L'exemple de Richelieu - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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L’exemple de Richelieu

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La période difficile que traverse notre pays invite beaucoup de monde à interroger la fonction de l’État. L’État est-il en mesure de contrer la dépression économique, qui, d’ailleurs, n’atteint pas que la France ? L’Europe tout entière est accusée par le Fonds monétaire international de pénaliser sévèrement la croissance mondiale. Mais il faut croire qu’il y a un problème spécifiquement français, puisque de Jean-Luc Mélenchon à Arnaud Montebourg en passant par le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, on réclame un changement institutionnel décisif. Que je sache, en Allemagne ou en Grande-Bretagne comme chez la plupart de nos partenaires européens, peut-être à l’exception de l’Italie, il n’en est pas question. C’est donc qu’il y a un problème spécifiquement français, qui se pose sans doute depuis la Révolution.

Pourtant en 1958, le général de Gaulle a accompli une révolution avec la fondation de la Ve République, qui marque la prééminence de l’exécutif et la réorganisation du Parlement à l’enseigne d’une rationalisation qui passe outre aux incohérences du parlementarisme des précédentes républiques. Pour assurer la continuité de ce dispositif, encore faut-il qu’on ait foi dans la mission de l’État et que le peuple adhère à ses orientations fondamentales. De Gaulle s’inspirait d’un grand prédécesseur, qui est chez nous le fondateur de l’État moderne : le cardinal de Richelieu, ministre de Louis XIII.

En son temps, Richelieu avait dû relever l’autorité royale, en grande faiblesse après la mort d’Henri IV. Arnaud Teyssier rappelle dans une grande biographie (Richelieu, l’aigle et la colombe, Perrin éditeur) quels furent les principes du Cardinal, dont le premier était un dévouement total et exclusif au profit du bien public, le second la définition des grands objectifs essentiels à poursuivre coûte que coûte. C’est au prix d’une discipline rigoureuse, d’abord à l’égard de lui-même, que le Cardinal permit à la France de prendre la tête de l’Europe. Et en dépit des changements de régime, il demeure un modèle. Pierre Mendès-France aimait le citer : « Il est impossible de posséder la grandeur de la Royauté sans être sujet aux charges de ce bénéfice. » On doit transposer, mais il y a sûrement beaucoup à retenir de ce genre de leçon.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 9 octobre 2014.