La sensibilité « Subiaco » - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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La sensibilité « Subiaco »

Traduction MTDC

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Quand une dame demanda à Thomas Jefferson où il avait trouvé les idées de la Déclaration d’Indépendance, on dit qu’il répondit : « Elles étaient dans l’air ».

Ces derniers temps ce qui est dans l’air parmi les catholiques c’est ce qu’on appelle l’Option st Benoît. Cette notion a pris naissance à la fin de l’ «After Virtue» d’Alasdair MacIntyre, qui est célèbre pour avoir déclaré que nous attendons un autre, et sans aucun doute très différent, St Benoît. Plus tard cela a été popularisé par Rod Dreher, comme étant le point important, à une époque où «  les conditions de perte des valeurs morales et d’atomisation » étant devenues graves, les gens qui cherchent une vie morale dans une vraie communauté, décident qu’ « ils doivent rompre avec la culture ambiante d’une manière radicale».

Mr Dreher mentionna cette idée dans son livre paru en 2006 « Crunchy Cons » (il s’agit, comme l’indique le sous-titre, «de gens portant des sandales Birkestock très burkiennes, de jardiniers biologiques qui aiment les fusils, de fermiers évangéliques pratiquant l’élevage en plein air, de mamans branchées qui font l’école à la maison, de gens de droite amoureux de la nature. »)

Le « Benoît » évoqué ici, est bien sûr, le pionnier du 6ème siècle du monachisme occidental, Benoît de Nursie, un saint des plus honorés.

Canonisé par Honoré III en 1220, Benoît a été nommé patron protecteur de l’Europe par le Bienheureux Paul VI (1964) et élevé au titre de co-patron de l’Europe (avec Cyril et Méthode) par le pape St Jean-Paul II (1980). Avec ses moines à Subiaco, en Italie, on dit souvent que Benoît a sauvé la civilisation occidentale pendant ce qu’on appelle le Haut Moyen – Âge ou l’Âge des Ténèbres (de l’obscurantisme).

Ce terme ridicule d’Âge des Ténèbres (de l’obscurantisme) faisait à l’origine référence à la meilleure partie du millénaire allant du 5ème siècle jusqu’au début du 15ème, de la fin de la « lumière » romaine jusqu’au début de la Renaissance, la nouvelle naissance.

Un tableau fidèle et complet de l’histoire prendra sûrement en compte la contribution des moines, mais déclarer qu’ils aient « sauvé l’Occident » relève du triomphalisme à l’extrême.

De toutes façons, tout le monde est convaincu que nous ne voulons pas retourner dans un Nouvel Âge de Ténèbres (de l’obscurantisme), parce-que, comme Hollywood nous l’a montré, ce serait apocalyptique, sinon l’Apocalypse même.

Mr Dreher a récemment eu un entretien avec l’abbé américain de l’abbaye bénédictine de Subiaco : « J’ai dit que je n’envisage pas que tout le monde courre se réfugier dans les collines et vive dans un complexe armé…. L’idée, lui ai-je dit, est de pouvoir protéger notre savoir et notre tradition dans une période sombre.

Cet abbé répondit que pour lui cela faisait sens, insistant sur le fait que nous ne vivons pas en « des temps normaux ». Cet abbé développant sa pensée, déclara : « S’ils veulent que leurs descendants soient là pour la reconstruction, les familles ne peuvent pas vivre comme si c’étaient des temps normaux ».

Voilà une expression évocatrice qui mérite d’être un titre : La Reconstruction
Jusqu’à ce jour, l’option St Benoît n’a pas mené- sauf dans très peu de cas- à des regroupements domestiques de la sorte de ceux qui sont apparus en Amérique au 19ème siècle : des communautés utopistes telles que New Harmony, Brook Farm, Hopedale, et Oneida. Peu ont duré plus de dix ans.

Mais ce nouveau concept d’une vie plus cloîtrée n’est pas réellement conceptualisé car il implique des théories éthérées (la théosophie, le Transcendentalisme, le spiritualisme, le Socialisme). C’est chrétien, pur, simple mais pas janséniste, quoique ce soit bien trop tôt (avec trop peu d’exemples) pour porter un jugement clair sur cela.

Aucun doute que notre civilisation est actuellement en déclin, mais je défie quiconque de nommer une autre civilisation à n’importe quelle époque qui n’ait pas été décriée par ses contemporains comme étant désespérée.

Pour moi c’est simplement un autre exemple de : «le monde, c’est trop pour nous», quoique je ne sois pas un fan de Wordsworth (l’inventeur de l’expression, tirée de son poème du même nom), qui me frappe comme la sorte de personne à qui une communauté rurale de croyants convaincus plairait – tant qu’il pourrait la diriger. C’est ce qu’il aurait pu faire, jusqu’à ce que cela se mette à l’ennuyer. L’Option St Benoît m’ennuie déjà.

Civilité, civilisation, civique, civil, chacun de ces mots a sa racine dans le mot latin civis, citoyen. Le plus magnifique, le mot civilisation, implique les raffinements collectifs d’une société, et signifie en substance  « la vie dans la cité », la civitas. Le présupposé est que, depuis les temps anciens, c’était dans la cité que l’on trouvait les idées, les institutions et les individus les meilleurs et les plus raffinés. Et, c’est pourquoi, les églises catholiques,- quoiqu’il y eut des exceptions, étaient essentiellement construites dans des centres très peuplés. Parmi ces exceptions, il y avait les églises et chapelles construites pour accompagner les monastères et les couvents.

J’aimerais beaucoup vivre dans une cité près de laquelle se trouve un monastère et dans lequel je pourrais faire des retraites et assister à la messe, spécialement si les moines font de la bonne bière, quoique pour cela, il se peut que je doive me déplacer en Belgique.

Quand j’étais dans l’édition, on m’a demandé d’inviter à dîner l’un des auteurs à succès de cette maison d’édition, C.K.Ramaswamy Gounder. Il était mieux connu sous le nom de Swami Satchidamanda. Quelqu’un de sympathique. C’était l’un des gourous, réellement populaires des années soixante et soixante dix. Nous ont rejoints au meilleur restaurant indien de Manhattan, l’artiste Peter Max, la musicienne Alice Coltrane (seconde épouse du grand Trane lui-même), et plusieurs jeunes personnes, disciples de ce gourou. Dire que je n’étais pas sur la même longueur d’onde, est un euphémisme. Mais à un certain moment quelqu’un a demandé à Alice s’il était difficile de faire du yoga dans la cité. « Oui », dit-elle. Mais le swami n’était absolument pas d’accord..

« Il n’y a pas de meilleur lieu qu’ici pour le yoga », dit-il. « Ici où trouver un endroit tranquille à l’intérieur est si important, ici où l’amour est si nécessaire.»

Puis il me regarda, moi, le type en costume – cravate, et sourit. Un sourire tout à fait agréable, je dois dire, je lui répondis par un sourire et dis :
« C’est aussi un endroit parfait pour être catholique romain ».
Satchidnanda, surpris, s’agita sur sa chaise et avec humour, il rit de bon cœur.

Lundi 3 Novembre2014

Source : http://www.thecatholicthing.org/2014/11/03/the-subiaco-sensibility-2/