La menace Ebola - France Catholique

La menace Ebola

La menace Ebola

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La propagation du virus Ebola en Afrique de l’Ouest est passée du stade de crise sanitaire au statut de crise internationale relevant du Conseil de Sécurité des Nations Unies.

Le Conseil de Sécurité des Nations Unies a adopté le 19 septembre à l’unanimité la résolution 2177 qui qualifie la situation en Guinée-Conakry, Sierra Leone et Libéria de « menace contre la paix et la sécurité internationale », c’est-à-dire qu’elle autorise des mesures à caractère obligatoire et contraignant, impliquant éventuellement des actions militaires. C’est la première fois qu’il en va ainsi. Comment expliquer qu’un problème de santé publique justifie d’un tel traitement ?

L’intervention du Conseil de Sécurité dépasse le cadre habituel dans lequel sont traités les problèmes de santé : l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Certes la réaction a été lente. Le premier cas est survenu à la frontière des trois Etats susmentionnés, en Guinée forestière, en février et diagnostiqué par l’Institut Pasteur dès le mois de mars. Or ce n’est que le 20 Août que l’OMS a décrété l’urgence et adopté le 28 août un plan d’action. Le 5 septembre était activé le mécanisme de réponse de crise. Le président Obama est intervenu le 16 septembre et la délégation américaine à l’ONU a déposé un projet de résolution adopté le 19.

Si l’on est ainsi passé de l’OMS au chapitre VII de la Charte de l’ONU, c’est que le problème a changé de nature : le traitement des malades a été supplanté par une situation sécuritaire extrêmement grave pouvant dégénérer en une rupture de la paix dans les pays concernés mais aussi entre ceux-ci et le reste du monde. En Sierra Leone, au Libéria et en Guinée forestière, l’épidémie ne fait pas seulement des victimes parmi les personnes affectées, mais aussi parmi ceux qui sont supposés les aider. Les populations réagissent violemment à l’intervention de personnels de santé ou de sécurité qui tentent d’organiser la lutte contre la contagion. Les maigres effectifs dont disposent ces pays parmi les plus pauvres, au sortir d’une dizaine d’années de guerre civile, ne suffisent pas à faire face à des situations de panique. Couvre-feu, mesures de confinement de toute la population pendant trois jours en Sierra Leone du 19 au 21 septembre, assignation à résidence, centres d’isolement, toutes ces mesures visent au contrôle de la population à caractère coercitif.
La résolution 2177 mentionne expressément le recours aux forces militaires de l’organisation régionale, la CEDEAO. Le président américain a annoncé l’envoi de 3000 éléments des forces armées avec un centre de commandement basé à Monrovia. Parallèlement, la résolution crée une mission de coordination (UNMEER, mission des NU de réponse d’urgence à Ebola) dirigée par un représentant spécial du secrétaire général des NU, comme dans les grands conflits.

La résolution onusienne prévoit également une coopération transfrontalière, mais aussi la consigne de non-isolement de la région concernée par les vols internationaux. Les compagnies aériennes mondiales avaient annoncé l’annulation de leurs vols. L’ONU les enjoint de les reprendre ! Il y a là une action nouvelle, qui vise à une régulation mondiale. Les résultats seront suivis avec attention et constitueront un précédent.