L’OMS et les droits de l’homme - France Catholique

L’OMS et les droits de l’homme

Traduit par Yves Avril

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Un cardinal allemand a récemment contesté d’une manière plutôt fâcheuse l’importance pour les Occidentaux de ce que les évêques africains ont à dire – au moins lorsqu’il s’agit de sujets comme le mariage et la famille. Son mépris sans délicatesse des voix africaines, une source de grave embarras même s’il n’est pas motivé par un racisme pur et simple, a suscité un peu partout une prompte condamnation.

A leur manière propre (moins remarquée) l’Organisation mondiale de la santé (OMS ou en anglais WHO) et l’UNICEF ne désireraient rien de plus que d’étouffer les voix des évêques africains qui ne cessent de défendre avec audace les droits fondamentaux de l’homme. Comment d’ignorants et aveugles ecclésiastiques africains osent-ils résister à leurs plans camouflés de contrôle des naissances ? Ne savent-ils pas que des causes désespérées appellent des mesures désespérées – que des campagnes clandestines de stérilisation des femmes sans les en informer sont justifiables et même louables, et non une obscène transgression des droits de l’homme ?

Tous les évêques du Kenya ont, individuellement, en signant au début du mois une déclaration remarquable, accusé l’OMS de sponsoriser justement ce genre de stérilisations clandestines – non pas d’une manière « franche », mais indirectement par le moyen d’une campagne de vaccination contre le tétanos. Ce n’est pas un vaccin antitétanique normal, mais ce qu’on appelle un « vaccin régulateur de fertilité ».

Voici comme cela marche : le vaccin est intentionnellement manipulé pour contenir l’hormone de grossesse HCG (gonadotropine chorionique). Cela ne fait pas partie d’un vaccin antitétanique standard, et cela ne se trouve pas là par accident. Résultat, le corps apprend à interpréter comme hostile la présence de cette hormone, exactement comme si c’était le signe du tétanos.
Ainsi quand une femme devient par la suite enceinte et que cette hormone se manifeste, le corps réagit contre parce que le vaccin l’a programmé pour le faire ; résultat final : fausses couches constantes et par suite infertilité. On traite la grossesse comme une maladie !

Les vaccins ont été l’un des outils les plus importants pour combattre la maladie ; les utiliser pour attaquer la vie humaine est vraiment une chose perverse. Bien que provoquer l’infertilité soit l’objectif, cela ne produit pas l’effet souhaité instantanément –même dans le cours d’un plan normal antitétanique. Pour que cela marche, il doit être administré à doses multiples (5) étendues sur un intervalle de six mois, en gros et sans nécessité le double d’un programme typique de vaccin antitétanique.

Avant de faire une déclaration aussi explosive, les évêques du Kenya ont fait leur travail, c’est-à-dire tester plusieurs exemples de vaccins. Tous les tests (pratiqués aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du Kenya) indiquaient qu’il s’agissait en réalité de vaccins régulant la fertilité. L’OMS – avec le gouvernement kenyan – démentit avec acharnement ces accusations. Si bien que quelqu’un ment (ou au moins se trompe).

La déclaration mesurée et pourtant efficace des évêques du Kenya semble crédible, particulièrement parce que ces mêmes types de campagnes frauduleuses provoquant l’infertilité se sont produites partout (Amérique latine, Philippines) dans les dernières décennies. Maintenant ce serait peut-être le bon moment pour mentionner que ce type de vaccin a été pour la première fois développé il y a vingt ans – par l’OMS.

La déclaration des évêques kenyans devrait faire les gros titres des medias internationaux. Après tout, les medias devraient être trop contents de sauter sur une occasion qui leur permettrait d’attaquer l’ignoble exploitation capitaliste. Nous appelons à nous rappeler avec horreur les stérilisations forcées qui ont eu lieu dans ce pays au début du XXe siècle, et à reculer de dégoût devant les stérilisations forcées qui ont eu lieu par millions en Inde dans les années 1970.

Jamais plus, disons-nous. Ainsi on pourrait penser que les institutions « progressistes » de développement international « humanitaire » s’efforceraient de conserver toujours semblables abus dans leur rétroviseur. Et pourtant cette forme d’antihumanisme est demeurée obstinément récurrente. Certains se sont même opposés à l’usage du DDT pour contenir la malaria, précisément parce que c’était tellement efficace pour sauver des vies !

Gardant à l’esprit cette tendance souterraine d’antihumanisme, il n’est pas sans importance que l’Eglise catholique se dresse pour défendre les droits fondamentaux de l’homme. Beaucoup d’observateurs désinvoltes peuvent considérer cela comme paradoxal, car l’Eglise catholique est de plus en plus présentée comme un obstacle aux droits de l’homme dans les pays (comme le nôtre) envahis par un fondamentalisme idéologique inhumain. Des pays où, par exemple, l’attachement à une conception traditionnelle du mariage est absurdement condamné non seulement comme une violation des « droits » – parce que par définition cela exclut les membres du même sexe – mais comme un équivalent du racisme.

Et pourtant la plupart des gens, oserais-je dire, instinctivement saisissent qu’attirer les femmes africaines par la promesse de les protéger contre le tétanos, tout en s’assurant qu’elles deviendront infertiles, est une énorme contravention aux droits de l’homme. Ainsi si les évêques kenyans ont raison dans ce cas, ne pourrait-on pas également mettre en doute le reproche qu’on fait à l’Eglise d’être d’une façon ou d’une autre contre les droits de l’homme également dans d’autres contextes ?

Et nous devrions par la même occasion revisiter aussi la conception des droits de l’homme qui pousse les autorités occidentales à envoyer en Afrique des conseillers étrangers en « rééducation » dans le but d’affaiblir la résistance à des « avancées » comme celle du « mariage gay ». Cette conception paraîtrait plus difficile à défendre, même si on y était incliné, quand des esprits d’élite de ce type s’engagent dans la suppression clandestine de membres d’une autre race.

C’est, je pense, une des raisons pour laquelle cette histoire n’a pas fait beaucoup de vagues : mieux vaut ne pas creuser trop profond, sinon toute la Wetschauung pourrait s’effilocher. Et quand c’est « on line », qu’est-ce qu’une atteinte de plus des droits de l’homme ?

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Matthew Hanley travaille au NCBC (Centre national catholique de bioéthique). Avec Jokin de Irala il est l’auteur de Affirming Love, Avoiding AIDS ; What Africa Can teach the West [« Affirmer l’amour, éviter le Sida : ce que l’Afrique peut apprendre à l’Occident »], qui a obtenu récemment le prix du meilleur livre de l’Association de la presse catholique. Les opinions exprimées ici par M. Hanley ne sont pas celles de la NCBC.

22 novembre 2014

Source : http://www.thecatholicthing.org/2014/11/22/who-is-for-human-rights/