La France se retrouve - France Catholique

La France se retrouve

La France se retrouve

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Dans la cour des Invalides, le vendredi 27 novembre, le chef de l’État a rendu hommage aux 130 personnes tuées par un commando d’islamistes le 13 novembre au Bataclan et au Stade de France. 2 000 personnes, familles des victimes, rescapés blessés, et personnel politique de toutes tendances ont entendu son ode à la vie, sobre et digne, rappelant que c’est la jeunesse et la France qui ont été visées par les assassins. Les chanteuses Camélia Jordana, Nolwenn Leroy et Yaël Naïm ont ensuite magnifiquement interprété la chanson de Jacques Brel «  Quand on n’a que l’amour… » tandis que défilaient sur un écran les portraits des jeunes victimes, avant que La Marseillaise ne soit entonnée.

En ce moment précieux d’unité, exprimant le deuil de tout un pays, la compassion pour les familles des victimes et l’esprit de résistance, on a vu apparaître en façade des maisons particulières, à Paris et partout en France, des drapeaux bleu-blanc-rouge. La réappropriation par nombre de citoyens de ce symbole naguère laissé aux sportifs, voire vilipendé par une gauche méfiante à l’égard du nationalisme, est un phénomène étonnant. D’aucuns l’ont expliqué par une nécessité d’«  incarnation  » [que le dessin de Chaunu ci-joint exprime magnifiquement] de notre unité retrouvée… D’autres ont fait remarquer que ce drapeau n’a retrouvé sa légitimité aux yeux des Français que parce qu’il nous a en quelque sorte été renvoyé par la terre entière. Nos trois couleurs ont fait l’ouverture de tous les journaux télévisés du monde et ont pavoisé de nombreuses et émouvantes manifestations de solidarité. Celles-ci nous ont montré, à nous qui avions tant de raisons d’en douter, que la France incarne toujours quelque chose d’universel. Cette universalité ne peut pas être réduite à des incantations «  républicaines  » qui expriment souvent un rejet de notre culture (on l’a vu quand l’association des maires de France, présidée par l’ancien ministre de droite François Baroin, a publié, le 18 novembre, un texte visant à bannir les crèches des mairies).

Dans le même registre, beaucoup ont été surpris, voire choqués du fait que le «  hashtag  » le plus utilisé par les internautes du monde entier au moment où on prenait conscience de l’ampleur du drame ait été «  PrayForFrance  ». Oui un « Priez pour la France » qui nous montre que la « laïcité à la française » n’est guère un produit d’exportation. C’est pourquoi nous avons mis à la Une de France Catholique, la semaine dernière, le logo qui reprenait cet appel, dans la langue où il a été diffusé à des millions d’exemplaires, et non pas [on nous l’a reproché] dans une traduction qui l’aurait vidé de cette signification internationale.

C’est dans le malheur que, bien souvent, on se rappelle enfin qui on est soi-même, quitte à n’en prendre vraiment conscience que grâce au regard d’amis étrangers.

Frédéric AIMARD