L’imposante célébration de la béatification du « premier pape moderne », a mis en évidence l’importance du témoignage de Paul VI au moment où se tient le Synode sur la famille. On peut penser que le pape François, véritable disciple de Paul VI, veut équilibrer la rigueur et la miséricorde pour répondre aux attentes de notre temps. L’Église a montré en ce dimanche 19 octobre des forces dont elle disposait dans un monde traversé par des courants contradictoires de permissivité radicale et d’aspirations spirituelles incontestables.
Qui l’emportera ? Le Christ sollicite notre liberté que le Prince de ce monde veut asservir et chacun d’entre nous doit donner sa réponse qui décidera de son éternité. Les médias surexcités ne retiennent que les apparences le plus souvent trompeuses, mais le 19 octobre, chacun pouvait constater la majesté et la simplicité de l’enjeu.
De nombreux prêtres concélébraient avec le Pape sans quitter leur place sur le parvis et une authentique fraternité rassemblait des participants venus d’un peu partout. Autour de l’autel, des cardinaux et des évêques innombrables évoquaient le milliard de baptisés et les regards du monde partagés entre des sentiments contraires remplissaient les journaux. C’est dans les foules que l’on a la surprise de rencontrer ses amis. Cette fois-ci ce furent les frères de Saint-Jean qui animent à Rome une paroisse. La veille les sœurs de l’Agneau m’avaient accueilli et procuré la convocation nécessaire pour franchir les barrages.
Le pape François prononça des discours le samedi dans la soirée et lors de l’homélie dominicale. On en remarqua la fermeté. L’extraordinaire prestige de l’évêque de Rome est au service de sa mission que le cardinal Journet qualifia d’inouïe et elle est effectivement supra-humaine. Ajoutons que la présence discrète de Benoît XVI contribua à donner un ton particulier à cette béatification d’un pape qui connut hier tant d’oppositions et recueillit ce jour une gloire que son martyre lui avait méritée. Au fond, la sainteté qui prend tant de visages garde un trait permanent : c’est de surprendre ses contemporains par sa simplicité héroïque même sur le Siège de Pierre.
Songeons au séraphique Jean XXIII. Paul VI, intellectuel lyrique, avait d’autres trésors à faire valoir mais c’est le Christ dont on retrouvait le visage mystérieux.
P. de L. +
