Le nœud gordien - France Catholique
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Le nœud gordien

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Le nœud gordien

Après la victoire du non au référendum du 5 juillet, qui va trancher le nœud gordien ? « Ou bien s’imposera une discipline démocratique garante des libertés ou bien un homme fort et casqué tirera l’épée. » Ainsi concluait le testament politique du président Georges Pompidou publié sous ce titre après son décès en 1974 (1).

1974 est par ailleurs la date du dernier référendum tenu en Grèce : le 8 décembre, seuls 31,2 % des électeurs (résultat controversé) avaient dit « oui » au retour du roi Constantin II qui avait été démis et le régime monarchique aboli par un précédent référendum organisé le 29 juillet 1973 par le régime des colonels. Au total, cinq référendums entre 1920 et 1974 ont été organisés en Grèce portant tous sur le retour ou non du monarque : oui au retour de Constantin Ier en 1920, non à Georges II en 1924 et en 1935, oui au retour du même en 1946 !

Notez que la Grèce n’a pas tenu de référendum ni en 1981 sur son adhésion à l’Union européenne, ni en 2001 sur le passage à l’euro !!!

La tenue du référendum en Grèce a donc toujours correspondu à une crise de régime, une crise du système politique grec. Celui du 5 juillet 2015 ne fait pas exception puisque c’est l’ensemble de la classe politique grecque qui s’est exposée. L’issue n’était pas de savoir si la perte de revenus sera de 5, de 25 ou de 50 % mais si cela peut advenir en maintenant un cadre démocratique et libéral ou s’il faut sortir de ce cadre.

Certes l’accession de Syriza en janvier dernier n’est pas comparable à la révolution des œillets au Portugal en 1975. En 1974, à la chute des colonels en Grèce, il n’y a pas eu de retour du roi mais pas non plus de révolution ou de virage à gauche : ce sont les conservateurs de Caramanlis qui ont ramassé le pouvoir comme Thiers à la chute du Second Empire sans restauration monarchique (1873).

En 2015, il n’est plus besoin d’avoir recours à l’armée pour faire tomber un gouvernement grec idéologiquement trop « divergent » (schéma 1967 contre le grand-père de Papandreou), ni même de laisser la bride sur le cou au parti néo-nazi Aube dorée pour le déstabiliser. Il suffit, comme en son temps en Amérique latine, de faire confiance aux théories monétaristes de Milton Friedman.

L’histoire de la Grèce indépendante (depuis 1821) n’est certes pas de tout repos. Elle manifeste des fractures profondes. Cependant, les historiens font toujours état de la pérennité d’une forme d’unité nationale indéracinable autour de l’idée hellène. Ce sont toujours des forces extérieures qui ont dressé les Grecs les uns contre les autres ou à tout le moins ont permis à leurs divisions ancestrales de s’exacerber en leur donnant les moyens de se combattre : traditionnellement les influences franco-anglaises contre la puissance russe. Des débats des derniers jours autour de ce référendum, on retire la même impression : le peuple grec est fondamentalement uni dans la crise ; il est artificiellement divisé par les influences extérieures. Le référendum le pousse à se couper entre partisans du oui et partisans du non alors qu’ils sont unis sur l’essentiel. Il est dommage que l’Histoire ne permette plus à la dynastie (imposée de l’extérieur mais devenue nationale tout en étant liée par le sang aux familles royales de toute l’Europe, Espagne, Danemark, Grande-Bretagne) d’incarner cette unité profonde des Hellènes. Est-il trop tard ? Et si l’on tenait demain un septième référendum sur le retour du roi Constantin II ou de son fils, le diadoque Paul ?