«L'identité est la condition de l'ouverture » - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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«L’identité est la condition de l’ouverture »

L'archevêque de Paris nous écrit

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Loin d’une identité repliée sur elle-même ou d’une prétendue liberté détachée de tout fondement anthropologique, votre revue ne craint pas de porter le nom de la France, et qui plus est d’une France catholique. Vous assumez qui vous êtes pour le devenir davantage, et en creusant votre source vive, vous savez que vous trouverez non seulement de quoi nourrir votre esprit, mais aussi de quoi ouvrir votre cœur aux dimensions du monde. Aucune réflexion, aucune problématique vraiment humaine ne doit nous être étrangère. Être catholique dit l’appartenance à la Tradition vivante de l’Église épouse du Christ, Mater et Magistra, fondée sur la foi en Jésus ressuscité, vivifiée par les sacrements, la transmission de la Parole de vie et la succession apostolique. L’identité est la condition de l’ouverture et l’ouverture en retour la construit, comme l’arbre s’enracine au bord des eaux pour élever sa ramure et abriter les oiseaux (cf. Lc 13, 19). Vous alliez la fidélité à la doctrine révélée, fondée sur l’Écriture et la Tradition, à une profonde liberté intellectuelle. La contradiction n’est qu’apparente. Ce sont les racines qui donnent des ailes. « Qui n’amasse pas avec moi disperse », dit le Seigneur (Lc 11, 23). Sans loyauté envers l’Église, à temps et à contretemps, la parole chrétienne se dissout dans l’universel abstrait et finit par prendre les modes passagères de l’air du temps pour le signe certain du souffle de l’Esprit. Mais sans une curiosité audacieuse envers ce qui est beau, bon et vrai dans le monde, « hors les murs » de notre tradition propre, la pensée catholique finit par se refermer dans une réserve apeurée et ne plus irriguer la vie des hommes. Je souhaite à France Catholique, dans sa nouvelle version, d’être fidèle au sillon tracé par ceux qui ont façonné sa mémoire et contribué à son rayonnement. Puissiez-vous tenir cet équilibre entre l’identité et l’ouverture, l’ancien et le nouveau, l’Église et le monde, conscients que « tout scribe devenu disciple du royaume des Cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien » (Mt 13, 52). + Michel Aupetit, Archevêque de Paris, le 12 mars 2019