Le mardi après Pâques - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Le mardi après Pâques

Traduit par Bernadette Cosyn

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Dans les lectures du bréviaire pour le mardi suivant Pâques, nous trouvons deux passages que j’aimerais examiner avec vous.

Le premier est tiré de la Première Lettre de Pierre. Il dit : « par obéissance à la vérité, vous vous êtes purifiés. » « Obéir » à la vérité, qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ? Nous remarquons qu’il ne dit pas que nous bricolons notre propre « vérité ». Il n’explique pas non plus ce qu’est la vérité. Il présuppose que nous savons que la vérité est de dire d’une chose qu’elle est ce qu’elle est effectivement.

Ce que ce passage nous dit est de lui « obéir », comme si, d’une certaine manière, la vérité nous donnait un commandement implicite. Et, d’une certaine manière, ce commandement, toute chose existante nous le donne par son existence même. « Je suis là, reconnaissez-le ou niez-le ! » Nous ne pouvons éviter la confrontation avec ce qui est devant nous, et la reconnaissance de ce que c’est ou de ce que ce n’est pas.

Nos esprits sont « formatés » par les choses qui existent. Elles sont là, que cela nous plaise ou non. Le fait même que nous ayons une intelligence ne nous laisse pas isolé. Nous sommes interpellés par ce qui attire notre attention et ce qui ne l’attire pas. Pierre dit que cette obéissance à la vérité nous « purifiera », comme pour dire que nos esprits ne sont pas complets sans précisément notre connaissance de ce qui n’est pas nous-mêmes.

Aucune chose n’est achevée tant que quelqu’un ne la connaît pas vraiment. Cette proposition nous inclut. Quand le Christ dit que personne ne connaît le Père, excepté à travers Lui, il nous dit également quelque chose à propos de nous-mêmes. Le but de cet amour purifié de la vérité rejaillit sur « l’amour de nos frères », comme pour dire qu’il y a une relation entre l’existence, la vérité et le bien que nous aimons dans les autres. C’est très trinitaire. Nous sommes reliés entre nous par l’existence, la vérité et l’amour.

Le second passage est de Saint Anastase d’Antioche. Il a écrit : « le Christ nous a montré par ses paroles et par ses actes qu’il était vraiment Dieu est Seigneur de l’univers. » Ce sont des mots choisis avec soin. Nous apprenons du Christ à la fois par ses paroles et par ses actes. Il a dit : « je suis le chemin et la vérité. ». Il a agi en choisissant les Douze pour l’accompagner.

Toute action entraîne des effets. Il est donc mort sur la Croix. Il a souffert, à la fois de laisser cela arriver et de subir la torture et l’humiliation de ce terrible mode d’exécution.

Ce qui pourrait nous surprendre cependant est ce que Saint Anastase nous dit de ce que révèlent les paroles et les actes du Christ. Rien moins que ceci : 1) Il est Dieu et 2) Il est « le Seigneur de l’Univers ». Que peut bien signifier prétendre « être le Seigneur de l’Univers » ? Comment quelque chose qui est arrivé à un homme durant la brève durée de Sa vie terrestre il y a de cela deux millénaires nous indique-t-il que nous avons affaire au « Seigneur de l’Univers » ?

Une première partie de réponse serait de se demander si quelque chose dans les paroles de cet homme suggère que c’est bien ce qu’Il a prétendu être. Il laisse en suspens la question de Pilate qui Lui demande s’Il est le « Roi des Juifs ». Mais ce domaine très terre-à-terre faisait déjà référence à un Royaume plus grand où ses disciples seraient aussi nombreux que les grains de sable de la mer. Toute autorité au ciel et sur la terre Lui a été donnée par Son Père (Matthieu 28).

Seigneur de l’Univers semble suggérer qu’Il a un rôle à jouer. C’est ce que laisse entendre le Prologue de Jean. Toutes choses ont été faites en Lui et par Lui. Il a été envoyé pour restaurer toutes choses. Dans ce passage et dans des douzaines d’autres, la revendication est faite. Et elle n’est pas difficile à comprendre. Alors prenons le temps de nous y arrêter. Cette affirmation a été faite en paroles.

Y a-t-il une preuve quelconque qu’elle dise vrai ? Ou sont-ce seulement les paroles excentriques de quelque esprit bizarroïde, qu’il soit hébreu ou grec ?

Le mardi de Pâques, c’est le jour où la réalité de la Résurrection entre en scène. Bien sûr, des efforts démesurés ont été faits pour « prouver » que la Résurrection n’a jamais eu lieu. Il y a une bonne raison à cela. Ces efforts ayant échoué à montrer que la Résurrection n’a pas eu lieu, nous faisons face au fait qu’elle a bien eu lieu.

La Résurrection est la clef pour comprendre l’univers, du Commencement à la Fin. L’univers est empreint d’intelligence. Il est conçu de telle manière que des êtres intelligents autres que Dieu puissent exister. A chacun de ces êtres rationnels, la vie éternelle est offerte, c’est ce qu’indique la Résurrection. Elle fonde l’offre, pourrait-on dire. Fondamentalement, l’univers est un concentré de choix à faire pour ou contre le projet créateur de Dieu.

Rien de plus, rien de moins.

James V. Schall, qui a été professeur à l’université de Georgetown durant trente-cinq ans, est l’un des écrivains catholiques les plus féconds d’Amérique.

Illustration : tête de Christ couronné d’épines, par Lucas Cranach l’Ancien, vers 1520

source : https://www.thecatholicthing.org/2016/03/29/the-tuesday-after-easter/