Le genre humain dans son ensemble - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Le genre humain dans son ensemble

Traduit par Bernadette Cosyn

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Le mot « homme » (homo en latin avec des équivalences dans la plupart des langues) est le nom que nous donnons à un concept abstrait intelligiblement conçu pour inclure tous les êtres humains qui ont vécu, vivent, ou vivront. Il présente ce qu’ils ont en commun et ce qui les distingue des autres êtres. Il ne nie pas que chaque personne particulière ayant jamais vécu est incarnée d’une façon qui la distingue de toute autre personne.

Les personnes ne sont pas interchangeables. Je ne peux pas dire que Tom est John, mais je peux dire que Tom est un homme et que John également est un homme. Ici, par homme, nous ne voulons pas dire « mâle » (vir en latin), qui est également un concept abstrait valide, et qui, tout comme femelle, désigne et distingue plusieurs individus d’une même sorte.

L’esprit est lumineux, souple. Il peut comprendre différentes significations pour un même mot ou différents mots dans des langues différentes pour un même concept. Apprendre convenablement de façon à distinguer et à se souvenir, c’est affaire d’intelligence et d’éducation. L’intelligence est ce qui nous rend plus que nous-mêmes, capables de comprendre ce qui n’est pas nous-mêmes.

De quoi le genre humain est-il composé ? S’il y avait une race d’être rationnels sur quelque planète d’une lointaine galaxie, en ferait-elle partie ? Probablement. Et tous les êtres humains jamais conçus depuis l’apparition de l’homme ? Oui, ils en font tous partie. Et si la race humaine installait un camp sur Mars ou sur quelque autre point de l’univers loin de la Terre et réussissait à y prospérer, ces gens feraient-ils partie du genre humain ? Sans problème.

La race humaine en tant que telle n’englobe pas les divinités ni les animaux, même si ces derniers pullulent et sont indispensables pour assurer l’existence humaine. Si un astéroïde s’écrasait sur notre Terre et la détruisait, serait-ce la fin de l’espèce humaine si elle n’a pas réussi à s’installer autre part ? Oui, probablement. Mais le concept de ce qu’est un humain demeurera le même s’il reste une entité pensante pour se le représenter. Nous entendons parler d’une race de clones ou d’hybrides entre hommes et animaux. Ce sont des choses que nous pouvons possiblement mettre en œuvre, mais en fait, nous devrions avoir assez de bon sens pour nous en abstenir.

Est-ce que le genre humain, pris dans son ensemble, a un objectif caché  ? Non, seuls des êtres humains pris individuellement ont des objectifs. Cependant, le concept « d’homme » nous rend capables de penser à notre destin, de penser à ce que nous sommes tous. « L’ensemble du genre humain » n’existe pas en un endroit unique ou à un moment unique. Il existe successivement dans le temps et éparpillé sur la planète.

La race humaine parle environ 7000 langues différentes, lesquelles vont et viennent, évoluent. Si des hommes rencontrent par hasard un langage qu’ils ne connaissent pas, ils finissent pas comprendre ce qu’il veut dire. De manière générale, tout langage peut être rendu intelligible à tout autre. Cette compétence signifie que les humains ont des facultés pour vivre ensemble, pour ce comprendre l’un l’autre, en dépit de la difficulté pour un anglophone de parler le mandarin ou le zoulou. Traduire une langue est un travail considérable, et la traduction fait perdre quelque chose de l’original.

On estime qu’à ce jour plus de 100 milliards d’individus sont venus au monde sur cette Terre. Sept milliards d’entre eux sont toujours en vie. Le nombre des morts est donc énorme. Combien d’humains doivent encore venir au monde ?De nombreuses théories écologiques modernes affirment connaître approximativement ce nombre en extrapolant sur la disponibilité des ressources. Il s’y trouve beaucoup de spéculation catastrophiste, associée à de mauvaises théories économiques et à une science limitée à ce que nous connaissons à ce jour.

Il est hautement improbable que l’humanité existe sans raison. Si nous partons de la prémisse théologique que chaque personne conçue est créée pour la vie éternelle, nous concluons que la race humaine existe en vue que chaque personne atteigne ce but transcendant. Il ne peut être atteint qu’à travers la mort. Thomas d’Aquin soutenait que le nombre d’êtres humains prévu pour exister était fini. Cette limite signifie que la race humaine à proprement parler n’est par prévue pour durer indéfiniment dans ce monde.

Donc le but de la race humaine n’est pas de se maintenir le plus longtemps possible dans le temps et dans l’espace comme si c’était son but principal. Le but de la race humaine n’existe pas indépendamment du but de chacun de ses membres. C’est à dire que ce but inclut une vie éternelle personnelle au sein d’une « cité » qui comprend Dieu et d’autres êtres pareillement créés pour cette fin.

Cependant, cette fin doit être choisie individuellement. Si elle ne pouvait être rejetée, il ne vaudrait pas la peine de la posséder parce qu’elle ne serait pas librement choisie. Comment peut-on la rejeter ? En choisissant de ne pas observer les commandements. Vous vous moquez ? Non je suis on ne peut plus sérieux.

Tel est le drame de toute la race humaine.


James V. Schall, S.J., qui a été professeur à l’université de Georgetown durant 35 ans, est l’un des écrivains catholiques les plus prolifiques en Amérique.

Illustration : l’homme de Vitruve, par Léonard de Vinci, vers 1490 [galerie de l’Académie – Venise]

Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/11/21/on-the-whole-human-race/