La Commission Junker - France Catholique
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La Commission Junker

Europe

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La grande innovation de la Commission formée par le nouveau président Jean-Claude Juncker est la création de sept postes de vice-présidents, encore appelés « supercommissaires ». Si l’on ajoute le président du Conseil, le Polonais Donald Tusk, et les trois « grands » qui n’ont pas besoin de positions spéciales dans l’exécutif pour compter, Allemagne, France et Royaume-Uni, nous arrivons au chiffre mythique de douze.

Le fonctionnement de la Commission était obéré par la dispersion des tâches qui finalement aboutissait à une concentration excessive des pouvoirs et de l’attention médiatique sur le seul président. Cela pouvait flatter l’ego de J.M. Barroso. La personnalité de J.-C. Juncker, à l’opposé, le poussait déjà à déléguer un maximum de responsabilités.

Il s’est donc adjoint un premier vice-président de poids, son « bras droit », en la personne de l’ancien ministre des Affaires étrangères néerlandais, Frans Timmermans, de surcroît social-démocrate, ce qui, comme au Parlement européen, accentue le caractère bipartisan du gouvernement de l’Union européenne. Ce poste n’est inscrit nulle part dans les textes. Au contraire la seule vice-présidence prévue par le traité de Lisbonne était celle du commissaire chargé des Affaires étrangères, seul désigné par le Conseil et non par le Président, en l’occurrence l’Italienne Federica Mogherini, également social-démocrate, qui se retrouve noyée parmi sept vice–présidents — et reléguée en dernière position !

Les cinq autres vice-présidences font abstraction de la nationalité d’origine puisque rien ne saurait expliquer qu’elles soient confiées à deux Baltes et un Finlandais, trois États géographiquement contigus, une Bulgare et un Slovène. Revanche des « petits » pays et des nouveaux venus. Mais (sauf la Bulgare) rien que des anciens premiers ministres : c’est du jamais-vu.

Comment exerceront-ils leur rôle de coordination sur des commissaires issus des « grands » pays et membres fondateurs comme le Français Pierre Moscovici, l’Allemand Gunther Oettinger et le Britannique Jonathan Hill, proches des chefs d’État et de gouvernement de leurs pays respectifs ? Ceci reste à voir. Plus généralement, comment s’organiseront ces « paquets de compétences » dénommés « clusters » ? L’avenir le dira.

Une ambiguïté demeure sur la monnaie unique : l’euro relèverait du portefeuille de l’un des vice-présidents, en l’occurrence le Letton, mais c’est sans compter que l’Eurogroupe a un président en la personne d’un Espagnol, Luis de Guindos.

La sagesse aurait été de fusionner les deux positions si des obstacles institutionnels ne s’y opposaient encore, puisque l’euro n’est adopté que par une partie des vingt-huit et qu’on ne peut envisager de laisser des pays non-membres de l’Union monétaire donner un avis et prendre des décisions y afférant.

La rationalisation de la Commission va de pair avec sa démocratisation, puisque les groupes parlementaires issus des élections européennes de mai dernier ont finalement imposé leur choix à la présidence de la Commission avec le respect des équilibres entre les trois principales formations, centre-droit (14), social-démocrate (8) et libéraux et réformistes (5), outre le conservateur anglais eurosceptique.

Le Parlement va d’ailleurs entendre en commission chacun des nouveaux commissaires avant de voter l’investiture. On n’en est pas là dans les parlements nationaux.