La substance même de l'âme humaine - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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La substance même de l’âme humaine

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Que dire au lendemain de cette journée de manifestation, qui a prouvé que le phénomène Manif pour tous était bel et bien inscrit dans la réalité politique, sociale et culturelle de notre pays ? Il me semble que ce fait, reconnu par les médias, a une signification singulière pour notre temps. Il suffit de la détermination de quelques uns, relayés par des réseaux de conviction pour contredire le tabou contemporain de l’inéluctable de certaines tendances identifiées avec le progrès. Le principal argument des adversaires de la Manif pour tous ne tient-il pas dans le caractère réactionnaire et régressif de la protestation qu’elle exprime ? Il est vain, voire même insensé de se mettre en travers de la marche du progrès. Et de ce point de vue, il y a une forte connivence entre une gauche sociétale et une certaine forme de libéralisme moral.

C’est d’ailleurs assez paradoxal dans un univers qui se prétend fondé sur la liberté d’opinion. Il n’y aurait qu’un seul courant de pensée légitime, celui qui se confond avec une sorte de progressisme absolu. Dans ce cas, il faudrait interdire par principe les courants définis comme anti-progressistes. Mais pense-t-on que les États-Unis, par exemple, interdiront les courants religieux puissants qui s’opposent, sur le terrain des mœurs à certaines évolutions, voire à certaines normes défendues par la Cour suprême ? C’est proprement impensable, car ce serait pour la démocratie américaine renier ses fondements même. Qu’on le veuille ou pas, la question de l’avortement se trouve toujours aussi âprement débattue entre deux moitiés du pays, et il n’y a aucune possibilité d’envisager que le désaccord s’éteigne jamais.

Il en va de même pour la France, et les causes défendues par La Manif pour tous sont d’une nature telle qu’il faudrait anéantir les consciences pour abolir ce grand mouvement qui ne s’explique que par la mobilisation des convictions les plus profondes. Oui, le désaccord est sérieux, il ne s’explique que par une différence fondamentale de vision sur l’humanité. De ce point de vue, je reprendrai volontiers une expression du philosophe Jean-Claude Michéa, quand il exprime l’idée que les options actuelles ont un caractère global qui mettent en cause « la substance même de l’âme humaine ».

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 6 octobre 2014.