La culture de l'envie - France Catholique

La culture de l’envie

La culture de l’envie

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Le livre de Götz Aly « Pourquoi les Allemands ? Pourquoi les Juifs ? » raconte la montée de l’antisémitisme dans les territoires qui sont devenus la république allemande. Il décrit certaines tendances historiques remontant avant les années trente et son étude pourrait avoir une application plus large, même dans ce pays, parce que nous n’avons pas encore appris tout ce que nous pouvons de l’histoire de l’Allemagne moderne. La route de la sophistication à la sauvagerie est une parabole pour de nombreux pays, comme les Etats-Unis, qui considèrent tranquillement le massacre d’innombrables enfants à naître comme l’un des coûts acceptables de la modernité.

Un observateur allemand des années trente, Kurt Blumenfeld, a noté que « les gens demandent l’état « total » dans lequel aucune part de la vie n’est hors du champ politique. » Cet état d’esprit a crû (des années 1880 aux années 1930) dans l’idée d’une seule nation qui, ainsi qu’Aly l’écrit, « douche les masses de sécurité matérielle. », ce qui contraste à l’époque avec « l’idée libérale que les citoyens devaient être responsables de leur propre bien-être ». C’était une forme ancienne du gauchisme et non la version meurtrière que nous connaissons aujourd’hui, même parmi tant de catholiques. Pour le gauchisme plus récent, il n’y a pas de vérités ni d’actes intrinsèquement mauvais. La religion devient ce qu’une coterie veut qu’elle soit et, par définition, ce n’est plus du tout une religion.

Aly montre comment un certain nombre d’idées comme celle-ci sont devenues une couverture pour la propagation de l’antisémitisme de masse. De telles idéologies de masse ont constamment besoin d’être examinées parce qu’elles reviennent sous des formes nouvelles et menaçantes. Des idéologies telles que le matérialisme, l’Etat totalitaire et l’idéologie de l’avortement ne sont que quelques unes parmi les nombreuses idéologies qui nous restent. Il n’y a que ce que nous savons par la révélation et ce que l’on peut en déduire qui puissent servir de références adéquates pour ce réexamen.

Illustration d’un livre d’enfant allemand : « On ne veut pas de Juifs ici »
Aussi plausibles qu’elles puissent paraître, les idées des idéologies n’ont que peu de rapport avec la réalité et sont tout à fait hostiles à l’humanité authentique – essayez seulement de vous confronter à un idéologue et vous verrez comme ils sont hostiles ! La manière dont les sociétés reproduisent les idéologies (sauf si leurs citoyens sont prêts à les traiter avec vigueur) est le fondement de l’argument d’Aly selon lequel l’antisémitisme dans ses formes actives et passives est une idéologie de masse et non le lieu de quelques aliénés.

Cet aspect de masse repose sur la jalousie. La jalousie est, selon les mots d’Emmanuel Kant, « le sentiment que « notre propre bien-être est amoindri par le bien-être des autres ». » Il y a bien longtemps, saint Cyprien a écrit un livre sur la jalousie et en était arrivé à la même conclusion :

« Quel sorte de ver rongeur de l’âme est-ce, quelle infestation de peste de nos pensées, quelle rouille du cœur, que d’être jaloux de l’autre, que ce soit à l’égard de sa vertu ou de son bonheur ! C’est-à-dire, de haïr en lui ses propres mérites ou les bienfaits divins, de transformer les avantages des autres en son propre malheur. »

Dans ce cas, le « ce » est la jalousie. En Amérique aujourd’hui, il semble qu’il y ait de la jalousie dans une grande partie de notre publicité, dans le culte des célébrités, dans une grande partie du discours politique, surtout à propos de « l’inégalité ». Ce ne peut pas être clairement ciblé pour le moment, mais pourquoi appeler tout le monde à envier ?

D’autres tendances que piste Aly incluent par exemple l’acte d’auto-conditionnement par la société : « la stérilisation forcée et l’euthanasie ont fonctionné comme un acte d’auto-conditionnement, essentiel pour le meurtre en gros des Juifs ». La société allemande a traversé des étapes qui violaient de plus en plus l’humanité et qui ont conduit à l’extermination massive des Juifs. Dans quel but la tolérance de l’avortement conditionne-t-elle notre société ? Est-ce que le divorce et la contraception nous ont préparés à l’avortement ? Autant d’idéologies de masse qui sont meurtrières !

Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/the-culture-of-envy.html