L'affaire de la peine capitale - France Catholique
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L’affaire de la peine capitale

Traduit par Bernadette Cosyn

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Un groupe d’éditeurs catholiques a récemment publié une déclaration commune réclamant la suppression de la peine capitale. J’ai un grand respect pour eux, sans exception – j’ai écrit pour chacun d’entre eux à un moment ou un autre. Je ne suis cependant pas d’accord avec eux sur ce point. Et il pourrait être bon que je donne les éléments qui expliquent ma prise de position, partagée par d’autres.

Le plus important, c’est que le magistère de l’Église Catholique n’a jamais prôné la suppression de la peine de mort. Les évêques des États-Unis ont reconnu que la doctrine catholique a accepté le principe que l’État a le droit de de prendre la vie d’une personne coupable d’un crime d’une exceptionnelle gravité. Même le regretté cardinal Joseph Bernardin – à peine un conservateur – n’a jamais spécifié que chaque criminel avait le droit de continuer à vivre, et il n’a pas non plus dénié à l’État le droit, dans certains cas, d’exécuter le coupable. Jean-Paul II, bien qu’opposé à de nombreuses applications de la peine de mort, pensait de même.

Écoutons ce que dit Saint Augustin sur ce sujet : « …il y a des exceptions que l’autorité divine a autorisées à sa propre loi interdisant de tuer des hommes. Ces exceptions sont de deux sortes et se justifient soit par une loi générale, soit par une mission spéciale confiée pour un temps à un individu. Dans ce dernier cas, celui à qui on délègue l’autorité, et qui est comme l’épée de celui qui le commande, n’est pas responsable de la mort qu’il procure. Et de la même façon, ceux qui font la guerre par obéissance au commandement divin ou en conformité à ses lois représentent la justice publique ou la sagesse du gouvernement ; dans ce rôle, ils mettent à mort des gens foncièrement mauvais ; ils n’ont en aucune manière contrevenu au commandement ‘tu ne tueras point’ »(La cité de Dieu)

Augustin dit aussi que la peine capitale protège ceux qui l’encourent de pécher plus encore, ce qui risquerait d’arriver si leur vie se prolongeait.

Si cela ne suffit pas, considérez les pensées de Saint Thomas d’Aquin, le docteur angélique, sur ce thème. Citant l’Exode (chap 22) qui spécifie que certaines catégories de malfaiteurs ne seront pas autorisées à vivre, Thomas d’Aquin déclare sans ambiguïté que les législateurs civils peuvent mettre à mort en toute justice pour assurer la paix de l’État. Il trouve frivole l’argument qu’il faudrait conserver la vie aux meurtriers en espérant leur repentance, demandant combien d’innocents devraient mourir en attendant que les coupables se repentent. Alors que la peine capitale n’est pas justifiable comme acte de vengeance, selon Thomas d’Aquin elle se justifie pour améliorer la sécurité de la communauté en éliminant un dangereux malfaiteur et en dissuadant par l’exemple d’autres de faire de même ; c’est de plus un acte de justice, permettant l’expiation du péché du malfaiteur.

Saint Paul, dans son audition par Festus, déclare : « si j’étais un malfaiteur et si j’avais commis un acte méritant la mort, je n’essaierais pas d’y échapper. » (Actes 25:11). Très clairement, cela constitue de la part de l’apôtre des gentils une reconnaissance que l’État a droit de vie et de mort dans l’administration de la justice. Et quand nous rencontrons Paul pour la première fois (il s’appelle alors Saul), il participe à la lapidation d’Étienne pour blasphème.

Le pape Pie XII disait : « Dans le cas de la peine de mort, l’État ne dispose pas du droit de vie et de mort sur l’individu. L’autorité publique se limite plutôt à priver le coupable d’un bien qui est la vie en expiation de sa faute après qu’il se soit, par son crime, privé lui-même de son propre droit à la vie. »

Le catéchisme du concile de Trente, composé sous la conduite de Saint Charles Borromée, déclare : « Bien loin d’être coupable de violer ce commandement [Tu ne tueras pas], une telle exécution de justice est précisément un acte d’obéissance à cette loi. Car le but de la loi est de protéger et favoriser la vie humaine. Ce but est atteint quand l’autorité légitime de l’État s’exerce en prenant les vies coupables de ceux qui ont pris des vies innocentes. »

Aucun des personnages cités ci-dessus n’était sanguinaire. Tous auraient probablement été d’accord avec plusieurs papes modernes pour dire qu’il faut être très prudent, dans les conditions contemporaines, dans l’application de la peine de mort. Mais il est douteux qu’ils aient soutenu son abolition.

De fait, pour tout fils et fille de Dieu, c’est une grande grâce de connaître l’heure de sa propre mort, et cela nous donne l’opportunité de se mettre en règle avec Dieu qui nous jugera à notre mort. Beaucoup de gens ont peut-être été sauvé de cette façon grâce à la peine de mort. Qui sait ce qui serait arrivé si on leur avait permis de vivre plus longtemps et peut-être de tuer d’autres personnes ?

Et il y a les autres effets inattendus. Frank Sheed, le grand évangéliste catholique converti, a écrit un livre intitulé The Map of Life (La carte de la vie). Dans une édition de ce livre, il a ajouté l’histoire d’un homme condamné à mort. Après avoir lu le livre de Sheed, cet homme lui a écrit que, si ce qu’il disait dans ce livre du ciel et du pardon des péchés était vrai, alors il préférait être exécuté, bien que l’État lui ait proposé d’être gracié, car alors il irait au ciel comme converti catholique.


Le père C. John McCloskey, historien de l’Église et chercheur à l’institut Foi & Raison, écrit depuis Menlo Park.

Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/03/16/the-traditional-case-for-capital-punishment/