La Grèce, un exemple. - France Catholique

La Grèce, un exemple.

La Grèce, un exemple.

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On pourrait penser, à propos de la crise grecque, qu’un sujet de conversation pour les Grecs serait la possibilité d’un nouveau sauvetage. Leur objectif est exporté ainsi vers les réunions de crise dans une Europe inquiète. Par quelque décision miraculeuse venue d’ailleurs, une aide de secours pourrait soudain survenir, et le système bancaire repartirait. Ce serait un premier pas pour un retour à la « normale ».

Pour eux, il est non seulement possible mais naturel de considérer que l’origine de leurs problèmes se trouve ailleurs, hors de leur portée. Le NON massif au référendum de dimanche dernier pourrait se comprendre comme un appel au secours, redisant aux secouristes qu’ils sont en train de se noyer, lancé pour le cas où ceux-ci l’auraient oublié.

J’ai suivi la crise avec plus de curiosité pour les nouvelles que d’habitude, lisant avec grande attention les informations de première main en provenance de Grèce. Pourquoi ? Je suis anxieux de voir ce qui arrive quand un État-Nounou s’effondre.

Ma sympathie pour les Grecs n’a guère besoin d’être exprimée. Je mesure combien de gens « relativement innocents » sont emportés dans le tourbillon. Leurs économies honnêtement constituées au cours de leur existence sont en péril, risquant d’être réduites à l’état de papier sans valeur.

Les commerçants ont soudain des clients sans le sou, et n’ont eux-mêmes pas les moyens de payer leurs marchandises. Des produits tels les médicaments ne peuvent plus être importés suite à la rupture du système de financement. Par exemple, les réserves d’insuline sont quasi-nulles. J’imagine les conséquences.

Mais l’Europe pourrait encore suivre. Même si les banques ont pris assez de coups, et n’en veulent plus dans un gigantesque effondrement (plus de cinquante milliards pour commencer), quelque chose se passera. Aussi soucieux de la Grèce que certains Européens peuvent l’être, ils ne sont pas sans cœur. Leurs dirigeants ne peuvent se permettre de sembler aussi indifférents devant la souffrance d’un pays qui retient tant l’attention des médias.

L’aide humanitaire suivra. On criera au scandale pour la lenteur et l’inefficacité des livraisons, mais il en est toujours ainsi. Les journalistes iront à la pêche aux anecdotes à briser le cœur. Leurs trouvailles pourront être montées en épingle.

Etrangement, tout ceci est le fait des hommes.. Pas de séisme, pas de raz-de-marée, pas d’éruption volcanique, même pas un simple ouragan. C’est un désastre national d’une espèce particulière, prévisible depuis quinze ans — depuis qu’un gouvernement socialiste a trafiqué ses comptes pour entrer dans la zone Euro.

En fait, la Grèce a une longue histoire actuelle d’irrégularités fiscales repérées et citées au fil du temps. L’hyperinflation susceptible de suivre le « Grexit » ne serait guère une première.

Comme me l’expliquait un ami Grec avec la naïveté qui rend les Grecs si attachants ou insupportables, « Les siècles sous la botte Ottomane nous ont enseigné une ou deux choses. La plus importante est qu’un échec vient toujours de la faute des autres. »

On pourrait cependant en dire autant d’autres nations. Le vieil Occident romain n’a jamais subi l’invasion musulmane [NDT : l’auteur a-t-il entendu parler de Poitiers, 732 – Joué les Toure, 733 – Reconquista de l’Espagne, 718 – 1492 ?] mais a appris l’art de rejeter la faute sur d’autres envahisseurs. C’est la nature profonde des « États-Nounou » de passer son temps à chercher des boucs émissaires.

Quand les doctrines vaguement socialistes des hommes politiques échouent à secourir les pauvres, même en accumulant des montagnes de dettes en temps de paix, ce ne peut être leur faute. Il faut vouer un autre au diable pour avoir dénaturé leurs bonnes intentions. « C’est le capitalisme qui est la cause de l’échec », et il ne reste qu’à punir les capitalistes, c’est à dire, tordre le cou à leur poule aux œufs d’or.

Bon, le problème grec étant posé, une question se pose : que va-t-il se passer s’il n’y a aucun sauveteur disponible ? Imaginons qu’il ne s’agit pas de la Grèce seule, mais de tout le monde occidental qui aurait réussi à se mettre dans le pétrin Grec.

Pour illustrer ce risque, rappelons que la dette des États-Unis s’élève à environ deux mille milliards de dollars, sans compter les nombreux engagements non couverts et autres traficotages comptables nuisibles. Et que l’Italie, l’Espagne et le Portugal sont en attente de passer au gibet à la suite de la Grèce, et que de petits pays comme l’Islande, l’Irlande et Chypre n’y ont échappé que parce que, étant tout petits, ils ont si gentiment crié merci.

Songeons aux distributeurs de billets vides, à la signature du gouvernement de même valeur que la monnaie des Sudistes [NDT : pendant la guerre de Sécession, les Sudistes ont émis une monnaie, dont le célèbre « dixie » (dix dollars)] et donc à une activité brutalement réduite à une économie de troc où les entreprises Grecques survivantes sont déjà engagées.

Imaginons combien de temps avant que les sociétés pharmaceutiques se lancent dans le troc insuline contre poulets ou flocons d’avoine. Le temps d’achever l’industrie pharmaceutique.

Et jetons un long coup d’œil sur les supermarchés aux rayonnages vides à l’exception des étagères du haut où ont été placés des produits non alimentaires.

Ou pensez à ce qui se passe quand le distribution d’électricité devient défaillante, les rares batteries se vident ; et les pompes à carburant se tarissent. Vous pouvez alors prendre la route à cheval, si vous en avez un et n’avez pas peur de vous faire tuer pour qu’on vous le prenne.

Et peut-être, cher lecteur, y a-t-il de l’or de côté, mais l’or, ça ne se mange pas (et, en général, l’or en question n’est souvent que du papier — devenu chiffon de papier.).

Tout ceci est à l’horizon de la Grèce, et au fond de nos pensées, nous le savons sans doute. C’est bien ce qui nous fascine.

Que va-t-il se passer ?

Qui accuserons-nous ?

Ce serait grave, très grave, d’envisager une telle catastrophe, aussi cruel que le monde puisse être. L’idée optimiste qu’un bien puisse en venir n’appartient qu’à ceux qui n’ont jamais vécu telle épreuve. Et ils seront morts avant.
Il est temps de se tourner vers Dieu. On aurait intérêt à se tourner maintenant vers la lumière quand viennent les heures sombres.

Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/07/10/greece-as-a-model/