La bouleversante quiétude de Marie - France Catholique
Edit Template
Van Eyxk, l'art de la dévotion
Edit Template

La bouleversante quiétude de Marie

Traduit par Pierre

Copier le lien

Toutes les civilisations, de tradition, ont connu leur âge d’or. Plus précisément, l’Histoire Juive nous cite la chute d’un état d’innocence et de bonheur à cause de la tentation de l’homme par une femme. Si une femme a tenu un tel rôle dans la chute de l’humanité, ne devrait-elle pas tenir un grand rôle pour la relever ? Et s’il y eut un Paradis perdu où furent célébrées les noces d’un homme et d’une femme, ne pouvait-on avoir un nouveau Paradis où serait célébrée l’union de Dieu et de l’humanité ?

En son temps, un Ange de Lumière descendit du grand Trône de Lumière vers une Vierge agenouillée en prière, lui demandant si elle voudrait donner à Dieu une nature humaine. Elle répondit qu’elle ne «connaissait pas d’homme» et donc ne pourrait être la mère de « Celui qu’espèrent les Nations ». Il ne saurait y avoir de naissance sans amour, en quoi cette jeune fille avait raison.

Une nouvelle vie ne saurait advenir sans le feu de l’amour. Mais hors la passion humaine qui engendre la vie, il y a « la paisible passion et la bouleversante quiétude » de l’Esprit Saint; c’est ce qui projeta Son ombre sur la femme et créa en elle l’Emmanuel, « Dieu avec nous ».

À l’instant où Marie déclara Fiat (qu’il en soit ainsi), se produisit un évènement plus important que le Fial lux (que la lumière soit) lors de la création; car la lumière qui survenait alors n’était pas le soleil, mais le Fils de Dieu prenant chair. En déclarant Fiat Marie prenait le rôle plein et entier de la féminité, devenant porteuse des dons de Dieu pour l’homme.

Il y a un accueil passif dans le Fiat adressé par la femme au cosmos dont elle partage le rythme, un Fiat adressé à l’amour de l’homme qu’elle reçoit, et Fiat adressé à Dieu dont elle reçoit l’Esprit…

Il est un élément d’incertitude dans l’amour humain. Les parents ignorent si l’enfant sera garçon ou fille, ou la dare précise de la naissance, car la conception se perd dans une nuit indéterminée pleine d’amour. Puis les enfants sont accueillis et aimés par leurs parents sans avoir été directement désirés.

Mais lors de l’Annonciation l’Enfant ne fut pas accepté de manière imprévue; l’Enfant fut désiré. Il y eut une coopération entre une femme et l’Esprit d’Amour Divin. Le libre consentement fut exprimé volontairement par le Fiat; la coopération physique fut librement exprimée par le même mot Fiat.

Les autres mères prennent conscience de la maternité par les changements physiques se produisant en elles; Marie en prit conscience par un changement spirituel forgé par l’Esprit Saint. Elle a vraisemblablement éprouvé une extase spirituelle bien plus grande que celle ressentie par l’homme et la femme lors de leur union dans l’acte d’amour. De même que la chute du genre humain résultait d’un acte libre, de même fallait-il que la Rédemprion résultât d’un acte libre.

Ce qu’on appelle Annonciation était en fait la demande de Dieu pour le libre consentement d’une créature pour participer à Son entrée parmi le genre humain. Imaginons un musicien d’orchestre jouant en toute liberté une fausse note. Le chef d’orchestre est compétent, la musique est correctement transcrite sur les partitions, et facile à exécuter, mais le musicien a toujours l’entière liberté d’introduire une fausse note qui s’envole aussitôt.

Le chef d’orchestre a le choix: ou bien il fait rejouer le passage, ou bien il ne tient pas compte de la fausse note. Ce qui, au fond, ne fait guère de différence, car la fausse note s’est envolée à plus de trois cents mètres par seconde, et, jusqu’à la fin des temps il y aura une fausse note dans l’univers. Existe-t-il une manière de rétablir l’harmonie de par le monde?
Ce ne serait possible que pour quelqu’un issu de l’éternité venant arrêter la note dans son vol vagabond. Mais sera-t-elle encore une fausse note? L’harmonie ne peut être brisée qu’à une condition. Si cette note est chargée d’être la première note d’une nouvelle mélodie, alors elle deviendra harmonieuse.

C’est précisément ce qui s’est produit avec la naissance du Christ. Une fausse note morale commise par le premier homme et contaminant tout le genre humain. Dieu aurait pu laisser faire, mais c’eût été de Sa part une injustice, ce qui, évidemment, est inimaginable.

Et donc, Sa démarche fut de demander à une femme, qui représentait le genre humain, de Lui donner bénévolement une nature humaine par laquelle Il rétablirait une nouvelle humanité. Alors qu’en Adam se trouvait un ancien genre humain, un nouveau genre humain poindrait par le Christ, Dieu fait homme par la libre intercession d’une mère humaine.
Par l’apparition de l’Ange à Marie, Dieu exprimait cet amour pour une nouvelle humanité. C’était le début d’un nouveau monde, Marie devenant en sa chair un « Paradis à cultiver par un nouvel Adam ». De même que dans le premier jardin Êve avait amorcé la destruction, Marie, dans le jardin de son sein, préparait la Rédemption.

Durant les neuf mois de son séjour en son sein, tous les aliments, froment et raisin dont elle se nourissait, constituaient pour Lui une espèce d’Eucharistie naturelle transmis pour qu’Il en dise plus tard qu’Il était le Pain et le Vin de la vie. À la fin des neuf mois, le lieu privilégié de Sa naissance fut Bethléem, dont le nom signifie « Maison du Pain ».

Lors de sa conception l’Enfant Divin reçut de l’être humain Marie les mains, les pieds, les yeux, les oreilles, un corps qui lui porteraient la souffrance. Tout comme les pétales de la rose se referment sur la rosée comme pour en absorber l’énergie, Marie, Rose Mystique, L’enveloppa de ses pétales, Lui que l’Ancien Testament avait décrit comme la rosée descendant sur terre.

Quand enfin elle le mit au monde, on aurait dit qu’un immense ciboire s’était ouvert, et elle accueillait entre ses mains l’Hôte qui était aussi le Maître du monde, comme pour dire: «Voici l’Agneau de Dieu; voici Celui qui enlève les péchés du monde.»

Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/12/08/marys-wild-tranquility/

Mgr. Fulton Sheen (1895 – 1979).

L’Immaculée Conception – Francisco de Zurbarán, 1632 (Musée national d’art de Catalogne)