Le commencement de la Passion. - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Le commencement de la Passion.

Traduit par Pierre

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J’ai une tâche spéciale en ce Jeudi Saint: écrire un article sur le commencement ce soir de la Passion du Christ, l’évènement (vous connaissez le fond de l’histoire) grâce auquel le péché originel commis par l’homme au jardin d’Eden et le cumul subséquent de péchés individuels accumulés au fil des millénaires furent rachetés. J’ai souvent imaginé, arrivant au paradis (Deo volente), m’asseoir à côté d’Adam et Eve et leur demander: « à quoi pensiez-vous donc?» Oui, nos péchés ont été pardonnés, mais à quel prix ! Notre plongeon liturgique annuel dans les événements de la Semaine Sainte met en valeur la torture d’un tel rachat dans toute son horreur. Allant des Rameaux au Vendredi saint, reconnaissons que nous avons peine à saisir pleinement la pensée des disciples. Nous captons un peu de la pensée de Jésus — non parce que nous serions meilleurs que les disciples ou Marie-Madeleine, mais simplement parce que nous savons ce qui s’est passé ensuite. Nous savons bien, par exemple, comment l’euphorie du dimanche des Rameaux a cédé, quelques jours plus tard, comme la trappe s’ouvre sur la scène, pour tomber dans l’Agonie du Jardin des Oliviers, le tribunal auto-proclamé du Sanhédrin, la justice avortée de Pilate, la flagellation, les insultes, la Via Dolorosa, et la Crucifixion. Pourquoi les disciples n’ont-ils pas mieux saisi ce qui allait se passer après les indices et les prophéties bien claires de Jésus se tournant vers Jérusalem pour y être sacrifié comme l’Agneau de Dieu ? La foule enthousiaste, les miracles, l’entrée triomphale à Jérusalem, était-ce en ce sens ? Et maintenant, au milieu de la Semaine sainte, nous nous retrouvons dans la Passion du Christ, et spécialement au moment de la mise en Croix. Comment ? Jour après jour nous sommes appelés à nous imprégner du Calvaire en ce bas monde. Alors que nous nous plaignons trop souvent de nos petites misères, sans y voir un gisement de grâces pour nous et notre prochain. Les disciples, n’étant que des hommes (d’après la Chute), pouvaient, c’est compréhensible, être emportés par leur désignation comme porteurs du message du Messie pour un ordre nouveau, et donc ne pas saisir la dramatique prédiction. Après tout, tant de paroles de Jésus leur sont passées par-dessus la tête — pensez simplement à leur incapacité à saisir sans son aide la signification des plus simples paraboles. Pourquoi n’auraient-ils eu aucune peine à prendre le message si dur du Christ à propos de ses souffrances et de sa mort prochaines ? Ce devrait être bien différent pour nous. L’Église commémore chaque année ces évènements de notre salut afin de nous aider à porter nos propres croix, lourdes ou légères, et à les offrir par amour et reconnaissance à Notre Sauveur qui, par amour pour nous, a subi la croix au-delà de toute imagination. Catholiques, nous savons que Dieu s’abaissant à notre condition nous permet de participer à son action de rédemption, prenant part, comme St. Paul le déclare avec audace aux Colossiens, aux souffrances du Christ. Comment ? En relevant les défis et saisissant les occasions de chaque jour pour venir en aide à notre prochain, spirituellement comme matériellement. En offrant notre communion avec une intention spéciale pour des pécheurs, ou des trépassés. Ou encore offrir nos efforts au travail ou à la maison pour les pécheurs et les âmes du purgatoire; nous priver de nourriture, boisson, distractions, et nous consacrer à des tâches charitables matérielles ou spirituelles (vous pouvez trouver tout ceci dans le Catéchisme de l’Église Catholique dont vous avez, je n’en doute pas, un exemplaire à portée de main). On peut réciter le Rosaire et le Chapelet de la Divine Miséricorde, manifester ou prier devant des cliniques d’avortement, aller en pélerinage vers des lieux saints, en famille ou avec des amis. On peut lire des ouvrages de saints, de mystiques ou autre auteurs spirituels sur la Passion (le livre concluant la série sur Jésus, par le Pape émérite Benoît, ouvre d’immenses perspectives). Et, naturellement, le Chemin de Croix, avec des douzaines de commentaires intéressants, dont ceux des prochainement Saints Jean-Paul et Josemaria Escriva. La valeur d’intercession de telles offrandes à Dieu, même la plus petite, peut être incommensurable, puisque cette valeur provient du Christ. De toute manière, nul n’échappera à la souffrance, quelle qu’en soit la forme — douleur physique, problèmes mentaux, addiction, pauvreté, solitude, deuil, persécution. C’est en éprouvant cette souffrance qu’on peut vraiment mesurer au moins un peu ce que furent Ses Souffrances, incomparablement pires, car portant sans l’avoir mérité la somme des fautes et des souffrances des hommes. Ainsi donc, par notre propre affliction, nous pouvons saisir un peu comment Lui — vrai Dieu et vrai Homme — a souffert pour chacun d’entre nous. Alors, en cette période particulière, pour l’Église comme pour un monde inconscient, nous avons un rôle à jouer: partager avec chacun la miséricorde et l’amour du Christ souffrant pour tous.
— – Le Père C. John McCloskey, Historien de l’Église, est chercheur à l’Institut « Foi et Raison » de Washington. Tableau : Le Christ au Jardin des Oliviers, par Paul Gauguin, 1889. Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/the-passion-begins.html