Le monothéisme coupable - France Catholique

Le monothéisme coupable

Le monothéisme coupable

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Hier, j’abordais la question de la violence et du religieux, telle qu’elle est exposée dans la presse, qui entend ainsi tirer les leçons des événements douloureux de cette année. Je voudrais y revenir aujourd’hui, parce qu’un autre aspect de cette thématique retient forcément notre attention. C’est l’incrimination du monothéisme. La foi en un Dieu unique serait censée engendrer le fanatisme, dans la mesure où son exclusivisme serait forcément facteur d’intolérance. Dans les années soixante-dix du précédent siècle, ce type de réquisitoire était familier à un courant de pensée qui s’exprimait dans la revue Nouvelle école, et prétendait réhabiliter le vieux paganisme, antérieur à la christianisation de l’Europe. Mais il n’y a pas que la nouvelle droite à développer ce type de discours, on en retrouve l’écho dans certaines tribunes récentes.

Il est impossible de traiter en quelques mots un pareil sujet, qui fait appel à une histoire complexe et à des débats incessants. Toutefois, je me permettrais de remarquer que le monothéisme de la tradition biblique se réclame fondamentalement d’un universalisme qui dépasse toutes les divisions humaines, de quelque nature qu’elles soient. Les commandements du décalogue ne sont pas dévolus au seul peuple juif, ils s’adressent à l’humanité entière, et leur mission est de faire la garde au service de la dignité de tout homme, quel qu’il soit. Certes, il peut y avoir désaccord sur les dix commandements, mais alors c’est notre commune humanité qui se trouve mise en cause. Je constate que le néo-paganisme moderne, celui des nazis notamment, s’est opposé à l’universalisme du monothéisme pour imposer une vision fragmentée de l’humanité, avec une hiérarchie des races. Il n’y a sûrement pas que du négatif à retenir des anciens paganismes, mais ce serait tout de même curieux de ne pas admettre en quoi la révélation mosaïque et chrétienne du Dieu unique a élevé l’ensemble des hommes et des femmes à une dignité nouvelle, qui consiste tout simplement à être reconnus fils et filles de Dieu.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 30 décembre 2015.