La foi, qu’est-ce que cela change? - France Catholique

La foi, qu’est-ce que cela change?

Traduit par Isabelle

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Que change la foi dans la vie des croyants ? Qu’ont les croyants que les non- croyants n’ont pas ?

Certaines études suggèrent que les croyants sont plus heureux que les non croyants, tandis que d’autres proclament le contraire. Cependant la simple expérience nous dit que les croyants ne sont pas tous heureux (au sens du bienêtre général) ou même agréables à vivre. Et il y a un bon nombre de non croyants dont joyeuses dispositions rendent la compagnie agréable.

En ce cas, la foi doit bien servir à quelque chose, mis à part le bonheur individuel, bien que les deux ne soient certainement pas exclusifs l’un de l’autre. Si vraiment il vaut la peine d’avoir la foi, cela doit transcender les limites des personnes qui la possèdent.

Qu’est-ce que la foi apporte aux croyants ? Une disposition et un art de vivre complets. Une relation personnelle et sans limite avec Dieu, leur créateur, qui leur parle au fond de leur cœur. Une participation à l’Eglise qui unit tous ses membres, les vivants et les morts, comme frères et sœurs dans l’Esprit Saint. Un engagement dans la charité qui, s’il est bien vécu, met en valeur leur relation à Dieu et aux autres. Une certitude que leur vie, et l’univers, ont une valeur intrinsèque, dans le plan de leur Créateur, et sont dans les mains aimantes de la Providence. L’espoir sincère qu’il y a une vie au-delà de cette vallée de larmes.

Ces dons de la foi ne risquent pas de marquer beaucoup de points dans les études laïques, mais ils demeurent les attributs indispensables de ce que Socrate appellerait la vie examinée – une vie pénétrée de son but, son sens, sa direction et son espoir. Cependant la vie de la foi n’est pas simplement une attitude ou un engagement comme le sont l’optimisme ou l’humanisme. La foi est une réalité qui se vit, pas seulement une idée qu’on a, car elle consiste en une rencontre dynamique avec le Dieu vivant et aimant.

Les non croyants échouent à reconnaitre cette relation fondamentale avec Dieu, qui devrait, à son tour, donner leur forme à toutes relations humaines. Sans Dieu, il leur manque aussi le sen de la vie qui en découle, et la ferme espérance. A la place, ils sont obligés de concevoir eux-mêmes le sens de leur vie, leurs propres manières d’avoir des relations avec autrui, leurs propres projets. Par une étrange ironie, ils agissent comme directeurs exécutifs d’une vie qu’ils n’ont jamais demandé à vivre et pour laquelle ils n’ont pas eu leur mot à dire.

Quel sens les humains pourront-ils trouver tout seuls à leur vie ? Selon Henri de Lubac, ils créent des « dieux anthropomorphiques » qui peuvent être les idéaux et les valeurs de n’importe quelle époque. De nos jours, des penseurs laïcs tels que Steven Pinker, se font l’avocat d’un «  humanisme scientifique » où les motivations humaines, et la moralité sont déterminées par les conclusions de la science. Pinker lui-même qualifie cette vision du monde de « moralité de fait des démocraties modernes, des organisations internationales, des religions libéralisantes, et ses promesses non tenues définissent les impératifs moraux auxquels nous faisons face. »

Mais qu’arrive-t-il aux non-croyants s’ils embrassent (sur un plan supposément scientifique) l’hypothèse philosophique du Darwinisme : que la vie humaine n’a pas de but en soi, et que la vie n’est qu’un produit accidentel du hasard ? Qu’arrive-t-il s’ils interprètent une évidence scientifique de façon erronée, à l’instar, par exemple, des esclavagistes, des eugénistes, des nazis, et des tenants de l’avortement qui ont tiré des conclusions pour décider de qui peut être pleinement qualifié d’humain ? C’est après tout la science sur laquelle s’est appuyé le docteur Richard Dawkins pour sa récente recommandation à chaque femme enceinte d’un bébé trisomique : « Avortez et faites-en un autre. Ce serait immoral de l’amener au monde si vous avez le choix. »

Toute merveilleuse et puissante qu’elle soit, la science demeure finalement un outil fait par l’homme et qui mesure la réalité, mais ne la transcende pas. Et ce que recherchent tous nos cœurs impatients, c’est de transcender notre conditions humaine. Mais aussi, comme nous sommes limités, et comme le dit de Lubac, l’homme « est incapable de transcender ses propres ressources.

(Il) demeure toujours prisonnier de la notion étroite d’individualité qu’il a projetée sur ses propres dieux » C’est pourquoi son « ardent désir de transcendance…. demeure toujours ambigu; un rêve, mais un rêve qui est menacé par la ruine et le désespoir du réveil. »

Par analogie, pour avoir une vision de ce que change la foi, on peut imaginer deux hommes abandonnés au milieu de l’Amazonie. L’homme qui a la foi a reçu un compas, une carte, un sac à dos, de la nourriture, de l’eau et des bottes ; l’autre a insisté sur le fait qu’il n’avait besoin que de lui-même. Dans leur tentative respective de rentrer chez eux, on voit clairement celui qui est le mieux armé.

Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/the-difference-faith-makes.html