L'indicible mystère de la crèche - France Catholique

L’indicible mystère de la crèche

L’indicible mystère de la crèche

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Il y a beaucoup à retenir de la querelle des crèches dans l’espace public. Comment interpréter, en effet, la farouche hostilité de ceux qui s’opposent à la présence d’innocents santons dans une mairie ? La distinction faite entre le cultuel et le culturel ne devrait-elle pas les rassurer ? Il ne le semble pas. Et d’une certaine façon je les comprends. La crèche de Noël n’est pas la simple représentation naïve d’une scène de la vie courante, en l’espèce d’une naissance. Elle renvoie à la centralité du mystère chrétien, résumé dans la formule de saint Jean : « Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous. » Ce bébé n’est pas n’importe lequel d’entre nous. Il est entouré d’admiration et de vénération, le chant des anges l’environne, les bergers sont accourus sur injonction du Ciel et les mages sont explicitement venus l’adorer, provoquant la panique d’Hérode. Il s’agit, tout de même, du plus grand événement de l’histoire du monde.

Mais, par ailleurs, il est une autre façon de considérer les choses, comme le cardinal Newman dans son sermon de Noël de 1837. Il insiste sur l’obscurité des premiers instants, l’humilité de la condition native de Jésus. Saint Jean ne dit-il pas également que « la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas reçue » ? Et Newman de prolonger sa réflexion : « J’affirme que le Christ, le Fils de Dieu sans péché, pourrait aujourd’hui vivre dans le monde comme notre voisin le plus proche, peut-être sans que nous le découvrions. »1 Parallèlement, ne pourrait-il pas y avoir une banalisation de la crèche, même exposée dans une mairie ? Parce que réduite à une sorte de symbolisme bien-pensant, dans un climat dit consensuel ?

Paradoxalement, c’est l’hostilité dont la crèche est l’objet qui oblige à la considérer autrement et de s’interroger sur l’identité de cet enfant enveloppé de linges. Le culturel renvoie à une interrogation supérieure. Celle-ci est d’un autre ordre, qui requiert, comme le dit encore Newman, d’ouvrir les yeux de l’intelligence, pour que le cœur soit capable d’approcher et de voir ici-bas l’indicible mystère du Verbe qui s’est fait petit enfant dans le sein de la Vierge sainte.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 24 décembre 2015.


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À la découverte du chemin des crèches

  1. Newman, Sermons paroissiaux, tome 4, Cerf.