Le débat confisqué - France Catholique

Le débat confisqué

Le débat confisqué

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Dimanche, les opposants au mariage gay vont encore une fois battre le pavé parisien ; cette nouvelle manifestation nationale est avant tout le résultat de l’absence de débat — y compris à l’Assemblée nationale, où l’on a assisté à un vrai dialogue de sourds, les socialistes refusant de dialoguer sur le fond, appliquant comme des moutons les consignes de leur chef de groupe — sur une question qui concerne pourtant toutes les familles, quelle que soit leur appartenance religieuse ou de pensée. Personne ne peut nier que ce projet de loi soulève des questions d’ordre anthropologiques, et qu’il aurait été sensé de ne pas essayer de le faire passer en force.

Un film venu des Etats-Unis et un récit anglais, montrent chacun à leur manière que ces questions peuvent s’inviter dans des vies ordinaires et que les balayer d’un revers de main ne peut les faire magiquement advenir comme non existantes.

The Place beyond the Pine, magnifique film, conte sans qu’il soit possible de le résumer, deux histoires de relation père, fils qui s’entremêlent… Il montre avec réalisme combien l’image d’un père est nécessaire à un fils pour qu’il se construise et puisse s’en affranchir, c’est-à-dire devenir adulte. On peut n’être pas d’accord avec le point de vue du réalisateur sur l’importance du déterminisme biologique ; Il a au moins le mérite de poser la question et de dénoncer dans cette tragédie moderne, les conséquences toujours malfaisantes du mensonge.

Tout autre apparemment est le sujet du récit autobiographique de l’écrivain écossaise, Jacky Kay, Poussière rouge. Né d’un père nigérian et d’une mère écossaise, elle a été adoptée, à peine née, par un couple écossais, qui ne pouvait avoir d’enfants. Tout en témoignant de l’amour qu’elle porte à ses parents adoptifs, qu’elle considère comme ses vrais parents, elle est partie à 27 ans sur la trace de ses parents biologiques, tout simplement parce qu’elle se sentait étrangère à elle-même. Récit d’une adoption et d’une quête écrite à la première personne, elle ne cache rien des joies et des blessures causées par son histoire singulière et qu’il lui a fallu assumer.

Comme dans The place beyond the pine, elle montre qu’un enfant pour grandir a autant besoin d’altérité que de vérité, qu’une histoire familiale n’est jamais simple, et qu’avant de légiférer, il aurait fallu tout simplement dialoguer. Les chrétiens riches d’une conception de l’homme, fruit de la parole de Dieu et de la tradition de l’Eglise, n’attendent que cela.