Le cadre présent - France Catholique
Edit Template
Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
Edit Template

Le cadre présent

La réception des paroles du Pape par les médias

Copier le lien
Photo : Brad Miner Les retombées du livre d’entretiens avec Benoît XVI, de Peter Seewald, sont un exemple typique du parti pris des médias. Quelques phrases de Lumière du monde. Le pape, l’Eglise et les signes des temps – à peine quelques minutes extraites de 6 heures de conversation par jour pendant 6 jours entre le journaliste et le Pape – ont fait la Une des journaux en colportant le contraire de ce que voulait dire le Pape. Sa Sainteté en a l’habitude, et pourtant cela n’a pas dû lui être agréable de lire qu’une ancienne top model, aujourd’hui Première Dame de France, a commenté ses commentaires sur l’usage du préservatif comme « un pas assez énorme vers quelque chose de très nouveau. » Le Saint-Père doit être frustré que la distorsion de ses mots comparée à l’enseignement de l’Eglise donne l’impression que le message de l’Eglise au monde fait 2 pas en avant et 3 pas en arrière. Il ne parle pas ainsi seulement pour informer, mais pour rectifier. A une autre époque, sa candeur aurait provoqué des protestations outrées au Vatican. Et quelques uns là-bas aujourd’hui ont dû regretter ces jours où les papes étaient « prisonniers du Vatican », voyageaient rarement et ne donnaient jamais d’interviews en tête à tête aux journalistes. Mais nous sommes bénis d’avoir un pape qui prend le temps d’expliquer son rôle dans l’Eglise et la constance de la foi catholique dans le monde contemporain. Tout est en mouvement aujourd’hui, et nul pape n’a été plus connaisseur des développements technologiques et des transformations culturelles, ce qui pourrait expliquer pourquoi des catholiques libéraux et leur contrepartie médiatique font de quelques bribes de pensée un baobab de révolution. Mais Lumière du monde révèle un pape attentif à poursuivre la mission traditionnelle de l’Eglise. Oui, il cherche activement de nouvelles façons d’évangéliser, mais cette mission elle-même est en parfaite continuité avec les 15 précédents papes du nom de Benoît. Il communique avec une clarté et une franchise qui peuvent surprendre ceux qui attendent du plus érudit des papes qu’il soit professoral, voire ennuyeux. En réalité, il est un enseignant lumineux. Par exemple, il connaît bien le mépris que beaucoup affichent pour la notion d’infaillibilité pontificale à notre époque démocratique. Son explication est élégante et équilibrée : « Si et seulement si certaines conditions sont présentes, quand la tradition a été clarifiée et qu’il sait qu’il n’agit pas arbitrairement, alors le pape peut dire : « Ceci est la foi de l’Eglise » – et le nier n’est pas de la foi de l’Eglise. » Comme des garçons adolescents autour d’un roman sulfureux, les médias se sont emparés de Lumière du monde pour y trouver des passages juteux. C’est certain, M. Seewald, dont les questions sont parfois plus longues que les réponses du pape, interroge beaucoup sur les questions d’ordre sexuel : affaires de pédophilie, mariage et divorce, contraception, homosexualité, célibat et préservatifs. Si l’on considère les cinq dernières années d’actualités, c’est compréhensible. Chacune des réponses du Pape – à condition qu’elles soient lues dans leur contexte – va décevoir les rédacteurs de Une. Il est clair depuis longtemps que le Pape ne conçoit pas dans l’Eglise de rôle particulier pour les gays déclarés. « L’homosexualité, dit-il, est incompatible avec le sacerdoce » (les médias ont manqué cette parole). Au sujet du nombre de gays et lesbiennes dans la vie religieuse, le Pape répond que c’est « seulement l’une des misères de l’Eglise ». Je venais de lire ce passage lorsque j’ai reçu un appel d’un ami prêtre qui était en train de lire un livre de James Alison, un prêtre gay, qui prédit une transformation dans le discours de l’Eglise sur l’homosexualité. « Est-ce qu’il propose une date ? », ai-je demandé. Mon ami pensait qu’il n’en donnait pas, ou bien loin dans le futur, et j’ai fait remarquer que si on ne donne pas de date, on peut prédire ce que l’on veut sans risque. En réalité, lire Lumière du monde mène beaucoup plus à croire avec certitude que l’acceptation de l’homosexualité, l’ordination des femmes, ou un changement dans l’enseignement de l’Eglise sur la contraception sont aussi peu probables maintenant qu’auparavant. Si les homosexuels ne sont pas acceptés dans les séminaires, (comme le stipulent de nouvelles directives), si les séminaristes présents et futurs sont (comme ils le semblent) davantage des fils de Ratzinger que de Küng, et si le collège cardinalice continue d’être constitué d’hommes de mêmes convictions, comme Raymond Burke par exemple (comme ils le sont tous après trois décennies de nominations par Jean-Paul II et Benoît XVI), alors il y aura sans aucun doute une continuité dans la tradition. J’ai également entendu qu’un vieux militaire a élevé une plainte contre l’intégration des homosexuels dans l’armée par le Ministère de la Défense. Est-ce que la fin du Don’t Ask, Don’t Tell signifie un changement de même nature prochainement dans l’Eglise ? Pas de risque. Le Pape dit à Seewald : « C’est un point sur lequel nous devons être fermes, même si cela ne plaît pas à notre époque ». Benoît XVI parle souvent du « cadre présent » ou de la « structure » et cela peut vouloir dire différentes choses : soit une référence au relativisme occidental, soit la position de l’Eglise à contre-courant. Mais la plupart du temps le Pape a le souci de mesures concrètes, de réformes. Il est un réformateur « raisonnable et déterminé » dans le sens de Chesterton : il voit quelque chose sans forme et entend lui donner sa vraie forme, qu’il connait bien. A la fin de l’interview, M. Seewald questionne Benoît XVI sur les fins dernières, et le Pape parle de « briser la barrière de la finitude ». Nous serons prêts à rencontrer le Seigneur lors de son retour si nous le rencontrons souvent à la Messe. C’est là que se situe l’Espérance et le changement : « L’Eucharistie est le lieu où l’homme reçoit l’enseignement duquel viennent toutes choses nouvelles. »
article traduit par Kurian Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2010/the-present-framework.html Brad Miner est un ancien directeur littéraire de National Review. Il est éditorialiste senior de The Catholic Thing et auteur de The Compleat Gentleman (le gentleman accompli).

Documents joints