L'enfant mort sur la plage - France Catholique
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L’enfant mort sur la plage

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Avec un jour de décalage sur le monde anglo-saxon, la presse française a donné beaucoup d’importance a la photo d’un enfant syrien de trois ans noyé dont le petit cadavre, encore adorablement émouvant, gisait sur une plage turque.

L’émotion est au maximum. Durera-t-elle ? L’indignation est à la hauteur de notre mauvaise conscience collective. 1 Cette dernière ne remplace pas une action efficace. La première des charités, ce serait de faire une bonne politique étrangère.

Or nos dirigeants politiques sont de mauvais stratèges. Ce n’est pas d’aujourd’hui. Ils l’avaient déjà été face à Hitler et à Staline. Quant à l’hydre islamiste, pour ne pas remonter plus haut, on peut évoquer, au XXe siècle, la politique anglaise, brouillonne, à l’égard des Arabes ou du Pakistan, celle, désastreuse, des Russes en Afghanistan, le lâchage, catastrophique à terme, du Chah d’Iran par les Américains… et les interventions, apocalytpiques, de ces derniers en Irak… A côté, on pourrait presque trouver que l’opération des Alliés en Libye, pour abattre un dictateur sanglant mais fantasque, a été un réussite, même si la suite politique n’a semblé intéresser personne et que le flux des migrants africains, victimes de passeurs odieux, en a été prodigieusement augmenté… Quant au gouvernement israélien et aux Monarchies arabes, par crainte du nucléaire iranien, ils ont fait le jeu de l’Etat islamique en Syrie, en Irak, au Yémen… sans se soucier plus que cela des mouvements de réfugiés. Et les Etats du Nord de l’Afrique se tiennent à carreau, essayant simplement de conjurer le sort. Pour ne rien dire du jeu compliqué à l’extrême de la Turquie.

Le problème pour nous est que le personnel politique occidental n’est pas d’accord sur des solutions dont, de toute manière, aucune n’est a priori possible sans un engagement américain. François Hollande et Laurent Fabius restent persuadés que le refus de Barack Obama de renverser Assad militairement est la raison du drame humanitaire actuel à la frontière sud de l’Europe. Ils s’aveuglent manifestement sur la prétendue modération de l’opposition islamiste hors Daesch. Alors que certains ne voient poindre le salut, sans trop y croire encore, que dans un éventuel coup de force irano-russe pour rétablir le régime syrien actuel dans des frontières défendables, et ainsi sauver ce qu’il reste des minorités non sunnites de cette ancienne mosaïque ethnique… Une solution dont les Eglises chrétiennes sur place s’accommoderaient, même si aucun responsable français ne veut les entendre.

En attendant, nous voilà confrontés à des réfugiés nombreux, mêlés de migrants encore plus nombreux, mêlés de futurs ou actuels islamistes probablement en nombre infime mais infiniment dangereux pour notre sécurité voire notre identité. Après s’être jetés à l’eau au péril de leur vie, beaucoup frappent maintenant à notre porte. On peut, comme les Hongrois tenter de les bloquer par des barbelés, ou comme les Grecs ou les Serbes, les réexpédier au plus vite vers l’Allemagne ou Calais… Tout cela paraît assez dérisoire.

Sauf miracle politique, on ne pourra pas éviter d’accueillir des centaines de milliers de gens qui feront que notre société ne sera plus vraiment la même. Car si on les rejette à l’eau, notre confort sera protégé un temps, mais nos raisons de vivre seront mises à mal. La démoralisation de notre société s’accentuera. Ce sera finalement une sorte le suicide de ce qui reste de nos valeurs (chrétiennes, laïcisées ou non).

A ce stade, qu’on me permette de donner un avis purement personnel. N’engageant pas le journal en tout cas. Aznavour propose de revitaliser tout un monde rural en voie de disparition par l’intégration des réfugiés dans nos « villages ». Il n’y avait qu’à regarder l’état du Limousin à l’émission « Des racines et des ailes » hier sur France 2 pour comprendre que ce n’est pas l’espace qui manque. D’autres voudraient qu’on intègre les nouveaux venus comme le fait, mieux que nous, une Allemagne dont le tissu urbain est beaucoup plus dense. Les familles de réfugiés accepteraient peut-être, encore que rien n’est moins sûr. Avoir Internet sur son téléphone, être à côté des centres administrations pour faire ses papiers, pouvoir retrouver des membres de sa famille ou de son quartier d’origine, prime sur toute autre exigence de confort ou d’intégration. Quant aux migrants économiques, ce n’est pas de cela du tout qu’ils rêvent en débarquant chez nous. Comment les tenir « prisonniers » à la campagne ?

Il faudrait pourtant à la fois ouvrir les portes pour éviter les drames, et maintenir la possibilité d’une phase intermédiaire : pour enquêter sur les nouveaux venus, les fixer, les trier, voire, si c’est possible, renvoyer ceux qui ne répondent décidément pas aux critères qui distinguent un réfugié politique d’un migrant économique et ainsi donner un message de fermeté qui pourrait plus ou moins être entendu de candidats au départ qui vont manquer terriblement à leurs pays d’origine, quand ce n’est pas à leur Eglise quand il s’agit de chrétiens.

  1. J’en vois qui battent leur coulpe sur le flanc de ceux dont ils n’apprécient pas les options politique. Jusqu’à accuser la « Manif pour tous » de ne pas descendre dans la rue pour les réfugiés ! Et pourquoi ne pas accuser les éleveurs en colère de détourner notre attention pendant que vous y êtes ?