L’Esprit révèle qui nous sommes - France Catholique

L’Esprit révèle qui nous sommes

L’Esprit révèle qui nous sommes

Copier le lien

Pie XII et Jean Paul II se sont tous les deux lamentés sur notre « perte du sens du péché ». Dans l’abstrait, c’est un concept surprenant ; à un niveau personnel, c’est obsédant. Mais est-ce que nous comprenons vraiment le phénomène ? Et nous-mêmes, sommes-nous libérés des schémas qui en amènent la perte ? En ce qui me concerne, je suis de plus en plus conscient du besoin continuel que j’ai d’invoquer l’Esprit, non seulement pour qu’Il nous guide, mais pour qu’il nous révèle qui nous sommes vraiment.

Des politiciens et des célébrités de premier plan, n’ont souvent pas honte de leurs opinions publiques et de leurs vies privées. Aussi semble-t-il pour le moins juste de présenter leur style de vie comme un avertissement aux les autres : les actualités qui racontent qu’une pop star riche et ostentatoire, bataille amèrement pour un nouveau divorce et la garde des enfants. Etc…

Pour ceux d’entre nous dont c’est l’affaire de se convertir du péché, il nous est facile de repérer sur la route, le croisement où ces personnes ont choisi le chemin de l’immoralité. Dans un cas semblable, une célébrité a admis qu’elle avait quitté l’Eglise catholique pendant son adolescence, quand elle s’était retrouvée en train de se moquer de l’idée que quelqu’un puisse être condamné à l’enfer à cause d’ un seul désir impur volontaire. Le refus de se repentir de cette attitude l’a entraînée dans une vie de débauche sexuelle.

Cela ne surprendra pas un vrai esprit catholique : nous devenons ce que nous choisissons librement de devenir. Mais sommes-nous vraiment conscients de ce que nous sommes devenus ?

Tous,- d’une manière ou d’une autre,- nous avons des programmes personnels et professionnels exigeants. Un programme peut mettre nos vies en valeur par la direction qu’il fait prendre à nos vies professionnelles (et de loisirs). En exécutant nos activités selon un programme, souvent nous expérimentons un sentiment positif d’accomplissement de soi. Mais quand nous sommes bousculés par les distractions, nous rognons souvent dans les coins et dans certaines choses pressées, alors qu’habituellement, nous avons de la patience pour accomplir les grandes choses telles que réaliser à temps une grande tâche.

Nous nous découvrons bien plus impatients devant les « petites choses » – ces obstacles inattendus qui interrompent une routine ou un agenda quotidiens « importants ». Egalement, quand nous sommes pris en « embuscade » par des intrus (vendeurs, plomberie cassée, panne électrique, et choses du même genre) nous nous sentons volés de notre précieux temps, et l’impatience gonfle en nous.

En particulier, il est facile de voir une telle impatience sur la route : quand nous nous infiltrons dans le trafic à une vitesse dangereuse. Sous le coup de l’impatience, nous voyons toutes les voitures devant nous comme un ennemi qui retarde notre avancée. La voiture bien sûr, n’est qu’un objet inanimé, un corps sans âme. C’est un monstre qui doit être vaincu par des queues de poisson et des écarts. Certains conducteurs sont des connards parce qu’ils conduisent trop lentement. D’autres le sont parce qu’ils prennent la place de parking qui nous revient.

Dans un moment de plus grande sobriété, nous pourrions admettre que ce ne sont pas les autres conducteurs qui sont les connards. C’est nous. « Toi, l’hypocrite, commence par ôter la poutre qui est dans ton œil, ensuite, tu y verras clair pour enlever la paille dans l’œil de ton frère. (Matthieu VII 5). Mais ce n’est que le début de l’histoire, car un modèle d’impatience et de rancune comme ceux-ci peuvent vraiment aboutir à une fin monstrueuse.

Sous cet éclairage, nos histoires d’enfance ne sont plus amusantes, et deviennent des avertissements : De cette manière, Dieu nous parle à travers les évènements de notre vie. A la fin des années 70, après la remise des diplômes d’université, deux de mes amis sont partis en voiture pour la Californie chercher du travail. Pendant un long parcours sur une route à deux voies, ils se sont retrouvés derrière un vieux couple, dans une voiture très lente.

Au moment approprié, et en respect du code de la route, ils ont dépassé cette voiture, et ont continué leur chemin sur la grand’ route pendant un certain temps. Puis, à un horrible moment, un conducteur ivre leur est rentré dedans de plein fouet. Mes amis ont été gravement blessés. Mon colocataire d’université a eu les jambes écrasées, mais est resté conscient tout le temps. Son copain qui conduisait était inconscient, et saignait abondamment alors que le volant lui écrasait la poitrine. Il suffoquait et était en train de mourir.

L’accident devait être horrible à voir. Mais la voiture où se trouvait le couple âgé est arrivé sur la scène. La dame est sortie de la voiture, est venue jusqu’à la fenêtre de l’épave et a regardé à l’intérieur. Elle s’est mise à sermonner : « Voilà, cela vous apprendra à conduire aussi vite. » Elle est retournée dans sa voiture et ils sont partis. L’ami survivant m’a raconté cette sombre histoire après avoir passé presque un an à l’hôpital.

A l’époque, c’était un sujet pour faire de l’humour noir. Mais à mon avis, aujourd’hui il n’y a pas matière à en rire. Cet incident me fait me demander comment il a pu être possible pour un couple âgé – probablement tout à fait adulte – de manquer du moindre sens de la décence et de la compassion face à une souffrance humaine horrible. C’est une pensée troublante : il n’y a pas de limite d’âge à notre capacité d’aveuglement et d’inconscience.

Mais peut-être est-il utile de nous rappeler notre tendance à éviter de voir en nous l’évidence : longue habitude d’ingratitude, arrogance, égoïsme, satisfaction de soi – tous ces vices que l’on se dissimule facilement à soi-même. Il y a des monstres dans le monde, et en nous-mêmes. C’est nous-mêmes qui parfois sommes les monstres.

Cela vaut la peine, souvent, d’invoquer le Saint Esprit et de faire un inventaire de qui nous sommes, et de comment nous sommes devenus ce que nous sommes. « Qui peut comprendre les péchés ? De mes fautes secrètes purifie-moi O Seigneur. (Psaume 19 : 12)

Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/05/22/the-spirit-reveals-who-we-are/

Photo : Ralentissez !