le Docteur X – dont la femme n’est pas une universitaire, mais une mère au foyer qui s’occupe des jeunes enfants du couple – soit finaliste pour une titularisation à un poste à B. Son principal concurrent pour ce poste est Dr Y dont la femme est une universitaire dans la même discipline. Il s’agit d’un couple sans enfants. X et Y sont tous les deux des enseignants accomplis, bien que le consensus du comité de recrutement soit qu’X est non seulement un meilleur choix pour B, mais qu’il est légèrement supérieur à Y comme professeur et comme spécialiste. Pourtant, sans surprise, le comité offre le poste à Y et à sa femme. Non seulement l’incitation « deux pour un » a joué un grand rôle dans la décision du comité, mais cela leur a également permis de montrer à l’administration qu’ils sont partie prenante dans l’avènement de la diversité.

Mais ce scénario est-il vraiment en accord avec l’appel typique à ce que l’école « respecte les droits individuels à l’auto-identification » et la proclamation qu’aucune « culture n’est intrinsèquement supérieure à une autre ? » En effet, en fournissant des incitations financières à un tel recrutement, l’école envoie un message clair : nous préférons des professeurs hommes, mariés à des femmes professeurs, même quand nous savons que le professeur homme n’est pas le meilleur candidat pour le poste auquel il a postulé.

S’il vous plait, ne vous méprenez pas sur ce que je dis là. Je ne dis pas qu’une école ne devrait jamais fournir des incitations financières qui puissent aider à ratisser plus large et permettre de joindre des groupes qui sont sous- représentés dans certaines disciplines. Je ne doute pas qu’en certains temps et lieux ce type de stratégie de recrutement soit nécessaire et justifié. En fait, je connais de nombreux couples d’universitaires que j’accueillerais avec plaisir à l’université de Baylor où je travaille comme membre du département de philosophie.

Ce que je suggère est que, lorsque ces stratégies sont mises en œuvre, les écoles fassent attention à ce qu’elles décrivent comme important dans l’acte de candidature et se demandent si certaines pratiques culturelles sont supérieures ou inférieures aux autres.

Après tout, voyons comment madame X peut prendre la chose : Au lieu de voir le recrutement de Monsieur et madame Y comme marquant un point en faveur de la diversité, elle peut le voir comme une perte significative et injustifiée pour elle et pour sa famille, qui aurait pu être évitée si elle avait choisi de suivre une carrière différente et plus « acceptable » il y a des années. Ce qu’elle voit comme une façon de « déshabiller la femme de Pierre pour habiller celle de Paul » ne manifeste ni tolérance ni respect ».

22 Octobre 2015

Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/10/22/the-diversity-paradox/