L'union mystérieuse - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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L’union mystérieuse

Traduit par Claude

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« Rome ». Le lecteur modéré doit imaginer cette syllabe prononcée d’une manière soutenue et gaélique, comme si le son de la voyelle se prolongeait sans fin. Ii pourrait aussi rouler légèrement ses yeux.

Pour mes ancêtres les plus récents (comptant seulement ceux des 500 dernières années), rien ne pourrait être moins honorable. « Rome » était, malgré tout, la résidence de l’Antechrist, qui se faisait appeler « Pape – un titre qui méritait aussi une voyelle quelque peu prolongée.

Ma mère a eu une grande influence sur moi – j’ose dire qu’il en est de même pour d’autres- et bien qu’elle fut athée, elle faisait bien comprendre qu’elle était une athée Presbytérienne, voulant s’obstiner dans les anciennes coutumes, au moins pour plaisanter. On m’enseigna , sardoniquement, comment se moquer des Catholiques, avec un préjugé si pur que c’est risible.

Bon: je me souviens lui avoir rapporté que, selon une mignonne petite fille avec une frange et des nattes, membre d’une famille catholique nombreuse qui se partageait en permanence un rhume, j’irai en Enfer. La petite fille m’avait expliqué que c’était parce que j’étais Protestant. Elle avait (comme moi) à peu près le même âge que Béatrice, lorsque Dante la rencontra pour la première fois: à peu près huit ans. Cela m’était égal d’aller en Enfer, mais je regrettais qu’elle ne vienne pas avec moi.

C’était, ainsi que cela s’est trouvé, le premier de nombreux béguins qui m’ont révélés ma sensibilité catholique. En effet, et c’est étonnant, j’étais attiré presque exclusivement par des filles catholiques romaines. Cependant il y avait une explication rationnelle à cela: elles étaient régulièrement plus attrayantes.

Là je parle de la progéniture d’une génération maintenant évanouie: celle des foyers qui pratiquaient la foi latine, avant Vatican II. A cette époque, les femmes étaient des femmes. Elles avaient de longs cheveux, et possédaient des mantilles pour les couvrir, et allaient à l’église le dimanche matin dans les brumes matinales, vêtues de dentelles, flottant le long du chemin comme des anges. Je pouvais subir toutes insultes de leur part.

Maman avait, comme je l’ai suggéré, de l’humour. Elle est restée comme cela jusqu’à ce que j’ai cinquante ans, et, finalement, j’ai moi-même traversé la Tibre après avoir longtemps avant embrassé le Haut Anglicanisme, ce qui était en soi un scandale pour les élus protestants. Je l’ai déjà dit, mais cela vaut la peine de le répéter: J’ai appelé maman pour la prévenir que j’allai me convertir à la Sainte Eglise Catholique et Apostolique, avant qu’elle l’apprenne d’autres sources.

Elle déclara à l’autre bout de la ligne de haute distance « Mais, mais….ils mangent les bébés Protestants! »

Je répondis « Seulement à Pâques, maman » (Nous avons rit ensemble de façon hystérique).

Son choc était entièrement feint, comme était celui de mon père quand il prit le téléphone pour me dire de ne pas m’inquiéter à propos de maman, qu’il avait tous les remèdes nécessaires.

La plupart des catholiques traditionnels âgés, un terme utilisé maintenant pour les distingués de ceux du Nouvel Âge – se souviennent maintenant, avec un fond d’affection, des protestants de l’Ulster, effrontés, un foulard rouge autour du cou. Alors que souvent mortelle dans le passé, notre compétition cachait un peu de respect mutuel. Nous les admirons rétrospectivement. Nous nous souvenons qu’ils étaient de véritables croyants, qui auraient défendu leurs principes jusqu’à la mort.

De ceux là, je pense que, le principe les liant à travers les générations, était leur opposition à Rome.

Leur dureté se dégonfla seulement au cours de la dernière moitié du vingtième siècle, après la dernière guerre. Cela avait requis un niveau d’insularité gonflée qui à son tour nécessita une grande énergie pour pomper; jusqu’à ce que l’air commença à s’échapper par toutes les déchirures du tissu. Devant un monde, ou un occident moderne, qui est, dans sa nature, anti-chrétien, l’attitude devint, comme on dit « ironique ». Les papes Jean Paul II et Benoît XVI les inspirèrent.

Les chrétiens, au moins ceux de tendance orthodoxe, sont maintenant fondamentalement domptés. Nous resterons unis tous ensemble, et devrons être bien aimables les uns avec les autres tandis que nous attendons la prochaine montée triomphale du véritable lAntechrist. En raison de l’avance de la politique, au dépend de la religion, il y a maintenant plus de différence entre un libéral catholique et un conservateur catholique qu’entre un catholique sincère et un chrétien évangélique sincère.

Mon impression est que cela existe réciproquement entre Protestants « traditionnels » et « modernistes » en Occident. On rencontre encore des,pratiquants dans les zones rurales . Mais même là, la distinction est interne. Il y a ceux qui « acceptent le Christ comme leur Sauveur personnel », et ceux qui hésitent devant cette assertion. Ceux qui n’hésitent pas ressemblent aux catholiques traditionnels.

Et naturellement, leur sentiment instinctif est, comme le nôtre, de vouloir procréer. « d’être féconds , de se multiplier et de remplir la terre », ou les territoires laissés vides par les avortements, et avec la connaissance qu’une certaine proportion de nos propres enfants trahiront lorsque la route facile de la tentation matérialiste se fera jour.

Enfin, j’ai trahi deux fois, de l’athéisme et, ensuite, de l’Anglicanisme post-moderne, aspirant toujours à aller plus haut. En l’exprimant avec les nuances nécessaires, on traverse le Tibre de deux façons, en gravissant la passerelle, ou en descendant l’autoroute. Et soudainement vous êtes là, au coeur de l’Eglise que le Christ a fondé, et il n’y a rien de plus haut à escalader, si on exclu les Cieux. On est coincé au sommet de la colline.

J’ai réalisé ceci, très récemment, en écoutant un Catholique en colère qui disait qu’il allait quitter l’Eglise à cause du Pape François..

Je demandait « Exactement où pensez vous aller? »

Il avait l’idée de se déplacer latéralement, en fait de Rome à Constantinople.

Je me demandait «  Comment cela peut-il être satisfaisant? ». Car les humains dans l’Eglise Grecque ont également leurs faiblesses. J’ai dit qu’il vaut mieux soit rester et dire que monsieur Bergoglio devrait partir s’il considère que les enseignements que nous avons reçu sont inadéquates, soit prendre patience.

Ce sera pénible pour beaucoup de générations, comme cela a déjà été, comme cela sera encore, mais je présume que, dans une plus grande perspective, le vingtième siècle aura joué son rôle. En apparence, je suis désolé de le dire, c’est un gâchis horrible, et clairement humain. Mais en profondeur, les forces Chrétiennes qui demeurent sont mystérieusement unies.


Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/10/14/the-mysterious-coalescence/

Photo : Billy Graham et Saint-Jean-Paul II.

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David Warren est un précédent éditeur de » Idler magazine » et rédacteur dans le « Ottawa Citizen « . Il a une vaste expérience du Moyen et de l’Extrême Orient. Son blog  » Essays in Idleness  » peut être trouvé sur : http://davidwarrenonline.com/