LA FOI QUI SAUVE - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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LA FOI QUI SAUVE

Béatification de Jean-Paul II

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Comme un défi à l’Eglise, Staline lançait : « le pape ! combien de divisions ? »

Et, quarante ans plus tard, rapporte Jean Offredo (RCF 30 04) Gorbatchev, évoquant l’effondrement du système soviétique, dit à Jean-Paul II : « sans vous, rien de tout cela n’aurait été possible».
Rapprochement significatif !

« N’ayez pas peur », fut le premier mot du nouveau pape. Il savait, pour l’avoir éprouvé lui-même, sous l’occupation allemande et l’oppression soviétique, que la peur des uns fait la force des autres et qu’au contraire, la foi peut déplacer des montagnes. Ainsi le jeune Wojtyla s’était-il tout de suite lancé dans une résistance intellectuelle et artistique. Pour sauver la Pologne, il fallait d’abord sauver son âme.

Comment ne pas rappeler ici la réflexion désabusée d’un prélat : « vous êtes naïf, mon pauvre ami, nous sommes condamnés à être laminés par le marxisme». Que ce prélat soit devenu évêque est rassurant : il a dû changer d’avis. Mais nous, endormis que nous sommes dans une inexplicable pusillanimité, ne sommes-nous pas interpelés, en-deçà de sa signification spirituelle, par la béatification de Jean-Paul II ? Voyant ce qu’a pu faire un homme seul, face à un formidable système d’intoxication, entendons-nous aussi l’appel lancé le 22 octobre 1978 : « n’ayez pas peur ! » Allons-nous rester muets face à la ruine de notre langue, aux caricatures de la peinture et de la musique, au dérèglement des mœurs et à la désinvolture généralisée, tout ce « fatras » de la pensée unique ? Ou croyons-nous à notre pouvoir ?

Ne l‘oublions pas en effet, quand l’Eglise béatifie, c’est d’abord l’homme, ou la femme, qu’elle couronne. Les saints sont des êtres accomplis, chacun dans leur genre C’est pourquoi le triomphe de Jean-Paul II intéresse tout le monde : il célèbre la victoire de l’homme sur la barbarie, un triomphe signifié dans la cellule d’Ali Agsa. Mais évidemment, pour les croyants, c’est bien plus encore. Le saint met mystérieusement en œuvre une puissance qui n’est pas la sienne. Ses gestes sont sans commune mesure avec les résultats qu’ils obtiennent, pas plus qu’avec la notoriété qui s’y attache. Dans la vie courante, a dit celui qui fut son secrétaire pendant quarante ans, Jean-Paul II était un homme ordinaire mais si étroitement relié à Dieu que même les plaisanteries, qu’il aimait, étaient comme un clin d’oeil de la tendresse divine. Savait-il que sa faiblesse, accentuée dans les dernières années, témoignait d’une force à déplacer les montagnes ? Mais la foi n’est pas son apanage. Celle des chrétiens d’aujourd’hui a besoin d’être bousculée… Il semble en effet que la crainte qui les paralyse n’ait pas épargné leurs convictions. Comment les croire assurés de détenir le secret d’une réussite annoncée ? Ils ne peuvent apporter au monde ce qui lui manque en restant prudemment cachés sous le boisseau. En vérité ils font trop souvent mine d’être d’accord avec ce que, secrètement, ils réprouvent. Ainsi naît l’opinion, le Big brother que nul n’ose plus contredire.

La béatification de Jean-Paul II sonne le réveil. Ce que j’ai fait, dit-il à chaque homme de bonne volonté, à ton échelle, tu peux le faire ; pour toi, comme pour moi, la grâce entraînera la raison au-dessus de ses moyens 1 et tu feras demain ce dont tu ne te croyais pas capable.

  1. L’expression est de Jean Guitton