Le Baiser de Limoges - France Catholique

Le Baiser de Limoges

Le Baiser de Limoges

Au plus bas des sondages, François Hollande doit encore essuyer la charge d’un livre rédigé par celle qu’il qualifiait, il y a deux ans, de « Femme de sa vie », devenue par dépit la passionaria des « Sans-dents ».
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Valérie Trierweiler, née Massonneau, n’a jamais oublié d’où elle vient. Cendrillon distinguée par François Mitterrand alors qu’elle débute dans le journalisme, elle a grandi dans la Zup Nord d’Angers. Son père, grand invalide de guerre à douze ans par la faute d’un éclat d’obus, a perdu une jambe en 1944. Sa « mère courage » n’a pas encore vingt ans quand elle accouche de son sixième enfant ! La petite Valérie échappe à cet univers grâce aux livres. Des heures passées à la bibliothèque municipale dans l’odeur fade des livres poussièreux. Telle est sa « madeleine de Proust » !

Pourtant, personne ne songerait à Cosette en la voyant si froide, si hautaine sur le perron de l’Elysée. En 2007, elle est la « femme fatale » qui a brisé le foyer de Ségolène Royal, laquelle renvoie du domicile improprement dit « conjugal » le père volage de leur quatre enfants. En 2012, elle est la « first girl friend », sobriquet façonné pour tenir compte de son étrange statut de « compagne du Président » en voyage officiel aux USA. L’expression fait flores auprès des média de tous bords qui ne l’aiment guère, jaloux de son ascension fulgurante. Vingt livres paraissent sur elle qui la décrivent comme une femme hystérique, et maladivement jalouse. Leurs titres sont évocateurs : « La Favorite », »La Frondeuse ». Cependant à part un tweet désastreux, et le péremptoire « embrasse-moi sur la bouche !» de la place de la Bastille, il faut convenir que la journaliste à Match se garde de répondre à toutes ces attaques qui pourtant la blessent. Elle laisse aboyer les chiens pour que passe la caravane présidentielle. Certes, elle aurait aimé être défendue, soutenue par celui qu’elle déclare avoir aimé à la folie… »protégée » serait plus juste. Mais François n’a jamais en vue que sa personne et son destin… Peu à peu, elle va devenir transparente, encombrante comme une potiche qui attire la lumière et fait de l’ombre à celui qui aspire depuis toujours à la lumière de la plus haute charge de l’Etat. On la dit assoiffée de pouvoir alors qu’elle fait remarquer qu’elle est tombée amoureuse d’un François Hollande, alors secrétaire du Parti socialiste, qui ne jouissait déjà pas de sondages mirobolants. Personne ne croyait en lui, tandis qu’il la poursuivait de ses assiduités, sans égards pour son statut d’épouse et de mère de trois enfants.

Au fil des quelques 300 pages d’un livre à la couverture verdâtre peu alléchante (dont le premier tirage de 200 000 exemplaires a été épuisé en quatre jours !) Valérie Trierweiler joue la carte de la sincèrité, quitte à dévoiler une personnalité fragile, peu sûre d’elle, traînant toujours après soi un complexe d’illégitimité. Son récit commence par l’évocation des photos de Closer montrant le Président de la République chevauchant la croupe d’un scooter, caché sous un casque intégral pour apportant des croissants à sa dulcinée secrète, la comédienne Julie Gayet de 20 ans sa cadette ! L’ex-première dame, que cette rumeur empoisonne depuis plusieurs semaines, demande à l’intéressé des explications. Les « yeux dans les yeux », elle obtient le plus ferme des démentis jusqu’au moment où la bombe médiatique explose, obligeant à des aveux ! « A cet instant-là, écrit-elle , je me sens davantage atteinte par le désastre politique que par notre faillite personnelle (…) sans doute l’espoir de sauver notre couple ! » Mais la déflagration est trop violente et elle confesse n’avoir vu alors d’autre ligne de fuite que celle d’un sommeil artificiel (peut-être irréversible) qui lui vaut d’être illico hospitalisée « poupée de chiffon disloquée ». Convalescence à La Lanterne où le vide se fait autour d’elle. Il ne fait pas bon frayer avec la perdante ! « Ceux que je connais le mieux sont aux abonnés absents, leur silence sera plus criant encore lorsque je lirai les messages de l’autre camp ». La Roche Tarpéienne suit de si près le Capitole qu’on peut bien se gargariser des valeurs humaines et solidaires de la Gauche et s’en laver les mains dès qu’il s’agit de soigner sa propre image !

C’est d’ailleurs l’un des mérites de cet ouvrage écrit « avec ses larmes et ses insomnies » que de montrer le décalage cynique qui existe pour la gauche bobo dont François Hollande est partie prenante et la masse de ceux qui subissent la crise. « François n’a jamais manqué de rien » dit-elle : «  il lui faut toujours le meilleur, rien que le meilleur », lui qui ne mange de fraises que s’il s’agit de « garriguettes » et de pommes de terre que poussées à Noirmoutier ! Pour preuve ce fameux Noël de sa traversée du désert qu’il consent à passer dans la famille de sa compagne. Grande table de 25 personnes, convivialité et blagues racontées par la guest-star dont la présence intimide. Au dessert, François Hollande glisse dans l’oreille de Valérie : « pas jojo la famille Massonneau » !  Car celui qui prétend, le regard embué devant les caméras, aimer les pauvres et les humbles qui sont sa raison de vivre et le sens de son engagement politique, les traite en privé, selon le mot de Victor Hugo, de « sans-dents ». La Gauche « bien jojo et bien bobo » a beau se récrier, le Président n’a pas démenti l’expression en tant que telle !

Ce qu’on apprend aussi dans ce livre destiné à ceux qui « veulent comprendre », ce sont les dessous de ces moments au secret bien gardé, comme cette nuit où DSK tombe, tandis que, averti par sa compagne, le candidat aux primaires se rendort, incrédule ! Et tant d’autres qui dévoilent le visage d’un homme auto-centré, persuadé d’être le meilleur, insensible à la douleur des autres et fuyant tout ce qui touche à la mort inhérente à l’humaine condition. Etrange pour un Président normal !

Un homme qui veut le mariage pour tous, sauf pour lui ! Même si l’on ne saurait dédouaner la journaliste d’avoir milité hardiment en faveur de cette loi qui sape le mariage et distord la filiation, on ne peut que compatir à la douleur d’une femme qui paie si cher les idéaux soixante-huitards auxquels elle croit. En dix huit mots glacials dictés à l’AFP, en janvier 2014, François Hollande l’a répudiée planétairement. Depuis, il n’a cessé de la harceler de textos, lui proposant même de l’épouser (sic) et lui faisant porter un énorme bouquet de roses le 14 avril dernier, date anniversaire du « Baiser de Limoges » par lequel, neuf ans plus tôt, tout avait basculé ! Limoges, capitale de la porcelaine !… Mais impossible de recoller les morceaux ! Et de conclure, paraphrasant Hugo dans Lucrèce Borgia : « Je n’ai été ni épousée, ni protégée »…seulement répudiée ! Cela vaut bien une confortable indemnité payée en droits d’auteur !