Le Pape dans La Croix - France Catholique
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Saint Benoît, un patron pour l'Europe
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Le Pape dans La Croix

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L’entretien que le pape François a donné à La Croix, et que notre confrère a publié dans son édition d’hier, a été repris et cité un peu partout. Les chaînes d’information ont fait un sort particulier à ce qu’il disait du cardinal Barbarin et du scandale de pédophilie qui a éclaté à Lyon. Lorsqu’on sait les relations entre l’archevêque de Lyon et François, on n’est pas étonné des qualificatifs employés à propos du Cardinal : « C’est un courageux, un créatif et un missionnaire. » Voilà qui compense heureusement la campagne virulente menée contre lui. Le Pape se montre parfaitement informé du dossier et réaffirme qu’aucune indulgence n’est possible à l’égard du scandale des prêtres qui « disséminent le mal, le ressentiment, la douleur ».

Mais l’ensemble de l’entretien réclamerait un large commentaire, tant il aborde des sujets cruciaux, sur lesquels le Pape est attendu du fait de ses engagements. Ses déclarations sur l’islam et les migrants apportent des précisions qui ne manqueront pas d’alimenter notre réflexion commune. J’ai retenu particulièrement le paragraphe qui concerne l’idée d’intégration culturelle que le Pape avait déjà évoquée, mais de façon presque allusive. Cette fois, il va beaucoup plus loin : « Cela montre pour l’Europe l’importance de retrouver sa capacité d’intégrer. Je pense à Grégoire le Grand (Pape de 590 à 604 précise la rédaction) qui a négocié avec ceux qu’on appelait les barbares, qui se sont ensuite intégrés. Cette intégration est d’autant plus nécessaire aujourd’hui que l’Europe connaît un grave problème de dénatalité, en raison d’une recherche égoïste du bien-être. Un vide démographique s’installe. En France, toutefois, grâce à la politique familiale, cette tendance est atténuée. »

Un tel propos est littéralement vertigineux, par l’ampleur de la perspective qu’il ouvre, en rapport avec une séquence historique de rupture. Ce n’est pas moins qu’un ébranlement de civilisation qui s’impose à nous, analogue à celui qui devait décider de la formation de l’Europe médiévale, consécutive à la désintégration de l’Empire romain. François voit se dessiner des transferts massifs de populations que notre continent devra accueillir dans le but de les intégrer. Sa vision grandiose, prophétique, est loin d’être partagée aujourd’hui par les dirigeants et les peuples européens. Nul doute que c’est un formidable débat qui s’annonce.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 18 mai 2016.